Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
3,0
Publiée le 14 janvier 2016
Si je devais parler des points positifs de ce classique du cinéma français, je dirais d'abord qu'il dispose d'une réalisation efficace, d'interprètes convaincants (en particulier Gabin) et d'une fin magnifique. Le problème, c'est qu'à cause de pas mal de longueurs je n'ai pas vraiment adhéré à l'histoire.
Quel film magnifique ! Du pur cinéma d'auteur, loin du réalisme ou du romantique vécu, tout se joue au travers d' images à la fois irréelles et symboliques, devenues mythiques avec le temps passé. Jean Gabin y tient une grande place. Il parle, rit, déprime, se fait charmeur, violent, enjoué, tyrannique et même il chante, il offre ainsi la panoplie de l'acteur absolu. Mireille Balin est diaphane, elle pourrait être un rêve, c'est la femme fatale que l'on ne peut saisir , elle y est admirablement photographiée. La mise en scène de Duvivier suit pas à pas les différents protagonistes avec des montées lyriques ou tragiques; c'est du travail d'artiste.Il faut revoir Pépé le Moko ne serait-ce que pour une séquence de quelques instants, la plus nostalgique que j'ai pu vivre au cinéma : lorsque Frehel âgée se met à reprendre les paroles chantées de sa jeunesse qui s' échappent d'un phonographe des années 30…Les larmes qui envahissent ses yeux envahissent aussi les nôtres…Une merveille de ressenti que seul le septième art est capable de nous offrir de cette manière. Et il y a tant d'autres choses à dire...
si la fin est un peu conventionnelle et s'inscrit dans la tradition du mélo, le reste du film se situe plus dans une veine naturaliste et décrit avec un certain réalisme (sans l'édulcorer ni tomber dans l'exotisme facile)le milieu semi interlope de la casbah d'Alger. la description de ce milieu qui n'existe plus est d'autant plus intéressante et poétique qu'elle date de l'époque et donc n'est pas reformatée par rapport à notre mentalité d'aujourd'hui. Bien sûr on pourrait être choqué par l'utilisation du mot nègre et le personnage du métèque fourbe incarné par Dalio qui peut évoquer certaines idéologies d'avant guerre qui ont amené à la catastrophe. Mais on ne peut suspecter ( sans tomber dans l'anachronisme et le politiquement correct ) le metteur en scène de verser dans ces idéologies dans la mesure ou il est manifestement plus proche affectivement du petit peuple de la casbah qu'il décrit avec une certaine tendresse que des bourgeois venant s'encanailler qu'il ridiculise dans le film.
Bien sûr, on peut trouver un certain charme à voir évoluer et cabotiner toutes ces stars des années trente/quarante. Néanmoins ce film est non seulement terriblement daté, mais il passe difficilement la rampe aujourd'hui. D'autres films de la même période sont beaucoup moins caricaturaux. Celui-ci représente vraiment un concentré de l'idéologie colonialiste et raciste qui sévissait alors. Au générique, on apprend d'ailleurs que Dalio joue "l'Arbi", sic. Et on pense à la chanson "Pan pan l'Arbi" du chansonnier Montheus et à l'hymne des Zouaves. Le film nous parle aussi des "Nègres". Ca remonte à soixante-quinze ans, mais ça en dit tout de même long sur les mentalités de l'époque. Pépé le Moko apparait donc comme une sorte de document sur ce passé, peu glorieux et heureusement révolu, mais difficile d'y voir un chef d'oeuvre impérissable...
Alors qu’il débute comme un film de gangsters dont le contexte semble augurer de magnifiques scènes de courses-poursuites entre malfaiteurs et policiers dans cette casbah algérienne superbement reconstituée entre Paris et Marseille, le scénario de Pépé le Moko dévie rapidement vers celui d’un drame romantique assez simpliste que l’on devine voué à une conclusion tragique. Avec une mise en scène s’approchant du réalisme poétique, Julien Duvivier nous livre des images exotiques resplendissantes de l’Algérie et de l’atmosphère sordide de ses bas-fonds peuplés de personnages hauts en couleurs, mais que l’idéologie colonialiste encore d’actualité dans les années trente rendent aujourd’hui assez dérangeantes à redécouvrir. Si l’on accepte de ne pas y porter de jugement, on profite alors pleinement de ce film d’ambiance où Jean Gabin déblatère de succulents dialogues d’époque.
