Pas facile de faire une critique purement cinématographique de ce film si particulier, quand on paye son billet pour aller voir un film de près de 2h00 sur un personnage aussi clivant que Sarkozy, on finit toujours, j’imagine, par y voir ce qu’on a envie d’y voir. Ce préambule étant posé, c’est surtout la performance d’acteurs et la qualité des dialogues qui font mouche ici. Denis Podalydes et Bernard le Coq surtout, étonnant de mimétisme en incarnant des personnes aussi connues (et surtout aussi caricaturées !) que Sarkozy et Chirac. Ils évitent tous les deux assez habilement l’écueil de la caricature et c’est la marque des grands acteurs. La réalisation est somme toute assez classique, le rythme est soutenu (évidement, compte tenu du sujet !) et le scénario finalement assez clair, même quand on évoque des affaires un peu complexes comme celle de Clearstream. Pour ce qui est du fond, le film est plutôt dur avec la presse qui est montrée comme un simple passeur de plat (la scène ridicule de la ballade en vélo), les journalistes copinent avec Sarkozy dans les dîners, les voyages en avion et on sent la fascination qu’il leur inspire. Chirac y est un vieux sage qui cache mal sa rancœur pour celui qui l’a trahit des années auparavant, Villepin calculateur transpire la haine et le mépris, Raffarin n’est même pas au casting (comme quoi…), Dati est une poseuse à l’ambition démesurée, etc... De ce coté là, pas trop de surprises quand même… Quant au personnage central, ceux qui l’admirent le trouveront intelligent et combatif, émouvant peut-être en homme amoureux et abandonné. Mais les autres y verront surtout un politicien qui utilise les services de l’Etat au lieu d’être au service de l’Etat, un homme odieux avec son entourage, capable de mettre volontairement le feu aux banlieues françaises pour servir sa candidature, qui supporte mal qu’on puisse être critique avec lui. Mais aussi un homme à la limite du trouble maniaco-dépressif, enchainant les phases d’euphorie avec les périodes de dépression, perspective assez inquiétante quand même vu le poste qu’il est censé occuper. Enfin, et ça c’est très net, le Sarkozy de Durringer n’est l’homme que d’un camp et il n’y a guère que celui-là qui l’intéresse. L’autre camp, ce n’est pas qu’il le méprise, c’est juste qu’il n’existe pas à ses yeux… En résumé, j’ai passé un moment de cinéma étrange, à la fois agréable devant un film qui est intéressant de bout en bout mais un moment vaguement déprimant aussi, allez savoir pourquoi ?