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Estonius
3 433 abonnés
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2,0
Publiée le 6 mai 2017
Ça commençait plutôt bien (quoi qu'un frère et une sœur célibataires qui achètent un manoir ensemble…) mais au bout d'une demi-heure tout part en vrille, ça devient d'abord très compliqué avant de sombrer dans l'absurde et le ridicule à la fin. Même si on peut retenir l'excellence de la photo, la bonne interprétation de Ray Milland, la présence de la jeune et sémillante Gail Russell, ainsi que la beauté mature de l'envoûtante Cornelia Otis Skinner, ce film de fantômes au premier degré n'a vraiment rien de terrible !
Le film de maison hantée est devenu un genre à part entière dans le cinéma d'horreur, avec ses codes et ses archétypes. Mais en 1944, année où Lewis Allen réalise "La Falaise mystérieuse", le genre est quasiment inexistant. Le fantastique existe au cinéma mais par le biais des monstres popularisés par la Universal. Et si le "Rebecca" réalisé par Hitchcock a des allures de conte gothique avec sa maison étrange, il ne s'aventure pas pour autant dans le surnaturel. "La Falaise mystérieuse", premier long-métrage de son réalisateur franchit donc le pas en nous contant l'histoire d'un frère et de sa sœur, Roderick et Pamela, qui décident d'acheter un superbe manoir surplombant une falaise en Cornouailles. Les deux tombent vite sous le charme de l'habitation et en tirent un bon prix. Mais la nuit, des sanglots de femmes se font résonnent dans le manoir et le vent fait frémir les fenêtres... Roderick et sa sœur décident donc de percer le secret de cette demeure, secret auquel la belle Stella, qui ne laisse guère Roderick indifférent, semble être liée... Reconnaissons d'emblée à "La Falaise mystérieuse" ses qualités. Pour une réalisation de 1944, on y frissonne encore énormément d'effroi. Et pour cause ! Aidé par Charles Lang à la photographie (on lui doit les éclairages de "L'aventure de Madame Muir" ou encore de "Certains l'aiment chaud"), Lewis Allen met en place une ambiance particulièrement terrifiante quand le manoir laisse libre cours à l'esprit qui le hante. Impossible de ne pas avoir la chair de poule en entendant ces sanglots nocturnes ou en découvrant les images spectrales du fantôme. Ajoutez à cela un éclairage jouant parfaitement avec la lueur des bougies dans l'obscurité et vous obtenez de délicieux frissons ! Il est alors dommage de constater que pour un film misant tout sur le surnaturel, il est extraordinairement bavard. On se retrouve vite avec des personnages qui flirtent et qui parlent beaucoup pour rendre le mystère du manoir compréhensible aux spectateurs. Certaines scènes en deviennent quasiment interminables, étirées dans des enchevêtrements narratifs alambiqués et un peu artificiels. Heureusement, le charisme de Ray Milland et le charme fou de Gail Russell dans le rôle de la fragile Stella viennent ajouter un peu de piment à ces moments laborieux et un peu mous. A y regarder de vraiment près, "La Falaise mystérieuse" manque sérieusement de rythme. On est parfois à deux doigts de l'ennui tandis que les personnages papotent tranquillement, parfois plus occupés par leur romance naissante que par le mystère du manoir. Pourtant pas de doute, c'est dans le manoir que se trouve le vrai point fort du film avec une utilisation parcimonieuse des effets terrifiants pour un rendu vraiment saisissant ! Peut-être l'utilisation de ces effets est-elle trop parcimonieuse car nous n'aurions vraiment pas été contre une ou deux scènes de plus dans ce manoir gothique à souhait. On fera avec ce qu'on a, conscient de la qualité d'une œuvre qui, plus de 70 ans après sa sortie, nous fait les mêmes effets qu'un "Sinister" ou qu'un "Conjuring" quand elle décide de s'y mettre sérieusement.
Tout a un secret ici. La maison et la jeune femme. Le couple achète aveuglément une maison qui leur donne l’occasion de percer une sombre affaire de famille où un meurtre a été commis. J’y vois un mélange d’Agatha Christie pour l’intrigue et d’Hitchcok pour l’ambiance fantastique. Les bougies dont la flamme vacille ou la pièce mystérieuse qui souffle un air glacial. La jeune fille est le personnage le plus intéressant avec miss Halloway, étrange et inquiétante. L’intrigue est opaque à souhait mais on peut lui préférer « madame Muir » plus intense et d’un romantisme baroque fulgurant.