Cette Casbah se veut fidèle à l'originale mais ça sent bien le studio, dialogues toujours bien ciselés avec mots d'auteurs, en 37 les textes ressemblaient plus à un concours de vannes que nos textes actuels. Le noir et blanc est beau mais la focale est bien souvent trop flou sur les contour de l'image. Ce besoin qu'à Pépé de voler pour s'évader de cet Alger qui l'étouffe, l'amour semble être la solution sauf que le gentil voyou n'est qu'une distraction pour la bourgeoise en mal de frisson, Pépé sait sentir la police mais il ne voit pas arriver les traquenards de l'amour et mal lui en prendra... La petite bande est sympathique, ça surjoue (style de jeu en vigueur) comme d'habitude, ça ne me transporte pas des masses comme film... Je pense voir de meilleurs films de Gabin un jour...
Si le pitch est relativement simple, un caïd planqué dans la casbah d'Alger qui se fait piéger par la police suite à un coup de foudre et ses complications... mais la réalisation est bluffante avec la reconstitution de la casbah en studio, l'ambiance est très bien rendue et certaines scènes sont de véritables morceaux d'anthologie (l'exécution du premier indic). Gabin est impérial, personnage complexe, macho, autoritaire fort en gueule mais sachant faire preuve de tendresse et même de fantaisie. Bref on est loin de tout manichéisme ! Luca Gridoux nous joue un personnage aussi complexe que retors et visqueux, quant à Charpin en traitre minable, on le prendrait presque en pitié tellement il est dans son rôle. Les femmes jouent un rôle important dans ce film puisque c'est le belle Mireille Balin qui sans le vouloir conduira Gabin à sa perte, et son rôle de demi-mondaine qui ne s'en laisse pas conter est bien rendue tout comme celui d'Inès (la trop rare Line Noro), très belle dans son rôle de femme amoureuse et soumise. Quant à Frehel qui vient nous pousser la chansonnette, elle réussit à nous émouvoir en jouant quasiment son propre rôle ! Evidemment on pourra s'étonner que Gabin spoiler: meurt aussi vite après s'être ouvert les veines, mais on pardonne. Une interprétation efficace, de bonnes répliques (les textes sont de Jeanson), des personnages haut en couleur, un grand film !
Un très bon film français ! Jean Gabin incarne un gangster très recherché par la police française. Il se cache dans les rues de la Casbah d'Alger. Il ne peut en sortir s'en être arrêté. Il doit donc résider "de force" dans ce quartier historique très bien reconstitué. Il y perd ses repères et les retrouve en la personne de Gaby, parisienne qui lui rappelle ses origines, d'où il vient. C'est pourquoi il s'éprend d'amour pour elle. Cependant, Ines, une Algérienne, est elle aussi éprise de Jean Gabin. C'est comme si l'Algérie voulait le garder et que la France voulait le reprendre. Ajoutons également la présence de ce point de vue populaire très fréquent dans les films français de l'époque. Ceci va le conduire à sa perte. Nous avons donc un très beau film !
Pépé le Moko s'inscrit dans les plus beaux films français, c'est à dire ceux réalisés dans les années 30 et 40. Jean Gabin tient sans doute son plus beau rôle dans la peau de Pépé, jeune truand réfugié dans la Casbah d'Alger qui va s'éprendre d'une jeune parisienne en vacances. Que ce soit l'intrigue, les acteurs, la photographie, la mise en scène ou la musique, tout confère à rendre ce film assez délicieux. Je ne me lasse pas de voir ce beau film français.
