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Un visiteur
3,5
Publiée le 18 octobre 2012
Belle création d'Alain Resnais. La mise en abîme de la pièce de théâtre est finement réalisée malgré la fin un peu décevante. Cependant les éléments de répétition sont bien utilisés, et on retrouve une bonne cohérence, une bonne suite entre les moments où les acteurs se souviennent de leurs propres prestations, les moments où ils rejouent leurs rôles, et les moments où ce sont les jeunes comédiens qui jouent. À voir !
Resnais a toujours aimé jouer avec le spectateur mais cette tendance semble s'accentuer a mesure que le cinéaste prend de l'âge. Parfois, c'est très réussi (Smoking/No Smoking), parfois pas du tout (Je t'aime, je t'aime), parfois sublime (Providence). Vous n'avez encore rien vu, assez déconcertant de prime abord, sentiment renforcé par son intemporalité, est bien de cette veine là. Il y a ce texte d'Anouilh, souvent désuet et parfois difficile à saisir, qui brouille les cartes. Le dispositif mis en place par Resnais est déroutant, risqué et agaçant et ne fonctionnerait pas sans le talent de ses acteurs et aussi leur dévotion à un metteur en scène dont on sent bien tout l'amour qu'ils lui portent. Certains d'entre eux interprètent le même rôle, le réalisateur les fait se confronter, comparaison inévitable entre des jeux très différents, le genre d'exercice qu'un comédien n'accepte pas de n'importe qui. Cette mise en abyme côtoie l'abîme, on y perd parfois son latin mais pas sa raison. Pas question de tomber dans les bras d'Orphée, ça, c'est réservé à cette insaisissable Eurydice. Le côté expérimental du film est finalement gratifiant et s'inscrit parfaitement dans la trajectoire d'un cinéaste libre qui innovera sans doute jusqu'à son dernier souffle.
C'est (très) différent de son dernier film, et tant mieux. Là, Alain Resnais ne se cache pas derrière un scénario bancal, il fait une démonstration. Qu'est-ce que le théâtre, qu'est-ce que le cinéma? Quels sont leurs points communs mais aussi les limites de ceux-ci? Voilà le dilemme du film. Ce qui permet alors au réalisateur de rendre hommage à ces acteurs, par un tableau de prestations plus convaincantes les unes que les autres. Car au final, ce sont bien eux qu'on retrouve dans ces deux arts. L'essai est intéressant, bien vu, mais malheureusement pas passionnant. Je me suis surpris à deux reprises à regarder ma montre. Donc on peut dire qu'il s'agit d'un film qui n'est pas pour tout le monde, mais qui doit être vu par ceux qui veulent être acteurs, car c'est bien cela le point fort du film.
Film expérimental ? un peu en effet ; théâtre filmé ? oui et même doublement mis en abîme ; longueurs ? terribles (toute la partie interminable de projection des répétitions de la pièce Eurydice - dont il faut sans doute avoir lu la version d’Anouilh pour pouvoir apprécier l’adaptation - par dessus lesquelles les acteurs-spectateurs-« interprètes de leurs propres rôles » parlent ensemble ou à tour de rôle : assez fatigant, voire assommant parfois) Un film sur le jeu de l’acteur certes, et sur l’amour beaucoup, et ses illusions. Mais le cabotinage (Azema notamment) l’emporte quelquefois sur le naturel et rend la vision pénible. Un film sur le théâtre aussi, mais Resnais n’est pas Rivette, et les comédiens ont beau avoir un texte, ils paraissent parfois davantage en roue libre que dans Out one : c'est dire! La dernière et courte partie, qui reprend le fil narratif de l’histoire principale, est à tiroirs : amusante mais longuette. Un ratage ou un chef d’œuvre ? Difficile de se prononcer (bien que les dithyrambes des critiques parisianistes me paraissent follement exagérés) mais c’est certes un véritable testament en forme de pied de nez non à la profession (qu’il encense ici et à laquelle il fait plaisir en lui donnant un maximum de grain à moudre) mais au...public ! Du moins au grand public, qui ne s’est jamais - il est vrai - précipité à ses films.
Film choisi rapidement sans vraiment savoir dans quoi je m'embarquais.
