Monsters est un très bon film, qui je trouve réussi l’exploit de ne pas miser sur le spectaculaire et en même temps de ne pas être trop lent, bavard et ennuyeux.
Cela il le doit notamment à un excellent duo d’acteurs peu connus, qui livrent tout deux des prestations remarquables de justesse, de finesse, et de réalisme. Sans jamais surjouer, et surtout sans jamais tomber dans le pathos, ils interprètent deux « monsieur et madame tout le monde » lancé au milieu d’un survival avec une grande authenticité, et une grande précision. Honnêtement j’ai été très agréablement surpris, d’autant que leurs personnages sont vraiment bien creusés, et ne tombent jamais dans les clichés faciles. En clair non le mec n’emballe pas la nana en 5 minutes comme c’est normalement le cas dans ce genre de film. A noter que les seconds rôles, bien que pour le coup vraiment secondaires ne déméritent pas non plus, et renforcent le sentiment de réalisme de l’ensemble.
Le scénario est bon lui aussi. Monsters n’a donc rien de spectaculaire (trois scènes surnagent dans un film d’1 heure 35), les monstres apparaissent en effet fort peu, mais malgré cela, il est très plaisant à suivre. Parfois un peu languissant, il n’est pour autant pas ennuyeux grâce à des rebondissements bien distillés, des dialogues soignés, des acteurs prenants, un souci de réalisme brillant, et surtout le film dégage une mélancolie très road-movie absolument surprenant. Poétique à souhait, Monsters est une expérience des plus agréables, nous ramenant plus d’une fois à la contemplation, à la méditation, à l’essentiel. Par moment on a presque envie d’être à la place des héros, sous un ciel étoilé, au milieu de la jungle, avec la canopée à ses pieds. C’est étonnant. La fin est un soupçon abrupt, mais on ne va pas chipoter.
Visuellement Edwards est génial. La mise en scène est impeccable, les choix pour masquer le manque de budget sont toujours pertinents, les quelques rares scènes spectaculaires sont superbement réalisées, et Edwards exploite ses décors de façon magistrale, nous livrant notamment en ce sens une descente de rivière totalement jouissive. Alors je ne sais pas ce qu’Edwards a fait avec Godzilla, mais en tout état de cause ce premier film est une réussite totale de ce côté-là, ce qui ne m’étonne pas qu’on lui ait confié si vite une grosse production. La photographie est magnifique, avec surtout un usage des couleurs qui décape. Ce film est sublime de ce point de vue. Les décors donc ne sont pas en reste, car si le film a barré la case effets spéciaux (à quelques exceptions près) il a en revanche bien appuyé pour rendre son « apocalypse » crédible. C’est tout à fait au point, de ce côté là rien à redire. Les fx sont donc peu nombreux mais toujours percutants. Les créatures on de l’allure, et il vaut mieux faire peu mais bien, que beaucoup et nul comme chez The Asylum. Travail musical enfin superbe, toujours dans ce ton mélancolique que j’évoquais plus haut. Très bon point, toujours utilisée à propos.
En clair voilà un métrage très réussi pour lequel je serai sévère, compte tenu du budget et du résultat, de ne pas mettre 5. C’est vrai qu’il est un peu lent, et qu’il y a une ou deux redondances. Mais quand même, le reste est juste brillant. Je le conseille vivement, sauf pour les inconditionnels d’action, mais, même eux je crois pourront se réconcilier avec un cinéma de genre moins nerveux avec Monsters.J'avoue, j'avais moi-même quelques craintes au début d'un pauvre film sentimental et gnangnan sur fond apocalyptique, mais non, c'est très bien.