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inspecteur morvandieu
39 abonnés
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1,5
Publiée le 11 août 2024
Le bistrot parisien "Au p'tit zouave" que tient Robert Dalban est le seul décor du film. Gilles Grangier en fait une scène de théâtre; on ne s'étonnera donc pas que les nombreux interprètes et personnages y jouent et s'y tiennent comme au théâtre... Grangier croit-il ressusciter le cinéma populiste de Julien Duvivier, voire, à la fin, dramatisée jusqu'au grotesque, l'inspiration Carné-Prévert d'avant guerre? Toujours est-il que ses personnages populaires, d'un côté ou de l'autre du comptoir, sont des figures caricaturales et archétypales dépourvue de la moindre authenticité. Tant que les bribes d'histoires des visiteurs et les conversations entre clients introduisent un peu d'humour en même temps que le langage de la rue, sans se prendre trop au sérieux, on veut bien leur prêter un peu d'attention. En revanche, quand le réalisateur prétend introduire de la gravité et de la "psychologie", il dévoile ses limites de cinéaste et tout ce que sa mise en scène peut avoir de lourdingue. C'est à l'image de l'intrigue subalterne du "tueur sadique à la bouteille de lait" qui sévit dans le coin et dont on a l'écho à l'intérieur du bistrot. Outre que sa résolution produira la séquence la plus stupide du film, Grangier, avec ses gros sabots, fait porter les soupçons sur chacun des personnages qui a un mot équivoque ou une mine suspecte... En résumé, le sujet était une bonne idée; malheureusement, ses auteurs n'avaient pas le talent requis.
Un petit film soigné où l'on retrouve une belle équipe d'acteurs dirigés de main de maitre par Grangier. Il nous fait rentrer dans l'intimité des habitués d'un petit bar quelques peu perturbés par l'arrivée de deux nouveaux clients. on est tout de suite dans l'ambiance, le scénario distille avec efficacité un suspense par petites touches agrémenté de dialogues hauts en couleur.
Étonnant,un film ou il y a 3 fois plus à entendre qu'a regarder. Un film sans aucune vraisemblance et que l'on peut qualifier sans se tromper de comédie policière fantastique. Un film ou chaque personnage forme un tout à lui tout seul sans que le réalisateur prenne soin de rendre l'ensemble un peu cohérent. Un film fou ou seuls les chats et un poisson rouge sont authentiques. Hé bien! Malgré tout ça,on passe un chouette moment grâce à l'ambiance du petit bistrot,aux dialogues passionnants à écouter et au jeux formidables des acteurs. Cela aurait pu être du théâtre mais l'intimité entre tous ces personnages et les spectateurs n'aurait pas joué et c'est la raison majeure qui fait pardonner à Grangier tous ses excès. Quand même,il a fait fort:un patron de bistrot qui ne fait jamais payer personne,une prostituée qui tombe amoureuse en 5 minutes,une cliente de l'hôtel belle et pure comme le jour mais plus naïve qu'une enfant,un malade mental à la verve d'un grand avocat,un croque mort qui ne pense qu'à tuer sa belle soeur,un marchand de légumes méchant comme une teigne et qui ne pense qu'à picoler,un inspecteur de police sorti d'un roman de kafka et les 4 autres protagonistes du même niveau caricatural...La palme revenant à Fernande ,la petite servante , seul personnage aimant la vie et l'amour mais dont personne ne prête attention.
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3,0
Publiée le 28 juillet 2024
« Au P'tit Zouave » , ce petit cafè parisien populaire du 15ème tout ce qu'il y a de tranquille et de convenable avec sa bonne clientèle de quartier! Le genre pension de famille où toutes les journèes se ressemblent avec ses habituès, son coup de blanc et ses joueurs de belote! Des gens modestes qui se contentent de ce qu'ils ont! Malheureusement il y a du sang à la une : un nouveau crime de celui que la presse nomme « l'homme à la bouteille de lait » vient de mettre en èmoi un nouveau quartier de la capitale avec le meurtre par strangulation d'une vieille fille, victime du sadique! En voilà donc une vilaine affaire [...] Une histoire policière sur fond d'amour impossible, narrèe à la manière d'un huis-clos! La mise en scène de Gilles Grangier est bonne, elle est bien aidèe par tous ces acteurs français d'antan, de Robert Dalban à Annette Poivre en passant par Bernard Lajarrige et surtout par la charmante Dany Robin, prèsentèe comme la plus belle ingènue des annèes 50! Le type même du drame / policier populaire avec ces dialogues ciselès! A dècouvrir...
