Difficile de passer à autre chose après avoir incarné le même personnage dans huit films consécutifs (soit durant près de dix ans le concernant). Et pourtant, c’est bien le pari que se devait de relever Daniel Radcliffe pour se détacher de son rôle de Harry Potter s’il voulait continuer sa carrière de comédien. Si sa complice Emma Watson a su franchir le palier sans mal (My Week with Marilyn, The Bling Ring, Le Monde de Charlie, Noé), le parcours de Radcliffe s’est avéré plus difficile, étant donné qu’il aura fallu attendre Horns (2014) pour le voir s’évader dans la peau d’un tout autre personnage. Mais avant cela, il y a eu La dame en noir, cinquième adaptation (après le théâtre, la télévision et la radio) du roman éponyme de Susan Hill.
Dans ce film d’épouvante, Daniel Radcliffe y incarne Arthur Kipps, un notaire veuf et papa d’un petit garçon qui va devoir faire face à une entité démoniaque (plus précisément un fantôme) hantant une demeure peu rassurante mais aussi le village local. Déjà là, quelque chose ne marche pas. Harry Potter en tant que père de famille ? Ah bah tenez : encore le réflexe d’associer l’acteur au petit sorcier. Le voir jouer dans un film tel que La dame en noir devait lui permettre d’aborder un tout nouveau registre mais malheureusement, c’était encore trop tôt et pas suffisamment marquant étant donné que le comédien n’impressionne pas spécialement. Je ne dis pas qu’il joue mal, attention ! Juste qu’il interprète Arthur Kipps de la même manière que Harry Potter. Et à cause de cela, on a bien du mal à le prendre au sérieux dans tout ce qu’il entreprend et imagine, comme rêver de sa défunte épouse. Et c’est plutôt fort dommage… Du coup, on préfère se tourner vers les autres protagonistes du long-métrage, comme celui incarné par Ciarán Hinds, bien plus charismatique et énigmatique, alors que le film repose essentiellement sur sa présence en tant que tête d’affiche.
Surtout que le rendu final de La dame en noir se révèle être d’assez bonne facture. Hormis de proposer Daniel Radcliffe dans un genre à contre-emploi, le film n’a aucune autre prétention. Et dans un genre où les titres se vantent de pouvoir effrayer le spectateur sans vraiment y arriver pullulent depuis les succès des Paranormal Activity et consorts, cela fait du bien ! Au programme de ce projet de la société Hammer (production ayant connu la consécration avec des noms du cinéma d’horreur tels que Dracula et Frankenstein) : sobriété et efficacité. La dame en noir, en plus de retranscrire à merveille l’époque victorienne niveau décors et costumes, parvient à instaurer une ambiance véritablement angoissante sans passer – ou que trop rarement – par les fameux jump scares dont le cinéma d’horreur semble si friand depuis ces dernières années. Il suffira juste d’un bon jeu de lumière, d’un plan au brouillard omniprésent ou bien d’une musique qui se taire ou se faire entendre quand il faut pour que l’effet souhaité agisse à la perfection.
Malheureusement, le problème de La dame en noir provient, comme la majorité des longs-métrages de son espèce, du scénario. Non pas que celui-ci soit mauvais, au contraire : les personnages sont suffisamment développés pour susciter l’intérêt et notre attachement envers eux, l’histoire en elle-même se montre intrigante… Mais comme il est écrit précédemment, il s’agit d’un film sans prétention. Ce qui implique qu’au niveau de l’écriture, le film ne se risque aucunement dans l’originalité. Il est vrai que ce dernier possède le statut d’adaptation, ce qui pourtant ne l’empêche pas de se défaire de l’œuvre originale. Au lieu de cela, en ne prenant aucun risque dans sa structure scénaristique, La dame en noir propose une histoire de maison hantée et de fantôme tout ce qu’il y a de plus classique. Et comme c’est du déjà-vu à chaque seconde, l’ambiance angoissante perd en puissance au fur et à mesure que le générique de fin approche. Tout en passant par un dénouement, certes en phase avec le développement du personnage principal, mais plutôt frustrant étant donné qu’il se présente comme un doigt d’honneur aux mésaventures de nos héros. En gros, c’est du genre « bon bah tout ce qu’on a fait n’a servi à rien ». Agaçant, non ?
Pas grand-chose à retenir de La dame en noir si ce n’est un petit film d’épouvante fort sympathique qui fait bien son boulot. Hormis cela, ce long-métrage ne restera pas dans les mémoires car ne proposant rien d’autres que ce que le cinéma d’épouvante nous offre depuis les débuts du septième art. Et si c’est pour voir Daniel Radcliffe dans un rôle différent de celui de Harry Potter, autant que vous passiez votre chemin illico !