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    Vous n'avez encore rien vu
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    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    268 abonnés 1 639 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 décembre 2013
    Ce qu'il y a d'intéressant avec Alain Resnais, c'est qu'il ne ressert jamais deux fois le même plat. Chacun de ses films, réussi ou moins réussi, est une nouvelle aventure, une nouvelle expérimentation, une nouvelle illustration de sa fantaisie et de son intelligence. Sa filmographie, qui s'étend désormais sur plus de soixante ans, est bien l'une des plus originales et diversifiées qui soient.
    Vous n'avez encore rien vu, libre adaptation de deux pièces de Jean Anouilh, fait le grand écart entre l'ancien et le moderne, autour du mythe grec d'Orphée et d'Eurydice. L'ancien et le moderne se rencontrent dans l'association du fond et de la forme : la matière théâtrale d'Anouilh, légèrement datée, donne naissance à une variation contemporaine (dans un décor d'entrepôt) proposée par de jeunes comédiens, variation qui donne lieu à un film dans le film, visionné par d'autres acteurs qui eux-mêmes, portés par la nostalgie et la passion, se mettent à rejouer la pièce... Le schéma narratif, ainsi présenté, est alambiqué mais très lisible à l'écran ; il témoigne d'une réelle virtuosité, côté scénario et côté réalisation. Car le film va au-delà de la simple mise en abyme, il développe un subtil jeu d'échos et de correspondances entre le film dans le film et l'action principale, tout en démultipliant l'interprétation dans cette action principale, puisque deux acteurs (Arditi, Wilson) et deux actrices (Azéma, Consigny) jouent tour à tour les mêmes personnages d'Orphée et d'Eurydice... Une démultiplication qui se traduit aussi à l'image par l'utilisation répétée du split screen. Bref, ce dispositif au croisement du théâtre et du cinéma a quelque chose de vertigineux et d'assez captivant.
    Mais on trouve quand même des choses à redire. Le drame a ses lourdeurs mélodramatiques, appuyées par une interprétation parfois excessive (notamment celle de Sabine Azéma). Et surtout il y a ce parti pris de jouer à fond la carte de l'artifice, jusqu'à une certaine kitscherie visuelle. On peut aussi se demander si le scénario, au final, n'est pas trop "pirouetté".
    Quoi qu'il en soit, la fantaisie du film (sa dimension quasi expérimentale) et la qualité de son orchestration (sur plusieurs niveaux) emportent facilement l'adhésion. Et le fait que cet objet insolite soit la création d'un cinéaste de 90 ans force le respect et l'admiration. Resnais est un cinéaste toujours jeune et inventif, donc, mais qui distille ici un parfum funèbre, à travers les thématiques du deuil et du testament, la destinée d'Orphée et d'Eurydice, via également la citation d'un intertitre du Nosferatu de Murnau ("Dès qu'il eut franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre..."). Il est par ailleurs difficile de ne pas établir de rapprochements entre le personnage d'Antoine d'Anthac et Alain Resnais lui-même, ne serait-ce que parce que les acteurs convoqués par le premier sont aussi, à une grande majorité, ceux du second. Ce qui donne à cette histoire hantée par la mort une évidente valeur testamentaire en lien avec le cinéaste, qu'elle soit volontaire ou non. Une valeur testamentaire à laquelle le titre, Vous n'avez encore rien vu, pourrait apporter un malicieux démenti... En écho à un dialogue du film, Resnais n'est-il pas un auteur que l'on dit "dramatique", mais qui a pourtant toujours aimé les "gros effets", la "farce" ?
    Benjamin A
    Benjamin A

    711 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 mai 2014
    Pour son dix-huitième film, Alain Resnais nous propose une variation de la pièce « Eurydice » de Jean Anouilh. Le film s’ouvre sur quelques acteurs qui reçoivent un coup de téléphones leur annonçant la mort du metteur en scène Antoine d’Anthac (pour lequel ils ont tous joués la pièce « Eurydice »), ce dernier les a fait convoquer dans sa résidence où il leur demande de visionner cette pièce jouée par une jeune troupe. Peu à peu, les acteurs/spectateurs revivront la pièce…

