Je suis vert.
Non, pas écolo, soyons sérieux. Vert de rage, parce que je viens de débusquer un plagiat honteux, et que personne, critiques ou spectateurs (sauf un), ne s’en aperçoit. Évidemment, quand il s’agit du « Canard Enchaîné », je ne suis pas surpris, ces gens ne connaissent rien au cinéma. Mais les autres journaux ? Et c’est encore ce pauvre Claude Chabrol qui trinque, puisque « Naomi » recopie à 90 % le scénario de « La femme infidèle », qui n’est pourtant pas un obscur navet resté ignoré, mais l’un des trois chefs-d’œuvre de cet excellent cinéaste. Tout y est : un mari découvre que sa femme, plus jeune que lui, a pris un amant ; il va discuter avec l’amant, et la conversation reste de bon ton, jusqu’à ce que le pauvre homme n’y tienne plus et tue son rival. Puis il emballe le corps dans un tapis, le charge dans sa voiture et s’en débarrasse. Après cela, lui et sa femme ne disent pas un mot à propos du disparu. La seule modification réside dans la scène de fin : la mère du meurtrier, qui est au courant, meurt en laissant une lettre où elle s’accuse, et le crime restera donc impuni. Scène ridicule, soit dit en passant, puisque la lettre a été envoyée à un ami policier de l’assassin, qui débarque chez lui et lui déclare tout de go : « Tiens, à propos, ta mère est morte et elle m’a laissé une lettre. Je vais te la lire »... tandis que le fils ne réagit absolument pas !
Je disais plus haut que Chabrol écopait une fois de plus, mais je suppose que, la fois précédente, il l’a su et s’est marré en douce. Il s’agissait de son meilleur film, « Le boucher », et Anne Fontaine lui avait piqué, non pas 90 % du scénario, mais la totalité ; jusqu’à l’idée de faire interpréter l’assassin par un acteur comique, Benoît Poolvoerde succédant à Jean Yanne. Oui, mais Anne Fontaine « a la carte », comme on dit, et nul n’avait dénoncé le forfait.
Bien entendu, le générique de fin se garde bien de rendre hommage à Claude Chabrol : il affirme que le film est l’adaptation d’un roman israélien de la scénariste – dont je m’abstiens d’écrire le nom –, « Radioscopie d’un adultère ». Et l’on voit bien qu’entre un adultère et une femme infidèle, il n’y a rien de commun. Elle est bien honnête, cette scénariste !
Le film a été présenté dans douze festivals et le sera encore dans trois autres, mais, apparemment, personne n’a relevé le pompage digne des Shadoks. En tout cas, je lui collerais bien la noté ZÉRO, si la chose était possible ici !