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    Les Temps modernes
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    AMCHI
    AMCHI

    5 914 abonnés 5 936 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 août 2013
    Charlie Chaplin nous montre avec beaucoup d’humour cynique la vie moderne et ses travers, sa déshumanisation, comme toujours dans la plupart de ses réalisations l’émotion côtoie l’humour. De plus Les Temps Modernes comporte une scène devenue culte du 7ème Art, celle ou Charlot perd ses moyens dans l’usine avec sa chaîne de travail taylorien ; il y a aussi la séquence ou Chaplin patine dans un grand magasin qui est un beau moment de ce film.
    Zbrah
    Zbrah

    49 abonnés 365 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 avril 2014
    Les temps modernes marque la dernière apparition de Charlot, le personnage culte de Charles Chaplin. Accompagné de la magnifique Paulette Goddard, ce monument du cinéma (muet ou parlant) livre une critique intelligente de son pays en crise. Rien n'y est épargné que ce soient le système industriel, les manifestations dans les rues ou tout simplement les gens. Ce qui est sûr, c'est que le génie comique de Chaplin n'a pas pris une ride.
    Yoloyouraz
    Yoloyouraz

    34 abonnés 566 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 4 août 2008
    Tellement sympathique, le chef d'oeuvre de C.Chaplin rappelle que personnages sublimes, humour efficace, conclusion superbe et remarquable bande-sonore peuvent sous-peser à cause d'un script inégal.
    Mimit_le_vrai
    Mimit_le_vrai

    34 abonnés 504 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 5 janvier 2015
    Un bon film drôle dans l'ensemble, le talent comique de Charles Chaplin est incontestable. J'ai passé un bon petit moment devant ce divertissement. 12/20
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 17 novembre 2013
    Pourquoi j'ai des étoiles plein les yeux: Modern Times, d'après mes connaissances est le dernier film muet tourné à Hollywood. Peu de gens le savent mais c'est le film d'un artiste en plein doute, Chaplin a très mal vécu la révolution du parlant à la fin des années 20. Les Temps Modernes annonce les adieux du personnage de ''Charlot'' sur fond de crise économique, qu'il a pris conscience en voyageant avant de tourner son film, un message malheureusement toujours d'actualité. Une oeuvre juste et intelligente, en tout point parfaite et sans faille, la comédie n'a jamais été aussi délicieuse et noire à la fois, la manipulation des salariés, le chômage, le travail difficile et la crise ... Un cinéaste indépendant des autres, ses films sont indispensables et importants, surtout à l'époque de sa sortie. Si Chaplin a refusé de faire parler son personnage, le succès a été de taille malgré tout, car seul les paroles sont absentes et les bruitages des machines claquettent, jusqu'à un final haut en couleur dans une chanson sans sens (épique et incontournable, Charlot pose ses premières paroles à l'écran). C'est drôle, c'est touchant, c'est épique, c'est inquiétant, les Temps Modernes est une oeuvre que chaque être vivant se doit dans l'obligation de voir, pour un enrichissement culturel supplémentaire.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 27 novembre 2012
    charlot signe un chef d'oeuvre de plus dans sa filmographie .a ne pas manquer la scéne d' ouverture innoubliable
    Jack G
    Jack G