    C’est une belle expérience que nous offre Alain Resnais en nous emmenant dans son univers inventif. Avec ce projet, il donne une grande responsabilité à ses acteurs et ces derniers le lui rendent bien, que ce soit Pierre Arditi, Mathieu Amalric, Sabine Azéma, Michel Piccoli ou encore Lambert Wilson (quel casting déjà !), ils sont tous impeccable et rentrent à merveille dans leur personnage. C’est bien écrit, que ce soit dans les personnages ou dans le déroulement de l’histoire dans lequel on ne se perd jamais malgré les différentes représentations. A travers cette pièce, Resnais aborde divers thèmes tels que la mort, l’amour, la vie…
    C’est captivant et sans faute de rythmes, la mise en scène de Resnais est superbe et il donne à son film une dimension émouvante.

    Pour ma part ma troisième expérience dans le cinéma de Resnais, jusque-là plutôt mitigé, c’est une bonne surprise, très bien écrit et surtout interprétés que ce soit les jeunes acteurs (de la troupe de la Colombe) ou les plus connus.
    Septième Sens
    Septième Sens

    84 abonnés 762 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 juin 2013
    On a souvent lié le cinéma au théâtre alors qu'il vient en fait de la peinture (les vues Lumière sont des œuvres impressionnistes modernes). Mais qu'est ce que le septième art peut apporter au théâtre ? Un film avec un tel sujet peut-il encore intéresser le public de nos jours ? Et cet auteur de plus de quatre-vingts dix ans a t-il toujours cette fougue d'antan ? Vous n'avez encore rien vu est une piste de réflexion, mais surtout une déclaration d'amour au cinéma faite par un maître en la matière, Alain Resnais.

    À la première question, nous affirmerons que le Cinéma s'écrit ici avec un grand C. Cette troupe d'excellents acteurs (pour la plupart comédiens également) sont tous rassemblés pour nous offrir une leçon d'interprétation. Le pouvoir du septième art est de faire jouer différents personnages jouant un même texte au même moment (split screen), insistant dans l'importance du jeu d'acteur et dans sa façon d'incarner un rôle.
    Comme au théâtre, nous pouvons dans cette oeuvre balader nos yeux où bon nous semble grâce à cette profondeur de champ offrant un décor (prenant forme et apparaissant peu à peu) très spacieux.

    À la deuxième question, nous serons plus mitigés. Cette mise en abîme dans la mise en abîme permet aux spectateurs de s'identifier clairement aux acteurs regardant la pièce de théâtre. On y observe ces derniers reprendre leurs rôles d'antan avec un plaisir non dissimulé. Cependant, la plupart de l'auditoire s'ennuiera dans ce récit barbant qui est tout sauf facile d'accès.

    À la dernière question, nous serons sûrs de nous. Avec ce titre ironique et comique, Alain Resnais montre d'emblée qu'il n'a rien perdu de sa verve. Une mise en scène fluide, des plans longs parfaitement maitrisés et un propos qui ne manque pas d'idées, pas de doute, le cinéaste est encore bien parmi nous.

    Un film autobiographique (le réalisateur mort qui convoque tout ses disciples serait le cinéaste lui-même), un hommage au cinéma (référence au cinéma muet avec son fondu à l'iris et ses pancartes) ? Vous n'avez encore rien vu et tout cela et bien plus encore. Et si certains se demandent si le cinéma va mourir, d'autres auront déjà la réponse...
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 5 septembre 2013
    Difficile de noter un film quand on se demande ce qui lui a valu cette avalanche de "nominations" ! Hors le snobisme, ce besoin pathétique des critiques de s'élever au-dessus du "servum pecus" (et non du "vulgum pecus" expression erronée ainsi que nous l'expliquait notre prof de latin), l'intérêt de "Vous n'avez encore rien vu" ne réside-t-il pas autant dans la suggestion : effectivement nous n'avions pas encore vu, que dans l'âge et le talent - jusque-là indiscutable - de M. Alain Resnais ? Peut-être le rappel de l'"Eurydice" d'Anouilh est-il aussi un rapprochement intime du couple Anouilh-Monelle Valentin et Resnais-Sabine Azéma ? Mais hélas :

    "J'ai perdu mon Euridice
    Rien n'égale mon malheur
    Sort cruel ! Quelle rigueur !
    Rien n'égale mon malheur !
    Je succombe à ma douleur."