Le film commence, je me rend vite compte à mon grand désaroi que c'est du "théatre filmé" et que le huis-clos dans lequel sont embarqué les acteurs risque d'être long. Au bout d'un certain temps, ma voisine quitte la salle...Début de discution sur la pluie et le beau temps dans la rangée juste derrière mon siège...Agaçant! surtout quand le texte devient le fil essentiel du film, le seul élément auquel on se raccroche...Rappel à l'ordre de la part d'un autre spéctateur . J'hésite, je m'apprête à partir, et puis non, je décide de laisser une chance au film. Et puis je fini par me laisser embarquer par cette histoire intemporelle et le jeu des acteurs même si parfois ils en font un peu trop. Mathieu Amalric est très bon dans un rôle de personnage Shakspearien.
Quatrième acte: Mouvement d'impatience toujours dans la rangée derrière moi. Pourtant, si on se donne un peu la peine d'être attentif à l'histoire, le texte est très beau et, dans l'ensemble, relativement bien joué.
Puis, fin du film et épilogue alambiqué...Soulagement au fond de la salle et commentaires assassins (Je ne saurais jamais pourquoi ils sont restés jusqu'au dénouement).
Du fait de son titre, Vous n'avez encore rien vu interpelle et ne demande qu'à aller le voir. De plus, je ne peux qu'acquiescer à la remarque formulée par les Cahiers du cinéma, à savoir que Vous n'avez encore rien vu est "un film dont la bizarrerie n'en finit pas de hanter". Inconsciemment, il m'a touché, et continue de me tourmenter. Il a créé quelque chose en moi par la suite, et je dis inconsciemment à juste titre, car consciemment, si contrairement à ma voisine je ne me suis pas endormi, je n'ai néanmoins pas toujours été captivé. En fait, je l'ai été réellement lors de la scène où Orphée ne doit pas regarder Eurydice, magnifiquement représentée et tenant bien plus en haleine que le moindre petit film d'angoisse. En effet, le film est entièrement sous-tendu par le mythe d'Orphée, dont la valeur universalisante est incontestable, à partir de la pièce d'Anouilh. Cela fait la richesse du film de Resnais. L'exercice demeure cependant particulièrement périlleux : si pour les acteurs démultiplier leur voix est une performance, pour le spectateur c'est plutôt rébarbatif, et ce d'entrée de jeu. Au niveau des acteurs, si Mathieu Amalric ou Anny Duperey tiennent la route, c'est un peu moins le cas pour Sabine Azéma et Anne Consigny. On passera outre la fin à répétitions (inintéressante), et l'effet pressenti dès le début du film. Il faut enfin accepter de se fier au phrasé d'Anouilh, bien particulier - et cela se ressent terriblement quand quelques vers de Musset sont prononcés. Tout comme il faut accepter de se plonger dans les grands classiques livresques, et comprendre que tout n'est pas acquis, il faut accepter de pénétrer dans l'univers de Resnais, avec une légère distance : c'est plus tard que l'on comprendra, peut-être, ce qui s'est passé - ou alors on n'aura toujours rien vu, et c'est peut-être tout aussi bien ainsi. Rappelons Proust dans Albertine disparue : "notre inconscient est plus clairvoyant que nous-même" ...
Ce dernier film d'Alain Resnais est à mon sens réussi. J'ai particulièrement apprécié l'ensemble des effets techniques (faux décors, minimalisme, scène et comédiens doubles, voir triple). La réalisation est en tout point remarquable. Les acteurs sont à leur niveau, c'est à dire excellents, avec en ce qui me concerne une mention toute particulière à M. Almaric dans son rôle du Destin. Ce film est en quelque sorte une pièce de théâtre dans le cinéma, et à ce titre, je le conseille à tous ceux qui ont déjà, de près ou de loin, "toucher" au théâtre, et aussi bien sur à tous ceux qui aiment le regarder. Pour les autres, cela peut être une excellente occasion de découvrir ce merveilleux univers.
