Une superbe idée saccagée par le jeu horripilant de certains acteurs. Les glapissements de Sabine Azema sont insupportables et Pierre Arditi en fait des caisses dans la Trâââgédie. Ceux qui s'en sortent le mieux sont les jeunes comédiens qui interprètent la pièce dans le "film dans le film". Ils ne se prennent pas pour des monstres sacrés et apportent la fraîcheur et la sincérité que les anciens ont perdues... Mais on peut garder l'espoir que l'immense Alain Resnais a volontairement voulu tirer une nouvelle fois un trait sur une période de son œuvre et se tourner vers l'avenir. Ce serait une superbe leçon.
Du fait de son titre, Vous n'avez encore rien vu interpelle et ne demande qu'à aller le voir. De plus, je ne peux qu'acquiescer à la remarque formulée par les Cahiers du cinéma, à savoir que Vous n'avez encore rien vu est "un film dont la bizarrerie n'en finit pas de hanter". Inconsciemment, il m'a touché, et continue de me tourmenter. Il a créé quelque chose en moi par la suite, et je dis inconsciemment à juste titre, car consciemment, si contrairement à ma voisine je ne me suis pas endormi, je n'ai néanmoins pas toujours été captivé. En fait, je l'ai été réellement lors de la scène où Orphée ne doit pas regarder Eurydice, magnifiquement représentée et tenant bien plus en haleine que le moindre petit film d'angoisse. En effet, le film est entièrement sous-tendu par le mythe d'Orphée, dont la valeur universalisante est incontestable, à partir de la pièce d'Anouilh. Cela fait la richesse du film de Resnais. L'exercice demeure cependant particulièrement périlleux : si pour les acteurs démultiplier leur voix est une performance, pour le spectateur c'est plutôt rébarbatif, et ce d'entrée de jeu. Au niveau des acteurs, si Mathieu Amalric ou Anny Duperey tiennent la route, c'est un peu moins le cas pour Sabine Azéma et Anne Consigny. On passera outre la fin à répétitions (inintéressante), et l'effet pressenti dès le début du film. Il faut enfin accepter de se fier au phrasé d'Anouilh, bien particulier - et cela se ressent terriblement quand quelques vers de Musset sont prononcés. Tout comme il faut accepter de se plonger dans les grands classiques livresques, et comprendre que tout n'est pas acquis, il faut accepter de pénétrer dans l'univers de Resnais, avec une légère distance : c'est plus tard que l'on comprendra, peut-être, ce qui s'est passé - ou alors on n'aura toujours rien vu, et c'est peut-être tout aussi bien ainsi. Rappelons Proust dans Albertine disparue : "notre inconscient est plus clairvoyant que nous-même" ...
"Dès qu'il eut franchi le pont les fantômes vinrent à sa rencontre" : cet inter-titre repris de Murnau donne le ton. Ce sera un film, mais bien autre chose aussi, un voyage (très) littéraire vers et dans des univers oniriques, par exemple. Resnais signe ici (à 90 ans !) une oeuvre magnifique, d'une grande richesse et intelligence, où mythe et théâtre se fondent et se prolongent dans un jeu complexe en miroir (« Vous n’avez encore rien vu » !). Le mythe est antique, qui donna même naissance à un culte, l'orphisme, la vision est scénique - doublement : la captation-prétexte de la bien-nommée "Compagnie de la Colombe" répétant dans un entrepôt sous la férule intrigante d’un pendule, et la fausse improvisation des 13 comédiens (jouant sous leur vrai nom – mention spéciale à Mathieu Amalric en « M.Henri ») à la poursuite de leur auteur, « Antoine d'Anthac » (Bruno Podalydès) dans une étrange demeure au coeur d'un village accroché à flanc de montagne (arrière-pays niçois ?) où les a priés à sa demande son homme de confiance et majordome « Marcellin » (Andrzej Seweryn), et même en triple, puisque les rôles d’Orphée et Eurydice sont assurés par deux couples différents d'interprètes, les 5 autres acteurs assurant leur partie en double, le texte est superbe (deux pièces d'Anouilh réunies, adaptées et scénarisées) et les décors, la musique, comme la scénographie remarquables. Ce vrai/faux « tombeau » (au sens bien sûr d’hommage, ici dramaturgique) est un régal. « Orphée » a donné quelques beaux films (avec Cocteau par exemple). Resnais livre là une « Eurydice » passionnante, enchâssée dans une réflexion générale sur la création, l’amour, la mort, le destin : enfin quelques thèmes majeurs… se payant même le luxe d’un épilogue malicieux.