    6 abonnés 175 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 mai 2020
    Parmi les pépites du septième art, Les Temps modernes intègre incontestablement l’élite des chefs d’œuvres intemporels et inimitables, l’expression du talent d’un cinéaste au sommet de son art et dont la critique sociale et politique devient l’une des composantes essentielles.
    Le 24 octobre 1929, les Etats-Unis sont frappés d’un krach boursier sans précédent, qui marque le début d’une longue période de récession connue sous l’expression de « Grande Dépression ». En 1931, troublé par les ravages de cette crise sur le pays, attristé par la vision de la pauvreté croissante dans les rues, révolté par l’enrichissement d’une classe dominante, et inquiet des effets du capitalisme et de la mécanisation sur les conditions de travail des ouvriers, Charlie Chaplin décide de faire une pause dans sa carrière, une interruption qui commence au début de l’année 1931 et dure pendant plus d’un an. Ces inquiétudes sur l’état social et économique des Etats-Unis prennent leur source dans la naissance et les conséquences d’un courant économique devenu célèbre : le taylorisme.
    En 1911, Franck Taylor, ingénieur économiste, crée l’Organisation Scientifique du Travail (OST). Séduit par cette thèse, Henry Ford l’adopte dans ses usines et procure de grands profits. Ce modèle est ensuite repris par toutes les grandes entreprises et dès lors, l’homme ne devient qu’un rouage supplémentaire parmi toutes les machines. La mise en pratique de cette théorie aliène donc l’ouvrier à travers des mouvements répétés et une cadence de travail infernale, au service d’une économie capitaliste en pleine expansion.
    Durant ses congés sabbatiques, Chaplin visite l’Europe de l’Ouest (France et Suisse) et se rend même dans l’Empire du Japon, où il échappe de justesse à un assassinat à la suite de la tentative de coup d’état du 15 mai 1932. Malgré cet évènement, son séjour à l'étranger a un effet très stimulant pour Chaplin, principalement à la suite de ses rencontres avec quelques personnalités influentes comme Gandhi et Einstein, et il s'intéresse de plus en plus aux questions internationales. Toujours perturbé par la Grande Dépression, il redoute une explosion du chômage et de la pauvreté aux Etats-Unis. Et c’est dans le but de dénoncer les dérives du taylorisme que Chaplin se lance dans son nouveau projet cinématographique. De retour à Los Angeles en juin 1932, il rencontre en juillet l'actrice de 21 ans, Paulette Goddard, qui lui inspire le rôle de la gamine dans sa future production, initialement intitulée « Les Masses ».
    Depuis près de dix ans et la sortie du premier film sonore, Le Chanteur de Jazz, en 1927, Charlie Chaplin est tiraillé entre son attachement au muet et son constat d’un son qui risque de devenir incontournable. Tourmenté par ce choix cornélien, le réalisateur envisage, dans un premier temps, de faire un film parlant, allant même jusqu’à écrire un scénario dans ce sens. Peu convaincu après quelques répétitions, Chaplin décide d’abandonner les dialogues mais ne renie pas pour autant le son. Ainsi, comme ses prédécesseurs, Les Temps modernes utilise des effets sonores synchronisés. De plus, le long-métrage bénéficie d’une musique de grande qualité, composée par Alfred Newman, notamment connu pour être l’auteur de la célèbre fanfare de la 20th Century Fox. Mais en raison d’un perfectionnisme poussé à l’extrême de la part de Chaplin, le compositeur ne va pas jusqu’au bout du projet et quitte la production avant la fin du tournage. Toutefois, ce départ précipité n’empêche pas Les Temps Modernes d’être grandement connu grâce à l’un des morceaux empruntés les plus célèbres de la carrière de Chaplin. Dans un charabia dépourvu de sens et mêlant le français et l’italien, Charlot interprète la chanson « Je cherche après Titine », dévoilant ainsi pour la première fois le son de sa voix dans une scène mémorable située dans un restaurant où il est engagé comme serveur et chanteur.
    Mais la question du son n’est pas la seule source de contrariété pour le réalisateur. En effet, la brutalité du titre et le pessimisme de son premier script ne lui conviennent pas, et Chaplin préfère se rapprocher d’un ton burlesque et plein d’espoir qui le poussent à adopter le titre des « Temps Modernes » que l’on connaît aujourd’hui.
