20 ans après sa mort officielle en 1908, l'envie prend au célèbre Butch Cassidy de quitter la Bolivie et de rentrer chez lui, aux Etat-Unis, pour y retrouver son neveu présumé, auquel il envoie des lettres depuis plusieurs années...
C'est un western atypique, oui. Et c'est un western magnifique, oui. Par la magie du cinéma, Mateo Gil fait revivre le mythe Butch Cassidy, remettant sur le plancher donc la fameuse et superbe histoire contée par George Roy Hill en 1969, "Butch Cassidy & The Sundance Kid". Et quelle virtuosité ! Dans la plus grande modestie et simplicité, le metteur en scène réalise un western hors du temps, tout à fait singulier, presque un ovni. La véritable bouffée d'air frais du genre cette année s'appelle "Blackthorn" et non "True Grit". Car Gil a la courtoisie de raconter quelque chose de passionnant et d'original, les Coen n'ont tiré qu'un remake d'un bon bouquin. Il n'y a rien à dire de très négatif sur ce western enchanteur, crépusculaire si l'on puis dire, et filmé avec un talent fou. Le réalisateur magnifie les paysages, et fait dégager toute la grandeur des grands espaces du Far West plus si loin que ça en 1928. Là où "True Grit" ne choquait pas tellement visuellement, "Blackthorn" tape dans l'oeil. Les acteurs sont parfaits, Sam Shepard est génial, et la ressemblance avec son acteur ego de jeunesse est troublante. Déjà un bon point. En fait, tout ce que je peux reprocher à ce film, c'est la personnalité de Butch dans ses flashs back. Oui, car dans ce film, c'est plutôt le Sundance Kid qui adopte le caractère désinvolte de Paul Newman dans le film de 1969. L'inverse de l'original donc, mais c'est un détail pour les cinéphiles, et plutôt un amusement pour les fans de westerns.
Donc, je suis sorti de "Blackthorn" ravi, content, quelque chose comme rafistolé d'un peu partout, et le sourire aux lèvres. Je n'ai vaincu le film, c'est lui qui m'a vaincu. Et comment, car à la fin, on ne dira plus James Blackthorn alias Butch Cassidy mais plutôt Butch Cassidy alias James Blackthorn. Une illustration à qui on laisse le mot de la fin à John Ford : "Quand la légende dépasse la réalité, imprimez la légende". C'est fait.