Lorsqu'un dinosaure comme Resnais sort un film, c'est à chaque fois un événement. Et puis il ne se presse pas, il fait un film tous les 3 ans et c'est à chaque fois l'occasion de s’engouffrer dans univers différent de ce qui se fait d'habitude. Je pense que rien ne pouvait prévoir les herbes folles, et bien rien ne pouvait prévoir Vous n'avez encore rien vu. Le pitch restant très évasif, bien avisé était celui qui pouvait se douter de se qui pouvait se tramer dans ce film. Alors certes c'est mille fois moins bien que les herbes folles (pour ne parler que de son dernier film), mais c'est quand même vachement bien. Déjà je n'ai pas senti le temps passer. Alors que dieu sait que ce genre d'expérience pourrait devenir assez chiantes. On a donc réuni un casting assez impressionnant, casting dans lequel Amalric a bien entendu ma préférence bien que j'adore aussi Girardot, Consigny, Piccoli… Et puis voir Lambert Wilson dans un film de Resnais c'est très plaisant aussi. En fait pour que la fête soit complète il ne manque qu'André Dussolier. D'ailleurs cela m'avait fortement ennuyé au début de ne pas le voir au casting, et puis finalement on s'en tamponne grave. Je ne sais pas trop ce qu'a voulu dire ou faire Resnais avec ce film, mais néanmoins, cette volonté de raconter encore une fois l'histoire d'Eurydice m'a touché. Surtout qu'il rend hommage à Anouilh dont j'aime beaucoup le peu de pièces que j'ai lu de lui. Le film parle de pleins de choses, de l'amour, de la mort, du temps qui passe. Et le fait d'avoir réunit le couple Arditi Azéma et le couple Consigny Lambert c'est déjà quelque chose. Deux Orphée, deux Eurydice. Deux façons de l'interpréter, deux sensibilités. Et puis cette troisième version réalisée par Podalydès avec deux acteurs juvéniles qui offrent une nouvelle version. Comme quoi les thèmes de l'amour et de la mort sont universels. De plus on ne peut que saluer la mise en scène de Resnais qui ma jouer avec tout ce qu'il peut pour justement faire du cinéma, ne pas se contenter de filmer platement ses acteurs. Et puis finalement l'histoire s'enchaîne avec les différents personnages, en changeant les acteurs, mais elle se suit très bien et puis c'est captivant de voir ainsi plusieurs façons de faire. Et l'interprétation est plutôt bonne, sachant que les acteurs sont censés jouer leur propre rôle, mais en fait on ne voit qu'Orphée, qu'Eurydice, etc. Je dois souligner aussi le rôle d'Amalric qui lui va à merveille, terriblement inquiétant, tout comme celui de Girardot. On a affaire à une sorte d'expérimentation très émouvante, très belle, peut-être pas complètement aboutie, mais certaines scènes transpirent la beauté et je ne demande pas grand chose de plus.
Dur dur d'entrer dans l'univers du dernier Resnais. Du théâtre (moyen) filmé, servis par de grands acteurs, qui font et refont les scènes. Amalric m'a fait la meilleure impression, pour le reste c'est long, mais il faut s'accrocher. L'originalité de la chose rend le tout assez efficace et nous tient en haleine, malgré les répétitions. Un film qui se démarque.
"mouvement divers....." des éléments très réussis: On pense inévitablement à un film "testament". - mise en scène brillante, décors réels et poétiques - hommage aux acteurs - hommage au théâtre éternel, d'hier, aujourd'hui et demain ... d'autres disent "à l'amour" bémols: - on se sent souvent "extérieur", mis à distance respectable....= - on ne se sent pas toujours concerné par les différentes interprétations des 3 couples de comédiens. - - on peut trouver certains jeux d'acteurs "appuyés"= Azema - les meilleurs (pour moi) les nouveaux: Amalric, Consigny, Girardot - exercice de style: faire "jouer" les mêmes scènes par 3 couples de comédiens différents (des + et des moins) Question ? Pourquoi avoir choisi le théâtre d'Anouilh ? un peu cynique, misogyne, désabusé ce qu'on ne ressent pas, dans l'oeuvre de Resnais.... Affaire à suivre.... bien sûr, ça reste un film intéressant,
Alain Resnais nous annonce tout dans le titre : on va assister à une expérience cinématographique unique. Cela dit pas besoin de nous prévenir, avec le cinéaste on commence à connaître la chanson. Nous surprenant sans cesse, il nous offre ici une réinterprétation du mythe d'Eurydice doublée de superbes mises en abymes dans lesquelles se plongent avec délice une pléiade d'acteurs qui jouent tous leur propre rôle. Ainsi à la mort de leur ami metteur en scène et à la visualisation d'une captation de la pièce, les acteurs commencent à rejouer la pièce. On a donc trois Orphée et trois Eurydice, on a donc une distribution de haut vol qui nous interprète le mythe. Au début on se demande si ça va durer jusqu'à la fin de leur interprétation mais Resnais va au bout des choses quitte à parfois être un peu lourd, quitte à ce qu'on s'ennuie un peu parfois. Mais il sait surprendre dans sa mise en scène et surtout, il sait confier à ses acteurs des rôles qui leur vont à ravir. Rien que pour le texte et l'interprétation, ''Vous n'avez encore rien vu'' vaut le détour. Que ce soit pour Pierre Arditi qui compose un Orphée émouvant ou pour Sabine Azéma, à la fois un peu folle et fragile en Eurydice, que ce soit pour Mathieu Amalric qui compose un personnage intriguant ou Hippolyte Girardot qui nous joue un beau salaud, que ce soit enfin pour le plaisir de revoir Michel Piccoli et Anny Duperey ou même de voir Lambert Wilson et Anne Consigny être Orphée et Eurydice également. En plus jeunes certes mais quelle qu'en soit l'interprétation, le mythe reste intact et l'amour toujours aussi fort.