    Et j'avoue avoir succombé... Et dire que les metteurs en scène de la "Nouvelle vague" - n'est-ce pas M. Resnais - reprochaient à un Jean Aurenche, par ailleurs ami d'Anouilh, de n'être capable que d'adapter des oeuvres littéraires, donc incapable de créer, quand on se réfère à différentes oeuvres d'un Anouilh pour un film, ne vaut-il pas mieux en sourire qu'en juger ?
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 27 septembre 2012
    Dommage, le début semblait prometteur ! Puis quand j'ai compris que je me taperai la pièce entière ... J'ai vite déchanté !
    ffred
    ffred

    1 696 abonnés 4 019 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 1 octobre 2012
    Depuis son premier long métrage en 1946 (!) Alain Resnais est un réalisateur qui a toujours innové. Et ce n'est pas son âge plus que respectable (90 ans) qui change les choses. Son nouveau film Vous n'avez encore rien vu (un titre comme un pied de nez) ne ressemble en effet à rien de ce que l'on a pu voir jusqu'ici. Encore et toujours, il innove autant sur la forme que sur le fond. Pourtant je ne peux pas dire que j'ai vraiment aimé le film (je n'avais pas du tout apprécié Les herbes folles son dernier opus). Pour être honnête, je me suis endormi une bonne demi-heure en plein milieu (à revoir donc). Mais ce que j'ai vu avant et après ne manquait pas d’intérêt. Cela parle de théâtre et cela est donc très théâtral...
    La suite sur : http://lecinedefred2.over-blog.fr/article-vous-n-avez-encore-rien-vu-110710841.html
    L'AlsacienParisien
    L'AlsacienParisien

    632 abonnés 1 403 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 27 septembre 2012
    Le titre du film dit tout et rien à la fois. D'un côté, Alain Resnais intrigue le spectateur tout en étant peu explicite et lui propose une expérience cinématographique unique tandis que rien ne laisse présager que c'est une adaptation plurielle du mythe d'Eurydice confondant les personnages parmi cette troupe d'acteur reconnue. C'est vrai, je l'avoue, j'ai jamais regardé un tel film : très singulier, quasiment surréaliste, en même temps intriguant par son rythme lent, répété et parfois lourd. L'histoire de base est simple : un metteur en scène est décédé et convoque, en guise de testament, tous les comédiens avec qui il a collaboré lors de sa pièce "Eurydice" et il souhaite savoir, par le biais d'une vidéo de la pièce joué par une jeune compagnie, si la pièce vaut le coup d'être diffusée à grand public. Et de ce visionnage surgit les fantômes de ces personnages qui résonnent au creux de chaque comédien les ayant incarnés auparavant sur scène. Et la fiction prend le dessus sur la réalité. On va dire que ce qui fait le charme du film, c'est l'aisance des acteurs à jouer avec émotions tout en ayant ce mystère global qui les entoure. Les défauts du film en font son atout majeur : les répétitions (de répliques, de situations), les longueurs conséquentes, les décors en fond-vert, les personnages joués par plusieurs acteurs,... Tous ces éléments font que ce film passe ou casse. Et pour une grande majorité, ça casse car cette mise en scène purement théâtrale va en rebuté plus d'un car comme au théâtre, quand on a du mal à accrocher ou à comprendre, on abandonne et alors on s'ennuie... Les gens sortaient au compte goutte dans la salle et je me suis dit que j'avais de la chance d'être théâtreux et de connaitre la pièce de Jean Anouilh, et même moi, je me suis mis à piquer du nez. Même si j'ai trouvé le concept osé et original, j'ai eu beaucoup de mal avec le début, à rentrer dans la logique du film (le début est très mal joué je trouve). Le fait que les comédiens jouent leur propres rôles m'a quelque peu perturbé. Mais leur jeu est sans doute le point fort du film. Je n'ai pas trop compris, par exemple, pourquoi il y avait deux couples d'Orphée et d'Eurydice (est-ce parce que Resnais n'a pas su faire un choix entre ses acteurs?), parce que ça fait perdre du temps plus qu'autre chose avec toutes leurs répétitions de répliques, et le couple Arditi / Zéma se démarque bien plus que celui de Wilson / Consigny. Après, ce que je n'ai pas compris, c'est le but premier du film, mise à part son originalité. Et la fin reste aussi un mystère, car le travail de la jeune compagnie passe totalement à la trappe alors que je trouvais leur travail beaucoup plus captivant et attrayant. Moins "poussiéreux" et "old-school" que les autres acteurs. J'ai trouvé ça dommage et je peux comprendre que certains attribue ce film à un public intellectuel et bobo. Personnellement, je m'y suis risqué une fois mais pas deux. Je reconnais le talent des acteurs et la maniabilité fine du metteur en scène ainsi que du texte, mais j'ai trouvé le temps si long que je ça me semble impossible à réitérer.
    alain-92
    alain-92