Dans l’esprit de beaucoup la carrière de Gilles Grangier se résume à sa seule collaboration de douze films avec Jean Gabin qui en avait fait son réalisateur fétiche devant d’autres plus prestigieux comme Jean Renoir, Julien Duvivier, Marcel Carné, Denys de La Patellière ou autres Jean Delannoy. Certains un peu pisse-froid affirmant que l’acteur alors dans sa deuxième partie de carrière beaucoup plus conformiste avait choisi Gilles Grangier pour sa docilité. Pourtant parmi les douze films en question une large moitié sont d’excellente facture avec en point de mire « Le cave se rebiffe », « Le désordre et la nuit », « Archimède le clochard » ou encore « Le sang à la tête » En vérité Gilles Grangier qui avait été tout d’abord assistant à une vingtaine de reprises sous la direction de Sacha Guitry, Georges Lacombe et Anatole Litvak aura réalisé 52 films dont 23 avant sa rencontre avec Gabin. Dix-neuf de ces films ont dépassé le million d’entrées dans les salles. Ils ne sont pas si nombreux dans le cinéma français d’Après-Guerre, les réalisateurs à pouvoir afficher un tel palmarès. Cet avant-propos afin de replacer Gilles Grangier à sa juste place qui n’est pas si anecdotique. « Au P’tit zouave » tourné en 1949 fait justement partie de ces films avant-Gabin montrant le savoir-faire d’un réalisateur alors âgé de 39 ans ayant déjà une solide technique. Sur un scénario original de l’expérimenté Pierre Laroche, Grangier livre sur fond d’enquête policière une étude de mœurs sur le Paris du quartier de Grenelle que connaissait parfaitement Pierre Laroche pour y demeurer lui-même. Un tueur de vieilles filles argentées sévit dans l’environnement du P’tit Zouave tenu par Armand Billot (Robert Dalban) qui a trouvé le patronyme de son établissement en puisant dans son passé militaire au sein de l’infanterie coloniale. Patron fort en gueule mais plutôt bon bougre comme on disait à l’époque. Une des deux petites chambres en location héberge une jeune femme (Dany Robin) plutôt sauvage et d’allure stricte qui attise les ardeurs des clients de tous âges auxquels elle n’offre que ses refus. Avec un œil amusé mais aussi très perspicace et acéré, Grangier brosse le portrait d’une époque désormais révolue où les petites gens pouvaient encore se loger dans la capitale en agrémentant comme le cafetier et quelques-uns de ses clients l’ordinaire de petites combines frauduleuses. Portrait certes pittoresque mais aussi lucide sur une nature humaine qui ne rechigne pas toujours à se laisser aller à une certaine médiocrité. L’arrivée soudaine au sein de la communauté d’un jeune homme (François Périer) aux bonnes manières et semblant ne pas manquer d’argent va bouleverser la routine quotidienne notamment par sa proximité avec la jolie Hélène (Dany Robin). Parallèlement un commissaire taciturne et mystérieux (Paul Frankeur) investit lui aussi les lieux. L’ambiance se tend pour donner au film sa tonalité policière. « Au p’tit zouave » empruntant le genre du huis-clos parfois périlleux franchit avec souplesse l’obstacle grâce à la dextérité de son metteur en scène et à la conviction apportée par la brochette d’acteurs qui l’accompagnent (mention à François Périer et à Henri Crémieux très convaincants). Près de cinq ans avant sa rencontre avec celui qui allait le projeter sur le devant de la scène, Gilles Grangier montre que Jean Gabin n’avait pas jeté son dévolu sur sa personne par hasard.
Ce P'tit film retro du Paris gris de la rue Grenelle se regarde avec une certaine nostalgie du cinéma noir & blanc, soutenu par une musiques à l’accordéon et des dialogues finement ciselés. Le scénario est rondement mené dans un méli-mélo malin d'acteurs, d'actrices très bons. L'ensemble de l'intrigue se déroule avec brio dans le quotidien d’un petit café du coin. Entre les propriétaires, les ouvriers, les bourgeois, et les péripatéticiennes, foisonnent magouilles, discussions et informations autour d'une série de meurtres à la bouteille de lait. C'est une belle comédie sociale à l'ambiance réaliste et cocasse des années 50.
Encore une belle découverte dans la filmographie du sous-estimé Gilles Grangier. D'où vient le plaisir que l'on prend à ce huis-clos ? Certes pas à un scénario qui brille par son invraisemblance. Bien davantage à une distribution où chacun tient sa place à merveille : François Périer et Dany Robin, les jeunes premiers, Marcel Delaître et Paul Frankeur, les policiers, Henri Crémieux, Yves Deniaud, Robert Le Fort, Renaud Mary, Marie Daëms, Jacques Morel, les clients du bar tenu par Alice Field et Robert Dalban, qui jouait encore les premiers rôles. et avec quel talent A noter une scène étonnante, gâchée cependant par des effets de gros-plans un peu grotesques, où le vieux Crémieux, libidineux à souhait, tente de séduire la jeune Dany Robin : d'un coup, la comédie se fait grinçante.