Beaucoup n’aura pas aimé le travail de Gareth Edwards sur Monsters, son premier long métrage, dont il tire toutes les ficelles. Réalisateur, scénariste, directeur de la photographie et partiellement producteur, Edwards endosse quasiment toutes les casquettes pour livrer un film de monstres, un film de Science-fiction ou encore un film catastrophe d’un tout autre genre que les coutumiers Blockbuster de la saison chaude. Insatisfait de l’aspect des créatures, déçu par le manque d’action, le manque de rythme, d’évènements, le public aura laissé filer là une très belle leçon de cinéma fait avec des moyens pour le moins dérisoires. Un budget avoisinant les 200'000 dollars, une brindille au jour d’aujourd’hui, ne permet pas de se lancer dans le spectacle sans réelle réflexion sur le fond. La richesse du cinéma indépendant, en somme, qui se doit de raconter quelque chose d’innovant à défaut de divertir bêtement.
Le départ de Monsters est certes un peu chaotique, mais l’on prend bien vite ses marques, lorsque Koulder et sa compagne, Sam, se lance dans l’aventure. Un duo improbable, l’employé chargé de rapatrier la fille de son patron, se lance sur les routes, les voies navigables, à destination de leur pays, Les Etats-Unis. La moitié supérieure du Mexique étant considérée comme zone infectée, le voyage sera plus difficile que prévu. Parallèlement à leurs tribulations, les deux compagnons de voyage se rapprocheront l’un de l’autre au fil des péripéties, donnant lieu à une romance toute légère qui vient conclure, l’on pouvait s’y attendre, le film par une scène tout à fait ordinaire d’embrassade, à la suite d’une drôle de rencontre entre deux créatures. A chacun de trouver le sens plus ou moins caché de ce final, qui là encore, n’aura pas captivé l’ensemble du public.
Honnêtement, le film d’Edwards n’est pas très captivant mais sort du lot de par son environnement. Cette escapade en plein territoire mexicain infecté par une vie extraterrestre suite à une bavure de la NASA, américaine, nous fait découvrir une très belle brochette de prises de vues splendides. Qu’il s’agisse de filmer le paysage ou la population locale, Edwards a parfaitement saisi l’essence même la culture centre-américaine. Pour y avoir séjourné, j’ai reconnu en ses personnages latinos les traits de caractère qui les rend si particulier. Appât du gain, soif de s’enrichir sur le dos des visiteurs, amabilité toute relative et j’en passe. Edwards aura dressé un portait tout en finesse de la population mexicaine alors que les manipulations, les expériences spatiales du grand voisin américain ont rendu leur pays invivable.
Loin de la panique et des cris courants dans les films du même genre, le récit d’Edwards est doux, lyrique, terre-à-terre. En cela, le film, selon moi, est une réussite. L’on ressent de la sympathie pour les personnages principaux, une curiosité croissante pour le contexte et de l’admiration pour un réalisateur qui aura su en faire autant avec si peu. Que ses détracteurs comprennent que l’argent est nécessaire pour les impressionner. Ce n’est pas le cas ici. Bien malin celui qui avec un tel budget, nous fera revivre une aventure similaire. Bon, restons sur terre, Monsters n’est ni un chef d’œuvre du ciné indépendant ni un bouleversement de notre routine de cinéphile. Mais quand même … 14/20