Le Manoir Hanté n'a pas échappé à la loi de Murphy (non, pas Eddie, laissons-le tranquille dans la première adaptation - pas si mal - de l'attraction des Disneyland) : il aurait pu être la sortie familiale parfaite pour les vacances d'octobre, pour proposer aussi un Halloween à ceux qui n'aiment pas les films d'horreur... Il aurait pu. Mais Disney en a décidé autrement, convoitant davantage son exploitation sur plateforme que celle en salle, sacrifiant donc sa date de sortie en plein été, le faisant bider complètement au box-office (et faisant interroger tous les spectateurs sur l'intérêt de ce film d'Halloween, en-dehors d'Halloween...), et le faisant logiquement sauter très vite des programmations (le but atteint, pour la sortie d'Halloween sur Disney+, où il servira d'offre d'appel à l'abonnement... Pas folle la guêpe). Mais ce film méritait-il d'être sacrifié sur l'autel du pur intérêt financier ? Absolument pas. Le Manoir Hanté se défend vaillamment, pour un film-vitrine de plateforme. L'ouverture fait frissonner les plus jeunes (on déconseille fortement aux tout-petits), on nous présente le antihéros plutôt antipathique (pour notre part : on n'a jamais réussi à s'y intéresser) et le pasteur doux-dingue (Owen Wilson, coeur battant de l'oeuvre avec Danny DeVito, on y reviendra), on nous présente le manoir qui est la copie conforme de l'attraction (les fans de Disney aimeront reconnaître les pièces, les personnages, etc...), on a Jamie Lee Curtis en renfort (même si elle vient ouvertement juste chercher son chèque, la voir suffit toujours à nous rendre heureux), et surtout cette belle BO typique de Louisiane, aux cuivres si entraînants (un style musical gorgé de rythme et de partage). La durée est vraiment excessive (2h, pour un film qui aurait dû en faire 1h30 maximum), le rythme faiblit beaucoup au milieu, le héros n'est pas trop difficile à capter (et toute la trajectoire de son histoire d'amour très niaise...) ce qui fait qu'on ne s'y intéresse pas, mais le film semble le savoir, et va rapidement caser au forceps son binôme de personnages guignols (Owen Wilson et Dany DeVito, en forme) qui sont là uniquement pour nous faire rire, et on attend vite leurs interventions comiques comme des bulles d'air dans l'histoire pantouflarde. Le pasteur qui a des répliques cinglantes (et pas très chrétiennes), la course en fauteuil, le jeu du chat et de la souris avec les fantômes... On retiendra clairement toutes les scènes drôles, dans le film qui manquait d'énergie, d'humour, de folie (et d'effets spéciaux soignés, les fantômes, les crocos, tout fait mal aux yeux... comparez juste au Ghostbusters de Sony !) pour être au top. Il n'en reste pas moins qu'il est un fier divertissement, familial, emporté par Wilson et DeVito, et surtout par sa magnifique BO "so Louisiane". Dommage qu'il se soit fait assassiner par Disney, pour pouvoir récupérer son fantôme en vitrine de sa plateforme. Il méritait mieux, alors n'hésitez pas à visiter ce Manoir Hanté gorgé d'hommage à l'attraction, et pour une fois : hantez sans frapper.