    Débuté en octobre 1934, le tournage prend fin en août 1935, et le résultat est présenté en février 1936 au cours d’une avant-première new-yorkaise. Comme il l’a fait pour Le Kid et Les Lumières de la ville, mais de manière plus accrue ici, Les Temps Modernes ne se cache pas d’être une satire politique et sociale, un aspect qui entraîne une forte couverture médiatique, même si Chaplin tente de minimiser le sujet. Il faut dire que dès le début, le ton est donné à travers une séquence où des ouvriers d’usine se rendant au travail sont comparés à un troupeau de moutons.
    Malgré la violence de sa critique, Chaplin sait conserver l’humour et le burlesque qui a fait son succès, même lorsqu’il s’attaque à la dénonciation d’une aliénation de l’homme par l’industrie et les machines. Ainsi, plusieurs gags de la première partie du film ont atteint le rang des séquences les plus connues de la filmographie de Charlie Chaplin, et plus largement, du septième art. On pense notamment à Charlot emmêlé dans les rouages d’une machine, où pris dans une série de spasmes incontrôlables, il se met à resserrer tous les boulons qu’il croise, quitte à se méprendre sur les boutons de la robe d’une employée pour son grand désespoir. Dans cette dernière scène, bien que l’humour soit au rendez-vous, le caractère satirique de la séquence ne laisse aucun doute, et ainsi, Chaplin montre une nouvelle fois son talent pour mélanger les genres, comme il l’a fait dans ses précédentes réalisations.
    En plus d’être une satire sociale déguisée sous une apparence burlesque, Les Temps modernes s’impose aussi comme une belle histoire d’amour. Charlot y rencontre une gamine aussi miséreuse que lui (interprétée par la belle Paulette Goddard) et ensemble, en se soutenant mutuellement dans le monde hostile du capitalisme et de l’oppression patronale, cette amitié se transforme en une idylle émouvante.
    Ainsi, malgré la genèse du film inscrite dans la cruelle réalité de son temps et le ton grave de son développement, l’amour et l’espoir ne sont pas oubliés par Chaplin, et sont même indispensables pour le message que le réalisateur a souhaité faire passer. Que ce soit à travers le songe d’une vie bucolique paradisiaque de la part de Charlot, de l’American Dream au sein d’une cabane abandonnée, ou d’un épilogue merveilleux, où l’aube est le symbole d’un optimisme et la route le cadre d’un départ commun vers de nouveaux jours. D’ailleurs, il est intéressant, pour revenir sur le ton initialement plus sombre pensé par Chaplin, de souligner que la conclusion devait être toute autre lorsque le projet, pas encore tourné, s’intitulait « Les Masses ». La jeune fille s’y retrouvait nonne alors que Charlot était hospitalisé à la suite d’une dépression nerveuse. A ce final sans espoir, le réalisateur a pertinemment choisi un dénouement positif et heureux, fidèle au message d’espoir qu’il offre à une classe exploitée.
    Le film connait un succès moindre que ses précédents films et les critiques sont plus mitigées, une partie de la presse reprochant à Chaplin une tentative de propagande des idéologies communistes. Depuis, Les Temps modernes est néanmoins devenu un classique, un chef d’œuvre qui ne vieillit pas. À la suite de cette sortie, Chaplin se rend en Extrême-Orient avec Paulette Goddard et les deux acteurs débutent ensuite une relation discrète, allant même jusqu’à se marier secrètement en Chine, avant que l’information ne soit révélée par Chaplin lui-même. Mais cette idylle affronte la controverse de 1938 liée au tournage d’Autant en emporte le vent, qui annonce le crépuscule de leur relation. Le couple s'éloigne rapidement l'un de l'autre pour se consacrer à leur travail : Goddard divorce finalement en 1942, en avançant qu'ils sont séparés depuis plus d'un an.
    Selon André Bazin, Les Temps Modernes est « la seule fable cinématographique à la mesure de la détresse de l’homme du 20ème siècle face à la mécanique sociale et technique ». En effet, par cette œuvre, Chaplin a su capter les enjeux sociaux et économiques de son époque et attirer l’attention sur ces derniers, en maniant aussi bien la légèreté et que la gravité du propos, fidèle à son talent éclectique et inimitable.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 12 juin 2007
    Film intelligent, drole, emouvant. Un must de Chaplin qui reste terriblement moderne.
    MaCultureGeek
    MaCultureGeek