"La falaise mystérieuse" est le premier film réalisé par Lewis Allen qui mènera une carrière assez terne au sein de la Paramount avant de se rabattre sur la télévision à partir des années 50. Le film produit par Charles Brackett, le scénariste attitré de Billy Wilder d'après un romande Dorothy Macardie suit incontestablement la voie tracée quatre ans plus tôt par Alfred Hitchcock qui pour son premier film à Hollywood avait livré un chef d'œuvre du suspense gothique avec "Rebecca" adapté du roman de Daphne du Maurier. La RKO avait de son côté confié avec succès à Val Lewton la production de petits films d'angoisse psychologique dirigés par Mark Robson ("Le Vaisseau fantôme" et " La septième victime" en 1943) et Jacques Tourneur. ("La féline" en 1942, "Vaudou" en 1943). Bizarrement la Paramount décida de s'insérer furtivement dans cette mouvance assez éloignée de la tonalité générale de son catalogue davantage orienté vers le glamour et la romance. Cela explique peut-être la présence d'un novice derrière la caméra que l'on entoura malgré tout de techniciens expérimentés comme le chef opérateur Charles Lang. Si l'on retrouve le spectre d'une défunte au passé trouble et mystérieux comme dans "Rebecca", celle-ci ne bénéficie pas pour entretenir le mystère de la présence magnétique de la très troublante et ambiguë Judith Anderson qui incarnait chez Hitchcock Mrs Danvers, la gouvernante du domaine de Manderley dont les sentiments lesbiens à l'égard de sa maîtresse la poussaient à terroriser sa remplaçante (Joan Fontaine). Si les ingrédients notamment visuels sont globalement les mêmes chez Lewis Allen, la présence rassurante de Ray Milland qui a choisi de s'installer avec sa sœur dans une somptueuse demeure isolée en surplomb d'une falaise de Cornouailles pour aussitôt après ne songer qu'à nouer une idylle avec la très gracile fille (Gay Russell) du propriétaire de la demeure, plombe un peu les jolis effets spéciaux de Farciot Edouart et le travail d'ambiance délivré par Charles Lang. Le pire étant constitué par le face-à-face final entre Milland et le fantôme qui relève d'un comique un peu ridicule. Certains ont voulu voir dans ce mélange parfois déroutant le signe d'une œuvre charnière préparant la venue des grands films de maison hantée que sont "L'aventure de Mme Muir" de Joseph Mankiewicz (1946), "Les innocents" de Jack Clayton (1961) et "La maison hantée" de Robert Wise(1964). Si le film du fait de la contradiction qui l'habite entre le genre qu'il revendique et le traitement qu'il en propose peut attirer la sympathie, voir en lui un précurseur ou un chaînon manquant est peut-être excessif.
Voici un petit classique en noir et blanc pour les amateurs de films de fantômes et de maisons hantées, aux décors gothiques et à l'ambiance fantastique, une oeuvre dans la veine de "Rebecca" et de "L'aventure de Madame Muir".
S’il faut aujourd’hui voir ou revoir The Uninvited, l’une des principales sources d’inspiration de Dark Shadows, série et film (pour n’en citer qu’un seul exemple), c’est, au-delà du tournant qu’il marque dans l’histoire du cinéma fantastique, en raison de sa propension à faire de la maison hantée non un simple décorum mais un moyeu autour duquel gravitent protagonistes et intrigue, les actions individuelles et collectives n’ayant de cesse de s’organiser en fonction de cette grande bâtisse construite face à la mer depuis plusieurs générations. L’atout majeur du long métrage est à n’en pas douter sa photographie splendide qui travaille la lumière et l’obscurité de façon intelligente, isolant un ou plusieurs personnages visibles seulement par la flamme d’une bougie, qui se saisit de l’architecture intérieure de la maison comme d’un foyer optique dont les fenêtres apparaissent comme autant de projections vers un ailleurs synonyme d’incertitude et de mystère – en témoigne la falaise vers laquelle est irrépressiblement attirée la jeune femme de vingt ans. Notons également le ton, oscillant entre fantastique et comique sans qu’un tel alliage ne provoque de fausse note ; les personnages bénéficient d’une profondeur véritable que le film prend la peine de creuser lors de sa première demi-heure. En résulte une légère impression de piétinement qui se résout aussitôt survenus les signes de présence surnaturelle, que nous tentons de décrypter en compagnie des protagonistes. The Uninvited réussit à mettre en scène sa menace sans recourir à des artifices exagérés ou balourds, et c’est ce que l’on retiendra d’une œuvre attachante, pierre angulaire du cinéma fantastique.
Un peu l'ancêtre des "films de maisons hantées", cette oeuvre y aurait gagné si le réalisateur avait su rendre l'atmosphère plus oppressante et si l'histoire (et surtout la révélation de l'enigme) était un peu moins confuse. Reste l'interprétation impeccable de l'excellent Ray Milland et la révélation de la jeune Gail Russell dans un de ses premiers rôles, des décors délicieusement gothiques et de très bons trucages. "La Falaise mystérieuse" malgré ses défauts reste un film tout à fait honorable.
Rendons à Caesar ce qui appartient à Caesar: ce film fut tourné en 1944, donc personne ne savait que les Allemandes n'en avait plus pour longtemps. Modeste budget correspondait aux restrictions imposées par la crise financière (qui accompagne inévitablement tous les conflits armés). A l'époque, les acteurs se rongeaient les ongles avant la première, car ils avaient été payé en fonction de la recette. Les effets spéciaux basiques (camera qui égare le focus, pour rendre la magnificence au visage de l'actrice sous l'air de flou artistique - superposition de deux enregistrements pour faire crédible un déplacement au sommet de la falaise) rencontraient la tolérance d'un public avide des sentiments. Qu'est ce qui nous reste, après avoir éliminé le marketing ? Juste un scénario. Juste un jeux des acteurs. Juste une musique. Grand merci à Monsieur Allen, ça fait du bien de replonger dans l'univers des vrais passionnés du cinéma. P.S. Une toute petite étoile en moins pour un démarrage vraiment longuet...