bien que je sois generalement friand de ce genre de films quelque peu 'perchés' mais la je dois avouer que je suis un peu passé a coté... et cela malgre un excelent jeu d'acteur... j'ai trouve cela mou... peu etre n'etais-je pas dans de bonnes conditions...
Comme le disait justement Fabrice Leclerc : « Heureusement qu’il y a Alain Resnais » ! Le cinéaste français sait, dans les moments arides cinématographiquement parlant, apporter une certaine légèreté et fraîcheur aux yeux des cinéphiles, toujours autant médusés par l’énergie débordante dont regorgent ses films. Avec ce nouveau long métrage, l’idée donnée au public est claire : vous n’avez encore rien vu ! C’est justement le titre de son film, qui fait doucement parler de lui depuis le dernier festival de Cannes. Vous n’avez encore rien vu est en fait une mise en abîme perpétuelle, ou tout simplement, un film dans le film. Un dramaturge, à sa mort, réunit ses acteurs fétiches, avec qui il a travaillé sur Eurydice au théâtre. Il leur montre une interprétation filmée et plus moderne, jouée par une troupe de jeunes acteurs. Comme emportés par le rôle qu’ils ont tous interprétés, au visionnage de la version filmée, les acteurs-spectateurs se mettent à jouer eux-mêmes les scènes une nouvelle fois. Les idées fusent au rythme des répliques, les effets narratifs abondent, tandis que des figures de style visuelles et scénaristiques pétaradent sous les yeux d’un public (nous) devenant au fur et à mesure un acteur à part entière. Un peu déboussolé, perdu dans la richesse du scénario, décontenancé par l’originalité constante émanant du film, il participe pourtant bel et bien à cet exercice singulier.
A plus de 90 ans, Alain Resnais, explicitement influencé par l’absurde, fait preuve d’une fraîcheur et d’une imagination sans limites. A bas les mauvaises langues prétendant que le cinéma français est mort ! Resnais ressuscite le cinéma en tant qu’art grâce à un film débordant d’imprévisibilité et de fougue. Un délire original qui ne peut laisser les cinéphiles que bouche bée et admiratifs.
Pour y parvenir, comme dans son propre film, il « recycle » ses acteurs fétiches, les réutilise, et les rends complices de cette curiosité. Pierre Arditi, Sabine Azéma, Anny Duperey, Anne Consigny, Mathieu Amalric, tous des habitués de Resnais, interprètent ici leur propre rôle (Pierre Arditi joue Pierre Arditi et Sabine Azéma joue Sabine Azéma). Un prix d’interprétation de groupe aurait pu être discerné à l’ensemble de ces comédiens, tant ils dégagent une harmonie certaine, et un amour pour le metteur en scène et le cinéma.
Vous n’avez encore rien vu est une ode au théâtre, une déclaration d’amour au septième art et au public, et de la part des comédiens, un hommage envers l’un des plus grands cinéastes français. Mais ce Vous n’avez encore rien vu sonne aussi un peu comme un film testament, où Resnais tirerait sa révérence avec brio, et en retour recevrait le respect des amoureux du cinéma.
Mais ne soyons pas des oiseaux de mauvais augures, et souhaitons au « plus jeune »doyen des cinéastes français de persévérer encore un peu sur cette longue et belle route cinématographique.