    318 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 septembre 2012
    Passionnés de théâtre, cinéphiles curieux, Alain Resnais l'assure et le prouve "Vous n'avez encore rien vu". Une grande et belle déclaration d'amour au théâtre et aux acteurs. Dans l'univers d'Alain Resnais, ce n'est pas l'histoire qui compte, mais la façon de la raconter. Des textes fameux servent de support à un scénario solide, magnifiquement orchestré par la virtuosité d'une mise en scène sans failles. La discrète musique de Mark Snow accompagne parfaitement le rythme du film. Les décors apparaissent, disparaissent, un train passe dans un sens, puis dans l'autre. Surprenant, d'une simplicité extrême pour un envoûtement total. Des acteurs excellents avec entre autres Mathieu Almaric, parfait. Le film est éblouissant et d'une incroyable inventivité. Mélancolique et joyeux à la fois. Mais de bout en bout parfaitement captivant et émouvant. Il fallait oser. Alain Resnais l'a fait. Oublié à Cannes, je souhaite que les vrais passionnés d'un cinéma de qualité ne le ratent pas. http://cinealain.over-blog.com/article-vous-n-avez-encore-rien-vu-110657560.html
    annereporter94
    annereporter94

    49 abonnés 1 006 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 janvier 2014
    Il faut s'appeler Alain Resnais pour imaginer un tel film, un tel scénario... Avec des acteurs magnifiques, tout est possible, tout est envisageable même l'impossible! Ce film est donc un OVNI que chacun jugera à sa façon...
    SansCrierArt
    SansCrierArt

    54 abonnés 420 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 septembre 2013
    A la mort d'Antoine d’Anthac, ses amis comédiens, qui ont joué sa pièce "Eurydice", sont réunis dans l'étrange demeure de l'auteur. Ils sont là pour donner leur avis sur l'interprétation de cette même pièce par une jeune troupe de théâtre. Face à l'écran qui diffuse la représentation filmée, les comédiens se souviennent.

