Assassiné sur l’iMDB, assassiné sur allocine, décidément ce film au titre improbable n’était pas encourageant, et comme j’ai eu pas mal de déboires récents avec la firme Troma, j’ai hésité, et puis finalement, il y a des dinosaures, alors je me suis lancé. Et je ne regrette pas, c’est un film ultra-fauché certes mais qui se tient et qui est même un étonnant exercice de style.
Côté acteurs et bien ma foi j’ai plutôt été agréablement surpris, notamment par l’actrice principale, Linda Corwin, qui visiblement n’a pas voulu poursuivre comme actrice, et c’est assez dommage. En effet elle est bien mignonne, elle fait preuve d’un charisme assez convaincant en fille de la jungle, et elle déploie un jeu pas très expressif certes mais suffisant pour être appréciable. Elle est entourée d’acteurs pour beaucoup cachés sous des masques certes, mais de manière générale j’ai trouvé les personnages assez amusants, curieux, excentriques, et pas si mal bâtis que cela. Le méchant est par ailleurs tout à fait réussi à mon sens, malgré son costume cheap.
Le scénario est finalement résumable ainsi : lorsqu’il n’y a pas beaucoup de filles, les mecs se les arrachent, et c’est ce qui arrive à Linda Corwin ici. Honnêtement l’histoire a des coups de mou, et parfois on s’ennuie un peu. Il y a aussi un petit manque d’enjeux, avec un ensemble trop linéaire. Malgré tout il y a des efforts dans A Nymphoid Barbarian, pour offrir une série B qui lorgne ouvertement vers les films de monstres préhistoriques des années 30 à 60. Ces bandes souvent désuètes aujourd’hui, qui se contrefichaient royalement de la crédibilité et cherchées surtout à offrir un divertissement exotique au spectateur. Ce film c’est exactement cela. Ainsi il y a une pléiade de créatures toutes plus improbables les unes que les autres, une jolie fille en bikini, des paysages ici pas très exotiques mais tant pis, on compense par des décors hétéroclites. Le résultat est finalement presque émouvant par moment, on sent un hommage sincère, et sérieux malgré les maladresses. J’ai bien aimé.
Visuellement c’est fait avec deux bouts de ficelle aussi il ne faudra pas être trop regardant, pourtant j’ai trouvé que a Nymphoid Barbarian était là aussi pas si mal. D’abord le réalisateur offre un travail de qualité, en parvenant de manière quasi-miraculeuse à sauver du ridicule les apparitions de ses créatures, pourtant sommité du peu crédible. J’ai même trouvé les combats avec le ver de terre particulièrement attrayants. C’est rondement mené, il faut l’avouer. Les décors restent faibles, et ça sent en effet le carton-pâte plus d’une fois, mais il y a de la recherche, et c’est tout de même ce qu’il faut souligner. Le château fort à la fin est même plus chouette que celui de Beowulf tout en images de synthèse pouraves. Non, ce n’est pas si mauvais même si ça sent la débrouille. Reste la photographie, sobre, naturelle, qui ne cherche pas à faire d’exploit, et c’est tant mieux. Les effets spéciaux sont très artisanaux, mais très séduisants. Il y a ce côté généreux, sympathique, touchant, au même titre que le travail de Harryhausen par exemple. Alors attention ce n’est pas le même niveau, mais il y a cette dimension désuète plaisante. Il y a beaucoup de créatures dans ce film, même si elles n’apparaissent à chaque fois que peu de temps. Si le design des dinosaures va causer des suicides chez les paléontologues, néanmoins il faut reconnaitre qu’il y a beaucoup d’idées, une folle générosité, et si on regarde ce film avec des yeux d’enfants c’est un vrai régal. Personnellement qu’est-ce que j’aurai inventé des histoires après visionnage de ce film si je l’avais connu plus tôt ! D’ailleurs pour un métrage Troma c’est soft. Une ou deux scènes un peu violente, des tentatives de viols mais les méchants n’ont jamais le temps de déshabiller la fille, c’est léger en somme. Reste le problème de la musique, là très laborieuse. C’est une sorte de bouilli infâme au synthé qui casse beaucoup l’enthousiasme de certaines scènes.
En clair ce film ne mérite pas l’acharnement dont il est victime. Certes ce n’est pas le top, mais pour un métrage à budget minuscule, il ne se débrouille pas mal du tout, et j’ai trouvé qu’il avait les qualités requises dans ce genre de production. Des idées originales, une générosité sans faille, une envie de bien faire. Je lui accorde 3.5