Ce film m’a beaucoup touchée.
Le début du film est le suivant : à Montréal, Bachir Lazhar, un immigré algérien, est embauché au pied levé pour remplacer une enseignante de primaire disparue subitement. Il apprend peu à peu à connaître et à s’attacher à ses élèves malgré le fossé culturel qui se manifeste dès la première leçon.
Sans entrer dans les détails, afin de ne pas révéler l’histoire, les personnages, les faits, les différents éléments se mettent en place progressivement, donnant une épaisseur au film, une densité de plus en plus tangible.
On pourrait croire qu’une des premières scènes, plus suggérée que réellement montrée, constitue l’élément le plus extrême, dur du film. Il n’en est rien. Certains mots et plans par la suite contiennent une violence inouïe, une souffrance difficile à circonscrire.
Et si cette souffrance est amoindrie par certains détails plus doux, plus humains et parfois même drôles, le film n’en demeure pas moins l’expression talentueuse de douleurs qu’on apprivoise à défaut de les éteindre, parce qu’elles vont au-delà de ce que l’esprit humain peut comprendre, accepter. Ainsi, certaines questions ne trouvent pas toujours de réponses.
Cette douleur, on l’apprivoise au contact de l’Autre, en créant un lien, en poussant un cri, en jetant un fil dont quelqu’un d’autre se saisira peut-être pour arriver jusqu’à nous.
Les interprètes, tout particulièrement Fellag et les deux élèves principaux fille et garçon (dont la fille, curieusement, n'est pas sans me rappeler le visage d'Anna Chlumsky à peu près au même âge), sont précis, justes malgré leur jeune âge pour les deux derniers, et portent de toute leur expressivité et sensibilité ce long-métrage.
J’ai également trouvé très bien montré l’éloignement de son pays du personnage principal, la sensation de solitude dans un univers qui n’est pas le sien, la dépossession de son être mêlée à un profond désir d’avenir.
Rares sont les films qui capturent cette sensation qui s’apparente peut-être à ce qu’on nomme sans oser traduire « saudade ».
La scène où Bachir Lazhar est surpris par sa collègue le soir de la fête de l’école est ainsi un moment très émouvant.
La suite de ma critique (et bien d'autres) sur: http://clairedanslessallesobscures.over-blog.com/