Certains films, attendus et/ou à la réputation déjà avancée, ici nomination aux Oscars (meilleur film étranger), moisson de Genie Awards (Les Césars québécois), ont la saveur particulière et délicate de leur cheminement à l’international avant une sortie française. Le film est, comme Monsieur Lazhar, trop attendu en raison des échos et retours critiques positifs qui l’entourent.
On s’attendait donc à être touché, on en ressort ému.
Car si le film de Philippe Falardeau ne s’élève pas par son originalité, il n’en demeure pas moins un drame touchant, parsemé de légèreté, autant par la composition de haute tenue des comédiens que par la qualité de son scénario.
Son histoire justement, est remarquable, forte, d’une construction théâtrale intense et maîtrisée. La surprise est d’autant moins impressionnante quant au générique de fin, on s’aperçoit que c’est l’adaptation d’une pièce, Bachir Lazhar d’Evelyne de la Chenelière. A défaut de connaître l’œuvre originale, on peut affirmer que la version cinématographique est de grande qualité.
Si les thèmes abordés sont nombreux, on ne les citera pas pour ne rien déflorer du film, ils se mixent avec une agréable facilité et délicatesse dans l’ensemble du récit. Certes, des thèmes empruntés ici et là dans d’autres films, mais l’ensemble garde une force omniprésente. On pourra tout juste reprocher une surenchère de thèmes dramatiques dans un même long-métrage mais cela serait cacher la force délicate qui se déploie tout au long du film.
Tout n’est donc pas parfait dans cette dramaturgie mais cela suffit à emporter le spectateur dans de nombreux élans poétiques, de tolérance, de compréhension et d’écoute de l’autre, et ceci par le récit, représentation de plusieurs générations et nationalités.
Si la mise en scène classique mais légère, sans pour autant flirter avec le téléfilm, associée à la justesse de son scénario, est la partie forte de ce bloc, c’est à partage égal d’une interprétation en retenue et touchante de la totalité d’un casting, dont Mohamed Fellag serait la pièce maîtresse.
C’est ici que le film réussit son tour de force, centrer l’ensemble des intrigues principales et secondaires sur un seul personnage quand on véhicule plus d’informations par des faits et gestes que par des mots. Ces derniers étant à chaque fois, délivrés et mesurés afin de procurer un effet majeur, autant dans l’histoire que pour le spectateur. Immergé au plus fort du récit, on découvre alors la réussite de composition de chaque rôle, à ce titre les enfants sont saisissants de crédibilité.
Sous la forme d’un thriller dramatique léger, l’enjeu de Monsieur Lazhar n’est pas d’entourer la fin d’un mystère abscons et mystérieux, on se doute du dénouement final, mais de dégager quels chemins nous allons parcourir et comment se dessine l’évolution des personnages principaux.
Le film se ferme alors en donnant des réponses à toutes les questions posées, là où la métaphore des mots au détour d’un poème et d’une réalisation discrète prend tout sons sens, pour en ressortir, tout simplement émus.
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