La Dame en noir est un film qui évolue dans un genre qui peut livrer de très bonne surprise : le film d’ambiance. En plus produit par la Hammer. Mais au final c’est un petit métrage moyen, qu’une fin originale ne permet pas de sauver entièrement.
D’abord Daniel Radcliffe n’est pas vraiment à l’aise dans la peau du héros. Pas déméritant, il faut avouer qu’il manque de charisme, et qu’il ne parvient pas à retranscrire les émotions de son personnage avec beaucoup de vigueur. Il est en deuil, dans un village d’inconnus qui ne l’aiment pas, sur les traces d’une histoire glauque, à manipuler même du cadavre (si, si) et pourtant on ne peut pas franchement dire que cela le trouble plus que ça notre modeste clerc de notaire. Du coup c’est vrai que j’ai trouvé un côté étonnamment lisse dans ce héros. Ciaran Hinds à ses côtés, et quelques seconds rôles solides parviennent à donner davantage de relief, mais il faut avouer là aussi que les personnages ne sont pas des plus folichons. Si je compare ce film à Sleppy Hollow par exemple, sur ce point, le métrage de Burton était nettement plus costaud. Et je ne parle pas du casting sur le papier, mais bien des prestations et surtout des personnages.
Le scénario souffre d’une trop grande lenteur. Clairement le film est trop long pour ce qu’il a à raconter. Pas assez d’action et de rebondissements, un manque cruel de gradation, une fluidité discutable, quelques scènes sans grande originalité, La Dame en noir n’est pas franchement emballant. Cela malgré un début prometteur, et malgré une fin surprenante et à la hauteur. C’est bien de miser sur l’ambiance, mais il faut tout de même un liant solide pour ne pas faire décrocher son spectateur.
C’est donc coté visuel que l’on se rattrapera avec ce film. Watkins est un réalisateur talentueux, il l’avait prouvé sur Eden Lake, et il continue ici, avec une mise en scène très agréable. Il y a des séquences hautement réussie, comme celle de la charrette, et de manière générale il a le don de faire des apparitions soudaines de personnages orchestrées avec habilité. C’est donc bien agréable. L’ambiance est elle aussi brillante. La photographie est sublime, très soignée, instaurant une atmosphère victorienne des plus convaincantes. Bien accompagnée de décors remarquables. Il y a vraiment d’excellentes choses de ce côté-là, et le réalisateur les exploite avec un réel brio. En clair il n’y a rien à redire en la matière, sauf peut-être un léger bémol sur Watkins qui tend, je ne sais pourquoi, à montrer avec un peu trop d’insistance des automates. C’est une curieuse manie, qui finit par intriguer par sa redondance. Enfin la bande son est solide, Beltrami a fait comme souvent du bon boulot, mais il manque un thème aussi marquant que celui d’Elfman pour Sleepy Hollow. Beltrami aurait peut-être du moins joué la carte de l’ambiance pure et dure et concocter un thème clé.
Au final La Dame en noir est une certaine déception, je ne le cache pas. Pas mauvais grâce à un travail visuel très plaisant, il est tout de même très lisse et assez maladroit dans son histoire. J’avoue être même surpris d’une réception aussi positive de ce film, qui reste relativement lambda. En espérant que sa suite soit plus typée.