"La croisière" : l’exemple type du cinéma français qui veut tant faire rire qu’il en fait des tonnes et des tonnes, à tel point que ça tue la drôlerie dans l’œuf. Pourtant, tout était réuni pour faire de ce film un immense succès populaire. D’abord le titre : nombreux sont les gens qui rêvent de faire une croisière maintenant que ce concept de voyage se soit relativement démocratisé. Ensuite le casting : ceux qui sont fans de chaque comédien présent (Line Renaud, Antoine Duléry, Marilou Berry, Charlotte de Turkheim, Jean Benguigui, Armelle, Audrey Lamy…) ont une bonne raison de voir leur star préférée dans ce qui semble être une comédie rythmée promise par la bande annonce. C’est ce qui explique sans doute les 660 000 et quelques entrées que "La croisière" a réussi à engendrer. Du rythme, il y en a, oui. Ça, on ne peut pas le nier. Mais finalement, "La croisière" ressemble plus à une longue suite de sketches quelque peu brouillonne et un tantinet répétitive. Le film commence avec une originale présentation des principaux personnages, renseignant le spectateur sur le contexte social et psychologique de chacun d’entre eux. Ainsi, nous n’échappons pas aux clichés de la parisienne BCBG surmenée, toujours pressée et qui pète plus haut que son cul du haut des 15 cm de talon de ses escarpins Louboutin (à priori modèle Lady Peep vernis à 685€ la paire… messieurs, si vous voulez sublimer votre femme, ou si celle-ci veut se faire plaisir… perso, je vous les laisse !), de la naïveté des gens issus du monde rural, du pauvre gars qui n’a rien vu venir, etc, etc… Puis viennent rapidement les incohérences : un passager clandestin monte à bord le plus tranquillement du monde, n’importe qui peut entrer dans n’importe quelle cabine, et même une mamie parvient à faire suivre son petit chien alors que c'est strictement interdit. Puis vient le ridicule, innommable, parsemé de clins d’œil cinématographiques. Fan de Bruce Willis et de son personnage phare John McClane, le chef de la sécurité se lance dans la poursuite d’un passager clandestin en se croyant sur un terrain d’exercice de la police, tout en utilisant des projectiles pour stopper le suspect à la manière de Paul Hogan dans "Crocodile Dundee". Quant aux jérémiades d’Armelle, moi-même et ma petite famille nous sommes regardés dans les yeux tellement cette scène est d’un pathétique absolu. Il ne manque plus qu’à Armelle la coquille de Caliméro. Le pire est que le ridicule se poursuit jusque dans la chapelle du paquebot. Je ne vais pas citer tous les moments ridicules, car ce serait raconter la quasi intégralité du film. Les dialogues sont très inégaux, tantôt de très mauvais goût (référence faite au Titanic), tantôt excellents (le string de l’une devenant un paréo pour l’autre), souvent fades et inintéressants, mais quelquefois d’une belle profondeur. C’est ce qui me pousse à ne pas mettre un zéro pointé à cette pauvre comédie, dans laquelle seul Antoine Duléry tire son épingle du jeu en se travestissant en femme, faisant même sourire dans les premiers instants de son déguisement grâce à sa drôle de démarche. Mais cela ne suffit pas à sauver ce film du naufrage complet, bien que le tournage ait eu effectivement lieu sur un vrai paquebot alors en véritable croisière au cours de laquelle nous n’aurons même pas le plaisir d’assister à une escale digne de ce nom. Au gré des musiques aux choix contestables tant elles finissent d’entériner le ridicule de la situation, la croisière s’est peut-être beaucoup amusée, mais pas nous. La preuve ? La note donnée par les internautes cinéphiles… et par la presse (pour une fois que nous sommes tous à peu près d’accord…).