    Resnais, entre théâtre et cinéma, filme, dans un esprit surréaliste, son style de prédilection, ses acteurs fétiches interprétant Eurydice d'Anouilh. Le casting est réjouissant et les prestations excellentes, à l'exception, surprenante, de Pierre Arditi et Sabine Azéma. Tous deux ne parviennent pas à transmettre l'intensité dramatique de la pièce. Dommage que Resnais ait cette fois encore (presque) tout misé sur ces deux comédiens fétiches, alors qu'il avait à sa disposition Lambert Wilson et Anne Consigny, qui dans les mêmes rôles, mais dans bien moins de scènes, sont tous deux intenses et captivants.
    L'ensemble parait du coup bien long.
    ocelot
    ocelot

    24 abonnés 927 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 novembre 2012
    Du pur film d'auteur. Une leçon de mise en scène --> certaines personnes risquent donc de s'ennuyer.
    framboise32
    framboise32

    149 abonnés 1 289 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 9 février 2013
    Alain Resnais rend hommage à l'oeuvre de Jean Anouilh. Vous n'avez encore rien vu est du théatre filmé. Le casting est composé de grandes actrices et grands acteurs. Le film débute par un coup de fil à chaque comédien lui annoncant le décès de leur ami dramaturge Antoine d’Anthac. Tout d'abord Pierre Arditi « Allô, Pierre Arditi ? Je vous appelle pour vous faire part d'une sombre nouvelle. Votre ami Antoine d'Anthac vient de mourir... » puis Lambert Wilson, Sabine Azéma, Michel Piccoli, Anne Consigny, Mathieu Amalric, Anny Duperey...Quelques jours plus tard, tous sont réunis à la demande de leur ami décédé dans une maison. Ils sont là pour regarder et juger de la nouvelle mise en scène de sa pièce Eurydice par la compagnie de la Colombe. Tous ont déjà joué la pièce. Le réalisateur filme ses acteurs, tantôt spectateur, tantôt comédien, avec amusement et tendresse. Il fait des plans serrés, élargis, multiplie l'écran par 2 ou même par 4.

    Vous n'avez encore rien vu est un bel hommage au théatre, réalisé par un amoureux du cinéma, du théatre, et des acteurs .
    willyzacc
    willyzacc

    78 abonnés 1 544 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 29 septembre 2012
    Dur dur d'entrer dans l'univers du dernier Resnais. Du théâtre (moyen) filmé, servis par de grands acteurs, qui font et refont les scènes. Amalric m'a fait la meilleure impression, pour le reste c'est long, mais il faut s'accrocher. L'originalité de la chose rend le tout assez efficace et nous tient en haleine, malgré les répétitions. Un film qui se démarque.
    RLTH
    RLTH

    19 abonnés 218 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 février 2014
    C'est (très) différent de son dernier film, et tant mieux. Là, Alain Resnais ne se cache pas derrière un scénario bancal, il fait une démonstration. Qu'est-ce que le théâtre, qu'est-ce que le cinéma? Quels sont leurs points communs mais aussi les limites de ceux-ci? Voilà le dilemme du film. Ce qui permet alors au réalisateur de rendre hommage à ces acteurs, par un tableau de prestations plus convaincantes les unes que les autres. Car au final, ce sont bien eux qu'on retrouve dans ces deux arts. L'essai est intéressant, bien vu, mais malheureusement pas passionnant. Je me suis surpris à deux reprises à regarder ma montre. Donc on peut dire qu'il s'agit d'un film qui n'est pas pour tout le monde, mais qui doit être vu par ceux qui veulent être acteurs, car c'est bien cela le point fort du film.
    Robin M
    Robin M

