Si ce train-fantôme à l'atmosphère gothique et aux décors absolument splendides de noirceur ne révolutionne absolument rien, c'est qu'il est avant-tout un criant hommage au cinéma d'horreur classique. On évite donc aucun écueil ici, de l'imagerie jusqu'au scénario, tout a un air de déjà-vu : sous couvert d'une photographie aux teintes froides et sombres, on a le droit à notre lot de villageois apeurés et antipathiques au milieu desquels le personnage principal trouvera néanmoins un allié de choix, la bonne vieille malédiction dont il va falloir percer le secret au péril de ses propres doutes, le manoir hanté, et bien sur pléthore d'enfants en parabole de tout ces maux. Tout est si classique et si respectueux des codes du genre que l'ensemble parait complètement figé à première vue, en témoigne la mise en scène bien trop académique de James Watkins (qui, avec son premier opus vif, intelligent et dérangeant, nous avait pourtant fait de belles promesses). De ce fait, "La dame en noir" est un manège qui fonctionne comme un diesel. En dépit d'être parfaitement orchestré (peut-être trop d'ailleurs, c'est ce manque de folie qui lui fait a priori grandement défaut), il a bien du mal à effrayer son public, lequel commencera certainement à s'ennuyer au bout d'un moment. Mais si celui-ci sait se montrer patient, il trouvera son compte lors de la seconde moitié du film. Car c'est crescendo que le réalisateur mène son petit train au sommet pour commencer à effectuer violemment ses premières descentes. Là, il parvient (enfin, diront certains) à nous glacer le sang. Encore une fois, Watkins n'invente rien mais son efficacité est terriblement diabolique, et si les ressorts utilisés sont quelque peu émoussés, il sait redoutablement les faire fonctionner. Lors de la dernière partie, effrayante et surnaturelle à souhait, les amateurs de frissons en auront pour leur argent et ne demanderont pas le remboursement de leur ticket une fois ce tour de train-fantôme terminé ! Et la scène finale, entre horreur et lyrisme, est plutôt audacieuse. A ce propos, le film se permet d'instaurer une petite dimension de drame humain joué avec des notes légèrement poétiques, ce qui n'est pas déplaisant et renforce son aspect old-school.
Quand au retour des studios Hammer sur le devant de la scène - studios à qui l'on doit, entre autres, le cycle des Dracula avec Christopher Lee, ou celui des Frankenstein réalisés par Terence Fischer (et dans lesquels on retrouve d'ailleurs parfois aussi l'acteur emblématique de la Hammer susnommé) -, force est de constater qu'eux aussi passe leur examen avec un honnête taux de réussite. Ils ne sont pas encore candidats à la mention d'excellence certes, mais ce come-back devrait ravir leurs admirateurs de l'époque, et par la même occasion leur octroyer une toute nouvelle génération de groupies, trop jeunes, voire pas encore nés, lorsque la Hammer frappait avec le marteau du succès. Revigoré par le succès public et critique de cette oeuvre après une longue traversée du désert qui avait fait d'eux des vestiges du temps passé, les studios britanniques spécialisés dans l'épouvante devraient vite enclencher de nouveaux projets.
Pêchant parfois par excès de bonne volonté, le parfum de cette "Dame en noir" ne dégage rien de bien neuf, mais il exhale juste comme il faut pour embaumer ce film d'ambiance au look kitsch et à l’atmosphère angoissante.
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