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Un visiteur
4,0
Publiée le 26 juillet 2012
Loin de ses lourdeurs racistes et naïvement propagandistes, mais toujours aussi génial en terme d'innovations créatrices, Griffith signe un beau mélodrame avec ce "Lys brisé", d'une douceur surprenante et d'une sobriété remarquable. La mise en scène intelligente et le talent de Lilian Gish parachèvent la réussite du film.
Contrairement à Tête de Radio, je ne trouve pas caricaturaux les personnages (le tort en reviendrait d'aillleurs à Burke, dont la nouvelle "The Chink & The Child" tirée du recueil "Limehouse Nights" a inspiré le film), ni que l'apport de Griffith à la grammaire du cinéma soit douteux. Evidemment que Lillian Gish crève l'écran comme dans tous ses films, mais Barthelmess est 1 Chinois tout à fait crédible, sans grimage excessif vu son physique naturellement 1 peu asiatique (voyez-le dans "A Travers l'Orage" du même Griffith, avec la toujours sublime Lil). Rien que la trogne de Donald Crisp en père alcoolique & violent suffirait à le rendre crédible, mais ce vétéran griffithien, qui créera plus tard sa propre boîte de production, savait incarner un type humain en pantomime. Le combat de boxe est admirablement filmé, gros plans sur poings & travellings en diagonale, & le montage alterné, marque de fabrique de D. W., intensifie l'action en liant la rage du père boxeur à la découverte de Lucy chez Cheng Huan par l'espion. Une des 1ères apparitions de la boxe dans 1 fiction, il ne m'étonnerait pas que Scorcese s'en fût souvenu pour "Raging Bull". A vérifier... Si l'on ajoute cela au plan d'intérieur soir de la fumerie d'opium, comme suspendue en lévitation dans d'oniriques volutes, où la déréliction progressive du Chinois idéaliste est perceptible par de beaux flashes-back, & le magnifique plan de la jonque quittant le port, qui encadre le film, l'apport à une certaine forme poëtique de cinéma est évident. Je ne m'attarderai pas sur les expressions horrifiées de Lillian, où ses yeux immenses s'écarquillent parfois dans un éclat presque blanc, je me répèterais pour chacun de ses films. Mention spéciale tout de même pour la scène du placard, qui me semble le prototype de celle de "Shining" - sauf qu'ici, une seule femme suffit à incarner la mère & l'enfant. & elle a inventé tte seule le fameux pseudo-sourire dessiné avec ses doigts en V. Que faut-il de pour 1 mythe ?