    1 085 abonnés 1 224 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 janvier 2020
    Il n'y aura jamais suffisamment d'encre et de papier, de rédacteurs et de pages internet pour parvenir à vanter les mérites de l'artiste Chaplin, dont le génie visionnaire semblerait ne trouver aucune équivalence dans un cinéma politiquement engagé dont il ne reste aujourd'hui que des bribes trop discrètes. Si l'homme, taxé à l'époque de communiste, s'attaquait à tant de thématiques en si peu de mètres de bobines, l'efficacité de dénonciation qu'il collait à chaque image frôlait la perfection pure et dure, imposant son talent comme meilleure manière de dénoncer en divertissant.

    Toute la première partie, autrement dit la plus citée, mêle avec brio le désespoir des travailleurs utilisés puis jetés comme des outils obsolètes avec un burlesque généreux et désarçonnant, qui couvera souvent une hilarité salvatrice : Chaplin, pour le baroud d'honneur de son très cher Charlot, repousse toujours plus les limites de son art en intégrant astucieusement des éléments parlants à cette bobine pourtant presque entièrement muette, ajout qu'il répète deux fois.

    La première comme aliénation du travailleur par le contrôle d'une autorité tyrannique : le langage n'intervenant que par la technologie, il est constamment lié à la figure du patron d'usine et se rapporte à de la surveillance, presque de la persécution, atteinte étouffante aux libertés du peuple, que Chaplin allie habilement à la maladresse fantastique de son protagoniste, source inépuisable de séquences devenues cultes.

    On peut voir ici, outre une critique évidente du capitalisme et du contrôle des masses par un travail déshumanisant que les prolétaires considèrent, paradoxalement, comme un mal nécessaire pour continuer de survivre, une parabole dissimulée sur l'impact désastreux du cinéma parlant sur les films muets : à l'époque ultime défenseur populaire de cette parcelle du 7ème art en voie de disparition, il place le langage en premiers lieux comme un oppresseur puis, dans la même scène, comme source d'inspiration artistique aux premières manifestations du génie chorégraphique de Charlot.

    Chaplin associe critique sociale et artistique pour rire du capitalisme et du cinéma parlant, affrontant, tout maladroit qu'il est, la technologie sous les commentaires réprobateurs de son chef d'usine, se faisant de ses collègues travailleurs des ennemis en affirmant sa liberté d'agir; c'est là que survient un malaise irrépressible, de voir ces automates conscients obligés de répondre à chaque sonnette d'arrêt ou de reprise du travail, norme devenue réflexe presque instinctif.

    Chaplin propose comme moyen de survie la fuite et le renversement de l'autorité : d'abord de son patron en ne respectant pas ses directives, puis de la police en sauvant des geôles la resplendissante Paulette Godard, se riant alors des forces de l'ordre. Il n'oublie cependant pas que chaque acte doit avoir une conséquence, et fait passer son temps à Charlot sous le poids constant de ses responsabilités : les réprimandes de ses supérieurs hiérarchiques, des représentants de l'Etat, la simple consommation quand ils se retrouveront dans un centre commercial, de nuit, faussement libres de faire ce qu'ils veulent, puisqu'il faudra se dissimuler aux premières minutes de la réouverture.

    Ses thématiques bien avancées, l'usine rouverte après avoir licencié maints ouvriers, amenant dans son sillage de faux espoirs de vie tranquille, conduisent ce fantastique duo de famille de substitution vers la deuxième façon d'inclure le langage : la scène du bar, et la préparation d'un spectacle qui devra leur apporter argent et réputation, détourne le réalisme du langage avec une malice géniale.

    Charlot témoigne, après toute la séance sur les préparatifs complexes pour apprendre à bien chanter, de la liberté artistique de Chaplin : au lieu de respecter le langage, de proposer des phrases construites comme son chef d'usine, le voilà devenu le chef de la danse deson ultime chef-d'oeuvre comique, seul face à lui-même, sans ses anti-sèches et seulement épaulé par son imagination, son talent, sa liberté artistique : c'est ici que le personnage de Charlot épouse la grandeur de sa destinée d'homme d'improvisation et devant vivre dans l'instant, puisqu'il n'y a finalement que dans la spontanéité que ressort toute sa richesse d'esprit et son humanité.