    70 abonnés 283 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 septembre 2012
    http://lecinemaduspectateur.wordpress.com/2012/09/30/vous-navez-encore-rien-vu/ / “Vous n’avez encore rien vu” n’est pas une information factice. L’objectif de Alain Resnais est clairement dit: créer un cinéma qui veut se démarquer, trouver son unicité. Resnais sera visionnaire, il verra ce que le commun des mortels ne voit pas: comme le personnage de son affiche. Mais pour dégager une nouvelle entité propre, son cinéma doit alors démarrer par un retour au source: le théâtre. Comme si un retour à l’origine était nécessaire pour mieux cerner les caractéristiques même du cinéma. C’est de la désuétude du théâtre filmé que naîtra son film pour mieux accoucher d’un cinéma radicalement nouveau, ou plutôt d’un cinéma moderne. Resnais apporte au cinéma les notions de modernité qui ont permis aux autres arts de continuer une réflexion sur leur caractère figuratif. Il crée les notions d’épuration et de déstructuration. Ces phénomènes lui permettent de ce focaliser seulement sur l’essentiel: la force créatrice du texte. Resnais est au plus près d’une parole performative. Ce n’est plus le réalisateur qui crée l’image mais le texte. Les décors s’effacent et s’esquissent seulement pour ne pas troubler un spectateur qui écoute plus qu’il ne regarde. Cette centralisation sur le texte s’exprime aussi à travers l’interchangeabilité des acteurs: l’homme pourra changer, mais le texte sera le même, au souffle près. L’acteur n’est pas le créateur, il prête en quelque sorte son corps à une force plus grande que lui, la force universelle de l’art. Les comédiens modulent chez Resnais plus qu’ils ne jouent. Leur disparition fantomatique, tout au long de l’oeuvre, expose le fait que leur présence n’est pas nécessaire à l’oeuvre. La primauté du texte, support créateur d’art, est indéniable et surtout inviolable.

    De ce premier raisonnement, Alain Resnais s’interroge ensuite sur le statut de l’auteur par rapport à son oeuvre même. Le réalisateur tue l’auteur pour mieux faire vivre sa pièce “fictive” d’Euripide. La mort humaine n’entraîne pas de mort artistique. Resnais fera jouer l’oeuvre le jour même de la mort de son auteur et finira son plan par un ciel étoilé comme pour signifier que l’oeuvre ne nous appartient plus, qu’elle nous est maintenant supérieure. Elle sera éternelle. On peut alors rapprocher la réflexion de Resnais à celle de Platon comme quoi la mort touche seulement le monde des hommes et non celui des idées. La séparation entre le mortel (et donc l’humain) et le conceptuel est distinctement visible. Resnais juxtaposera d’ailleurs à ce ciel éternel, la vision du cimetière: écrasant les hommes en rappelant que pour eux le temps est compté. Plaçant le concept au dessus du concepteur, Resnais nous donnerait presque envie de replonger dans le monde antique où les Muses faisait le lien entre ces deux mondes. L’Homme est alors seulement un porte-parole d’un art qui le dépasse et qui touche alors au sublime du caractère divin.

    Enfin, “Vous n’avez encore rien vu” est la définition même de la mise en abîme. Le spectateur regardera des acteurs dont le rôle est complètement renversé puisqu’ils sont rendu eux-même passifs, tout comme le spectateur. Mais ce qu’il est intéressant de voir, c’est ce que nous dit cette mise en abîme. On pourrait dire que Resnais révolutionne le rôle du spectateur. Car ici, il n’est rapidement plus passif, il intervient au plus près de l’oeuvre et sa présence permet au texte d’acquérir différentes variations. Resnais montre bien que le cinéma est un ressenti et que la compréhension d’un film ne peut être que personnelle. Azéma et Consigny se superposent au même rôle, mais pourtant, elles n’en ont pas la même vision: l’une plus lunatique et l’autre qui semble avoir peur de vivre et qui se réfugie alors dans une tristesse permanente. C’est le principe même de l’identification au fictif que nous montre Resnais, certes si on prend le film au pied de la lettre, ils jouent les rôles qu’ils ont joué avant, mais en généralisant ce propos on voit alors que l’identification est un phénomène courant et surtout qui bouleverse. D’un point de vu du statut de comédien, Resnais montre que le rôle est comme un fantôme qui hante, et qu’il ne se sépare jamais de son corps palpable. On retrouve ici l’impression que l’acteur n’est qu’un porte parole de l’éternité artistique.

    “Vous n’avez rien vu” est en lui-même un film qui s’accompagne de longueurs et de quelques faiblesses, mais ces dernières sont si rapidement cachées par une envie de théoriser et de faire partager au spectateur un constat sur le cinéma. Resnais signe un film-leçon qui restera sans doute dans une histoire du cinéma qui existe en dehors des sentiers commerciaux.
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