Mis en avant sur la scène internationale avec Easy Money (Snabba Cash), le suédois Daniel Espinosa, adopté par le système Hollywoodien, toujours avide de découvertes européennes, est chargé de mettre en scène le scénario téléfilm de David Guggenheim. C’est donc sur une base classique et redondante que le réalisateur devra mettre du relief et du savoir faire dans un film porté par l’inégal Ryan Reynolds et le brillant Denzel Washinghton. Barrière de fond, résultat mitigé de la forme.
Daniel Espinosa choisit d’emblé une esthétique de traitement de lumière. Hélas, comme si filmer le cinéma « du monde » (nous sommes ici à Captown) impliquait un effet de pellicule avec grain, (on pense au cinéma hispanique de Curaon, Inarritu…) le réalisateur impose une chartre graphique. A défaut d’être surprenante, il convient d’admettre qu’elle est de mise, voire sort le film du genre dans lequel on l’attendait. Le premier écho semble réussit.
Une fois l’intrigue lancée sous cet aspect graphique, une immersion est alors possible. Et elle tient. Le problème de Daniel Espinosa se situe plus dans la lecture qu’il tente de nous faire admettre. Caméra épaule en action, son style saccadé fait oublier son savoir faire de scènes plus classiques qu’on lui connaissait sur son précédent métrage. Comme-ci l’exécutif forçait le réalisateur à aller vers une réalisation plus tendance en oubliant l’essence même de ce qu’est la mise en scène, principal problème du film.
Mais le spectateur n’est pas venue voir un Murnau. Hormis toutes ces considérations, Sécurité rapprochée est un film d’action, aux scènes haletantes, les courses poursuites en voitures sont impeccables et soulignent de manière appuyée le côté Jason Bourne que l’œuvre tente de copier. Thriller rythmé, le métrage ne sort cependant pas de son sens unilatéral de course-poursuite. Parsemés ça et là, quelques rebondissements sans réelles surprises viennent faire leur apparition. En somme, on reste dans le film d’action classique, efficace mais sans renouveau du genre. À ce titre la fin de l’intrigue est tellement prévisible qu’on se risque à projeter l’ensemble de notre intérêt sur l’aspect purement visuel de l’œuvre.
Denzel Washington, le professionnalisme incarné, la soixantaine à proximité, montre une fois de plus, l’étendu de son talent. D’un charisme magistral, le comédien montre une fois de plus comment donner de l’impact à chacune des scènes dans lesquelles il est présent. Si certains reprocheront une redite de jeu avec rictus de mise et certaines mimiques faciles, nous serons plus de ceux qui adorent et reconnaissent le jeu indémodable du comédien. Prônant la méthode de l’Actors Studio, se livrant corps et âme, Washington ne lâche rien, donne à chaque séquence, plan, seconde, le meilleur de lui-même. Il en devient même le principal sujet du film. Bête de jeu, incarnation dans chacun de ses rôles, il confirme ici tout le bien qu’on pense de lui. Impressionnant.
Il reste alors peu de place à Ryan Reynolds, de toute façon plutôt irrégulier de jeu dans sa filmographie. En outre, ici, il sait tirer le meilleur des scènes laissées à sa portée. Un équilibre se fait alors entre la jeune recrue, classique du genre, et l’ex-agent de la CIA, incarné par Washington. Le duo donnera alors le meilleur de lui-même dans les dernières scènes du film plutôt banales mais qui fonctionnent.
Sans révolutionner le genre, Sécurité Rapprochée se veut le film d’action classique, qui avec la présence incarnée de Denzel Washington à l’écran et l’esthétisme marqué de la réalisation rappellent certaines œuvres de Tony Scott. S'il ne séduira qu’une partie des spectateurs, le film n’en est pas déplaisant.
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