Ah non mais la blague ! Je veux bien entendre que beaucoup défendent la démarche audacieuse d'attaquer l'actualité brûlante de front, mais ceux-là se sont-ils seulement préoccupés du résultat fourni ? Parce que, pour moi, le film s'est écroulé en une minute, montre en main. Il a suffit d'un échange entre Bernard Le Coq/Chirac et Denis Podalydès/Sarkozy pour que le film se casse tout de suite la gueule dans un concours de grimaces et de mimiques absolument affligeant. Et, autant le dire tout de suite, le film ne s'en relèvera jamais car chacun est tellement préoccupé par ce grand concours de la gestuelle et de l'intonation caricaturale qu'il en oublie totalement de donner de la chair à son personnage. Il faut dire, personne n'est aidé par le scénario. Pour ceux qui espéraient une lecture corrosive des coulisses du pouvoir, il faudra repasser. En effet, l'intrigue se limite finalement qu'à une sorte de mélo minable aux dialogues hallucinants de platitude et de stéréotypes. Mélangés aux phrases bien senties qui on été reprises de l'actualité, ces dialogues ne sont clairement pas au niveau et démontrent pour le coup encore plus leur vacuité. A croire qu'en France, on ne sait faire qu'une audace à la fois : « Attendez ! On s’est déjà risqué à aborder le monde politique de front, vous n'allez pas en plus nous demander de bosser le scénar et de réfléchir à la forme quand même ?!! » C’est sûrement ce que nous aurait répondu Xavier Durringer, réalisateur du film, car au fond sa "Conquête" n’est qu'un banal résumé des cinq dernières années de l'actualité télévisuelle, ne se risquant à aucune fictionalisation ni interprétation. Pire, le film élude tous les sujets chauds par des pirouettes, se servant de la déchirure du couple Nicolas/Cécilia pour ne pas à avoir à aborder de front la personnalité de Sarkozy, ni celle de ses lieutenants soit dit en passant. Pour ne pas fâcher, aucun enjeu social n'est abordé, aucun enjeu politique, ni même aucune idéologie... Ainsi, pour cause d'absence totale d'audace, le film ne fait que brasser du vent tout son long, en devient du coup désagréablement complaisant, et se limite du coup qu'à une banale imitation potache digne de Stéphane Collaro ou du plus minable des cirques. Tel un symbole d'ailleurs, c’est l'orchestre du cirque Pinder qui a signé la bande originale du film et un clown triste qu’on l'a mis à la réalisation. Non mais franchement ! Je veux bien qu'on salue l'audace de l'idée initiale, ou bien qu'on apprécie la petite rétrospective (quoi que, à moins de souffrir d'Alzheimer, le film ne nous rappelle pas grand-chose...), mais qu'on s’interroge franchement sur la qualité du résultat final et sur tout ce qui aurait pu être fait pour que le film soit mieux ! Non, décidément non, ce film n'est certes pas méchant, mais il n’en demeure pas moins terriblement grotesque. Pour ceux qui ont donc un minimum de sens critique, cette "Conquête" me semble donc sincèrement évitable...