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Alain Resnais revient (après deux films plutôt décevant) avec un film original et audacieux, autant dans le fond que dans la forme. Le réalisateur reprend la pièce de théâtre de Jean Anouilh "Eurydice" et se joue du genre avec une construction du récit qui effectue une passerelle entre théâtre et cinéma. L'idée géniale des scènes intercatives apportent un charme évident... Mais c'est bien les acteurs qui sont l'essence même du film. Des acteurs au sommet de leur art, ils offrent un magnifique panel de nuances, des performances (sauf Azéma parfois too much notamment dans les cris) sublimes. On peut se demander pourquoi le couple Azéma-Arditi prend autant le pas sur le couple "Anne Consigny-Lambert Wilson ; en effet leurs rôles et le montage auraient dû les mettre sur un même pied d'égalité. Dans la même réserve, il est dommage que l'alternance avec la pièce de la troupe perde en présence effective d ans la seconde partie du film. Un poil long peut-être (la fin ?!) mais le film est assez intriguant pour qu'on s'y accroche. A mon humble avis une partie du public risque d'être hermétique à cet exercice de style, et pourtant c'est un film unique et rare qu'il faut savoir savourer. 1h55 d'un jeu de rôle succulent.
Depuis son premier long métrage en 1946 (!) Alain Resnais est un réalisateur qui a toujours innové. Et ce n'est pas son âge plus que respectable (90 ans) qui change les choses. Son nouveau film Vous n'avez encore rien vu (un titre comme un pied de nez) ne ressemble en effet à rien de ce que l'on a pu voir jusqu'ici. Encore et toujours, il innove autant sur la forme que sur le fond. Pourtant je ne peux pas dire que j'ai vraiment aimé le film (je n'avais pas du tout apprécié Les herbes folles son dernier opus). Pour être honnête, je me suis endormi une bonne demi-heure en plein milieu (à revoir donc). Mais ce que j'ai vu avant et après ne manquait pas d’intérêt. Cela parle de théâtre et cela est donc très théâtral... La suite sur : http://lecinedefred2.over-blog.fr/article-vous-n-avez-encore-rien-vu-110710841.html
je serai brève = On a tenu 15 minutes avec une copine ; et 30 minutes de fou rire une fois sorties , on ne pouvait plus sarreter .Non , sérieux, c'est du foutage de gueule pseudo intello ......Ridicule .......y'a pas de scénario , c'est " conceptuel" .....tout dans l'esthétique des textes, mais je n'ai rien compris et pas eu envie de comprendre......Perdu 10 euros !
Ce dernier film d'Alain Resnais est à mon sens réussi. J'ai particulièrement apprécié l'ensemble des effets techniques (faux décors, minimalisme, scène et comédiens doubles, voir triple). La réalisation est en tout point remarquable. Les acteurs sont à leur niveau, c'est à dire excellents, avec en ce qui me concerne une mention toute particulière à M. Almaric dans son rôle du Destin. Ce film est en quelque sorte une pièce de théâtre dans le cinéma, et à ce titre, je le conseille à tous ceux qui ont déjà, de près ou de loin, "toucher" au théâtre, et aussi bien sur à tous ceux qui aiment le regarder. Pour les autres, cela peut être une excellente occasion de découvrir ce merveilleux univers.
Du fait de son ovation par la critique cannoise, le nouveau coup d’essai d’Alain Resnais était sûr d’attirer les cinéphiles curieux d’exercices de style surprenants. En mettant ainsi en abyme deux pièces d’Anouilh en parallèle aux formes théâtrales et cinématographiques, le réalisateur créé chez le spectateur un effet de vertige. Un vertige aussi nauséeux qu’éblouissant. Le but avoué de ce délicat exercice de jonglage artistique est bien entendu de rendre hommage aux acteurs et à leur gout du jeu. Mais cette volonté poussive qu’a le réalisateur de démontrer le talent de ses acteurs fétiches a de quoi devenir, sur le long, pénible et expansif. Ceci dit, sans l’expérience et la notoriété du casting (qui est aux films d’auteur français ce que celui d’"Expendables" était à celui des actionners anglo-saxons), cette nouvelle approche du théâtre serait bien fade.
Vous n'avez encore rien vu ; mais en fait si, on a tout vu, trop vu, trop de fois, les mêmes choses, les mêmes gestes, les mêmes noms, les mêmes fausses profondeurs, les mêmes mensonges et nous en avons marre d'ingérer ce cinéma français remâché, prétentieux, pédant, élitiste sans innovations et prise de risque... Restent quelques jolies scènes. Insuffisant !