Une reconstitution de la casbah époustouflante, un grand Gabin, l'apparition de Frehel. Bien sûr, le film a vieilli mais on le regarde avec un grand plaisir. Les temps ont bien changé car Mireille Balin, considérée à l'époque comme l'une des plus belles femmes du cinéma, ne parait plus très charmante aujourd'hui avec sa coiffure plate et ses sourcils épilés.
Pépé le Moko malfaiteur calfeutré et protégé dans un labyrinthe sécuritaire lui ôtant tous repères sensibles redécouvre l’art d’aimer et ses procédures suite à une vision sublime. Un appât rapatrié sur site par un inspecteur de police revanchard.
Un malfrat condamné au placard éternel se fragilise jusqu'à l’extrême en se libérant d’une enveloppe environnante méfiante et agressive fabriquée par des accompagnateurs poisseux, paresseux, possessifs, sales, toujours prêt à trahir pour se répandre à l’aide d’un paroxysme émotionnel vers un sacrifice amoureux faisant d’une bête aux abois un homme reconstruit par l'attirance.
Un beau film sur le réveil des sens dans un environnement carcéral protecteur mais isolant une ressource d'un patrimoine quitté précipitamment que l'on redécouvre à deux le temps d’un souffle.
C'est un film que j'ai depuis bon nombre d'années mais je ne l'avais jamais vu et par un hasard il me prend la soudaine envie de le voir, et je dois dire que j'ai apprécié, j'aurai dû le voir plus tôt. De Duvivier je n'ai vu que des Don Camillo lors de ma tendre jeunesse, et je n'en garde pas forcément un souvenir extraordinaire, d'un truc sympa mais sans plus, enfin je ne vais pas juger un réalisateur sur un souvenir qui date de plus de 15 ans, enfin toujours est-il que ce Pépé le Moko est un bon film et ceci pour plusieurs raisons, bien sûr il y a Gabin, mais je dirai plutôt que c'est dans cette atmosphère qui se dégage du film on est vraiment à Alger, la présentation de la Casbah est vraiment belle, on arrive à sentir ces sentiers sinueux, ces escaliers, ces toits qui communiquent tous ensemble, ces rues qui peuvent se révéler être des coupes gorges. Bref il y a un véritable effort qui a été fait sur l'ambiance du film et ça c'est vraiment plaisant. L'autre point fort est pour moi la qualité des dialogues, c'est un régal, c'est drôle, juste, et c'est un plaisir pour les oreilles d'entendre ces voyous s'insulter. Le tout combiné à une belle histoire, assez universelle, une très belle fin, une mise en scène comme je le disais qui arrive à faire sentir cette ambiance algérienne, je pense qu'on a tout pour faire un film éminemment sympathique.
Ce film, parmi les meilleurs réalisé par julien Duvivier, est l'exemple type de ce cinéma arrivé à sa pleine maturité et qui va se nourrir des apports cultuels de chacune des nations qui contribue à l'époque à la construction de cet édifice complexe qu'est le 7ème art... Influencé par le cinéma américain tout autant qu'il a contribué à son niveau à lui ouvrir l'horizon vers de nouvelles perspectives, "Pépé le Moko" emprunte son esthétisme à Von Sternberg, dans le soin apporté aux décors et à la lumière, ainsi que dans la vision fantasmée d'une casbah remplie d'ombres et de lumières, quelque part entre l'exotisme sensuel de "Shanghaï Express" et la mélancolie brumeuse de "Docks of New york". Se nourrissant de cette influence incontestable, "Pépé Le Moko" introduit par ailleurs ce qui deviendront les thématiques du film noir américain, femme fatale et destin tragique compris... Ce faisant, le film introduit une idée forte sur le Cinéma, internationaliste et sans frontières, où chacun, en dehors du lieu où il est né, ne s'exprime en fin de compte qu'avec un même langage contibuant, en utilisant ce qui a été et en apportant une pierre à l'édifice de ce qui sera, à la construction d'un art complexe et vivant.