La mise en scène étonnante m'a lancé avec passion dans ce film. Puis passée la surprise, j'ai eu plus de mal à être captivé par Eurydice. Malgré cette longueur finale, ça valait le coup!
La bande-annonce a fait son boulot : je ne concevais pas de passer octobre sans aller voir Vous n'avez encore rien vu, profondément intriguée par l'originalité de cette bande annonce qui ne dit finalement rien du tout mais est une parfaite mise en bouche. Je m'y attendais, le film est difficile à cerner. Mais il est finalement plutôt fascinant. Des comédiens de deux troupes ayant interprété Eurydice à des moments différents se retrouvent tous convoqués par leur metteur en scène, soudainement décédé. Leur mission : à visionner une version "jeune" de la pièce et donner leur avis. L'action se déroule dans un grand manoir à la froideur intriguante dont un homme à l'allure de valet se fait le guide. Ce décor très baroque et cette ambiance un peu mystique ne sont pas sans rappeler les étranges demeures de Boulevard du Crépuscule ou de Citizen Kane. Dès le début du film cette atmosphère très singulière réussit à nous emporter : l'arrivée progressive des comédiens dans le manoir, accueillis par ce valet énigmatique, l'ambiance glaciale qui se dégage du lieu, le bruit du vent... Autant de détails qui nous interpellent. Une fois qu'ils sont tous là commence la projection d'Eurydice nouvelle génération. Et au fur et à mesure que la pièce se joue sur l'écran, les comédiens des différentes époques se rappellent. Le souvenir se mêle alors à la réalité, on a comme une mise en abyme de l'imagination, de la comédie. Alain Resnais brouille tous nos repères spatio-temporels : on passe des sièges où sont assis les acteurs nostalgiques à des décors totalement déconnectés de l'intrigue initiale. Tantôt c'est les nouveaux comédiens que l'on voit interpréter la pièce, tantôt c'est la bande à Arditi, tantôt celle à Lambert Wilson. C'est au fil des souvenirs de chacun. Et cette idée d'une pièce dans le film, d'un décor imaginaire qui se met en place au fil de la pièce, d'une interprétation en canon des mêmes scènes, est réellement ludique. C'est un peu difficile à suivre quand on est très terre à terre et que l'on aime les choses cohérentes, mais si on se laisse aller à l'onirisme ambiant, on peut très vite planer. Et il est très intéressant de voir comment chaque comédien interprète un même personnage. J'allais lister ceux qui m'ont bluffée, mais ils sont tous excellents. Chacun apporte sa touche personnelle, chacun met son vécu dans sa façon d'interpréter. L'interprétation très jeune et pourtant très grave d'Anne Consigny quand elle joue Eurydice forme un beau parallèle avec l'interprétation plus mature et pourtant plus candide de Sabine Azéma. Les repères de l'âge se brouillent aussi alors. Jouent-ils avec leur vécu au moment T, ou se revoient-ils jouer quelques années plus tôt, mais avec leurs physiques d'aujourd'hui ? Le film entraine pas mal de questions, et est surtout réellement beau. On a droit à des moments de théâtre très forts également, entre toutes les Eurydice et tous les Orphée. De quoi être parcouru de frissons.