Après Guediguian la semaine dernière, Emmanuel Mouret cette semaine : les réalisateurs originaires de Marseille font très fort en ce moment, avec, à chaque fois, des films qui continuent de creuser le sillon de ce qu'il y a de meilleur dans le cinéma français au lieu de s'égarer dans des copies plus ou moins réussies du cinéma américain. Comme les films précédents de Mouret, "L'Art d'aimer" s’intéresse au sentiment amoureux et au jeu du désir et de la séduction. Comme dans ses films précédents, Emmanuel Mouret porte sur ce sentiment et ces jeux un regard comique et doucement décalé qui rappelle autant Woody Allen qu’Éric Rohmer. Contradiction de citer Woody Allen par rapport à ce que j'ai écrit plus haut ? Non, Woody Allen étant le plus français des réalisateurs américains ! A mi chemin entre film à sketchs et film choral, "L'art d'aimer", titre emprunté à Ovide, suit plusieurs petites histoires en parallèle, centrées autour de personnages malchanceux en amour, mais souvent chanceux dans leur malchance. "Tous les personnages de mon film sont en échec par rapport à leurs propres désirs et, en même temps, pour la plupart, il s’agit d’un échec heureux", explique le cinéaste de 41 ans. D'après lui, ses films se penchent davantage sur le désir que sur l’amour en tant que tel. "L’amour est un mot qui englobe tellement de choses et qui peut même être mièvre", dit-il. "C’est pourquoi je trouve cela plus intéressant de parler de désir. Le désir est une sorte de Cupidon qui tire ses flèches et qui change parfois de cibles. Ce sont ces mouvements qui m’intéressent et surtout comment les personnages se débrouillent avec cela". Le film réunit à l’écran Frédérique Bel (dont il s’agit de la quatrième collaboration avec Mouret), François Cluzet (il a retrouvé l'usage de ses jambes et de ses bras !), Judith Godrèche, Julie Depardieu, Pascale Arbillot, Philippe Magnan, et Gaspard Ulliel, Ariane Ascaride (dans un rôle très différent de celui qu'elle joue chez Guediguian), Laurent Stocker, entre autres. Avec son montage astucieux, ses scènes presque toujours drôles et parfois loufoques, "L'art d'aimer" est bien dans la lignée du Mouret qu'on aime tant depuis "changement d'adresse".