La Conquête, présenté au festival de Cannes 2011 et réalisé par Xavier Durringer que je connaissais seulement pour son "J'irais au paradis car l'enfer est ici", retrace l'ascension de Nicolas Sarkozy sur la période 2002-2007 qui le verra devenir ministre de l'intérieur, patron de l'UMP, ministre de l'économie puis candidat à la présidentielle. Ce qui a souvent été soulevé dans les diverses critiques, c'est que le scénario écrit par l'historien/écrivain/réalisateur Patrick Rotman ne nous apprend pas grand chose. C'est vrai si l'on a suivi l'actualité de cette époque dans les journaux, difficile de ne pas la suivre d'ailleurs quand on se souvient de l'omniprésence médiatique de l'ancien président de la République et notamment les relations houleuses entre Chirac et lui, le fameux "je décide, il exécute", le refus de Chirac de lui octroyer le poste de premier ministre pour mettre Raffarin à la place qui prenaient pas mal de place. Tout ça, parce que Chirac ne lui ayant jamais pardonné sa trahison lors de la présidentielle de 1995 où Sarko avait préféré soutenir Balladur. Un univers cruel ou chacun essaie de faire tomber l'autre. Mais l'accent est aussi pas mal mis sur le couple Sarkozy/Cécilia devenant vite impossible du fait de la soif du pouvoir du premier et d'une future vie à l’Élysée que la seconde ne voulait pas vivre. Et c'est là qu'on arrive à avoir un peu d'empathie pour Sarkozy qui semblait aimer profondément sa femme, sa première conseillère. Enfin bref, ça fourmille de petits détails comme la réforme du CPE ratée, l'affaire Clearstream, les footings de Sarkozy et De Villepin, le langage recherché de De Villepin, le manque de culture de Sarkozy qui ne connaît pas Apollon. Comme je l'ai dit, on retrouve logiquement quelques figures connues de la droite à cette époque avec bien sûr De Villepin et Chirac. Excellent Bernard Le Coq en "Chichi" et que dire de la prestation de Podalydès en Sarkozy. On a l'habitude désormais de souligner la performance des comédiens à chaque biopic depuis La Môme, mais là c'est entièrement mérité. Il incarne parfaitement cette homme ambitieux, présent sur tous les fronts, souhaitant voir se focaliser tous les regards et les caméras sur lui. En somme, une nouvelle façon de faire de la politique, loin de la tranquillité Chiraquienne, plus show à l'américaine que la musique du film traduit bien. C'était la fameuse rupture à laquelle les français n'était pas habitués, et possible que ça les ai fatigué puisqu'ils ne l'ont pas réélu en 2012. Dommage qu'à aucun moment, on ne voit l'opposition. Ségolène Royal y est seulement évoquée, imitée même par Besnehard. C'est un film sur lequel on manque sans doute un peu de recul quant aux événements qu'il relate. On a été saturé de cette politique people depuis 10 ans mais dans 20 ou 30 ans, ce film sera une curiosité, j'en suis certain.