Avis sur Le Couteau dans la plaie

Anthony 'Norman Bates' Perkins et Sophia Loren. Deux mythes du cinéma dans un couple assez improbable. Tel est l'élément-clé de ce thriller assez méconnu aux allures de film noir. Elle ne l'aime plus, il part en voyage professionnel, une annonce paraît dans le journal : l'avion s'est écrasé. Ce n'est pourtant pas suffisant pour ôter la vie au protagoniste qui revient à la charge en se faisant passer pour mort afin de toucher, avec l'aide de sa femme, la coquette somme de 60 millions de francs déversée par l'assurance. Un pitch pouvant laisser septique au premier abord mais qui, une fois le film démarré, disparaît peu de temps après. Divers retournements de situation laisseront place à un "twist" (ou presque twist) final super ! Si Perkins a naturellement du mal à dissiper cette image du tueur en série de Psychose, il n'en demeure pas moins excellent. Tout comme sa compagne de film, Sophia Loren. À voir !

Improbable histoire d'escroquerie à l'assurance écrite par Peter Viertel et Hugh Wheeler qui avaient travaillé pour Hitchcock (Viertel avait écrit "Cinquième colonne") et honnêtement réalisée par le grand Anatole Litvak. Un tandem Sophia Loren-Anthony Perkins également improbable mais Loren s'en sort beaucoup mieux que Perkins qui en fait des tonnes. Après un bon démarrage le film stagne durant la partie où Perkins vit en reclus dans l'appartement et les faux artifices hitchcockiens utilisés pour le suspense (le gosse qui découvre la clandestinité de son voisin, le docteur attiré par Loren et qui émet des doutes sur la disparition du mari...) ne parviennent pas à faire décoller le film. On est loin des précédentes réussites de Litvak dans le thriller si l'on songe au formidable "Raccrochez c'est une erreur" avec Barbara Stanwick. Les retournements du dernier quart permettent cependant au film de reprendre son souffle et Sophia Loren s'avère excellente lorsque l'emprise du mari se resserre. La violence dont elle fait preuve dans la séquence en voiture, d'une noirceur inattendue, est la meilleure séquence du film. Notons une belle photographie tout en clair-obscur d'Henri Alekan et des décors signés Alexandre Trauner.

Ce film, aux allures de noir américain, se laisse voir avec plaisir, Et cela d'autant plus qu'il parait avoir vieilli plutôt bien, grâce notamment à une belle photographie, une mise en scène soignée, une percutante bande sonore de Theodorakis et l'excellente interprétation du duo Perkins - Loren. Cela pourrait surprendre pour Sophia, car ce rôle n'est pas tout à fait dans ses cordes, et pourtant....De surcroit, habillée en noir par Guy Laroche, elle est vraiment très très belle. Et la suspens est parfois au rendez-vous, particulièrement dans la dernière partie. Une jolie découverte.