    Cette parole qui l'enchaînait autrefois est désormais totalement sous son contrôle, et devient la représentation de son génie, langue qu'il crée entièrement, qu'il s'approprie comme il dessine, sur un magnifique dernier instant, un sourire spontané sur le visage de sa bien-aimée.

    Smile.
    moket
    moket

    541 abonnés 4 348 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 mai 2020
    Tout le génie comique et la tendresse de Charlot dans ce film qui manque parfois un peu de liant. Cela ressemble à un enchaînement de sketches, mais attention, de grande qualité.
    Alasky
    Alasky

    359 abonnés 3 459 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 octobre 2021
    Un chef d'oeuvre et bien sûr un des plus grands classiques du 7ème art. Charlie Chaplin, ce virtuose devant et derrière la caméra, passe des scènes drôles aux scènes émouvantes, toujours avec une grande maîtrise. La bande originale est magnifique. Un film incontournable et intemporel.
    Gentilbordelais
    Gentilbordelais

    325 abonnés 3 000 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 décembre 2017
    Chaplin croque parfaitement le nouveau monde avec l'industrialisation. et, c'est forcément drôle, brillant, émouvant aussi. du grand cinéma classique, incontournable, inoubliable même 80 ans après!
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    136 abonnés 1 632 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 16 mai 2021
    Ce film, un des plus aboutis de Chaplin, décrit un monde mécanisé dans lequel le grain de sable, c’est l’homme.
    Ce film renvoie aussi à un extrait de « Dans la dèche à Paris et à Londres » de Georges Orwell publié en 1933 qui est terriblement d’actualité un siècle plus tard : « Dans la pratique, personne ne s’inquiète de savoir si le travail est utile ou inutile, productif ou parasite. Tout ce qu’on lui demande, c’est de rapporter de l’argent. Derrière tous les discours dont on nous rebat les oreilles à propos de l’énergie, de l’efficacité, du devoir social et autres fariboles, quelle autre leçon y a-t-il que “amassez de l’argent, amassez-le légalement, et amassez-en beaucoup” »
    Et pour la critique même de ce film phare du cinéma qui conduira en partie Chaplin à s’expatrier en Suisse jusqu’à la fin de sa vie suite à la chasse aux sorcières ; Jim Stark écrit : « En 1911, Franck Taylor, ingénieur économiste, crée l’Organisation Scientifique du Travail (OST) et donne naissance à un courant économique désormais célèbre : le taylorisme. Le scientifique diffuse ses idées selon deux grands principes : la division horizontale du travail qui consiste à supprimer toute tâche intellectuelle aux ouvriers afin qu’ils se concentrent sur le travail manuel et la division verticale qui, elle, attribue à chaque travailleur une tâche spécifique ayant pour but l’accélération et l’automatisation de la production. Séduit par cette thèse, Henry Ford décide de l’appliquer dans ses chaînes de montage automobile. Les profits des usines explosent et le modèle micro-économique est repris par toutes les grandes entreprises. Dès lors, l’homme devient un rouage de la machine capitaliste et doit suivre la cadence sous peine d’être éliminé. Pour éviter tout mouvement de contestation, Ford s’appuie sur les thèses keynésiennes et augmente les salaires, afin d’accroître la demande. Il crée le Five Dollar Day et ses ouvriers deviennent les premiers consommateurs des produits Ford.

    Charles Chaplin a toujours été préoccupé par le sort de son pays d’adoption ; et lorsque la pauvreté envahit les rues pour se mêler à la richesse opulente d’une caste dominante, il ne peut rester muet. 1931 : peu de temps après que la crise a frappé les Etats-Unis, le cinéaste quitte Hollywood et entreprend un voyage de dix-huit mois autour du monde. Lors de ce périple, il rencontre des personnalités telles Gandhi ou Einstein aux côtés desquelles il constate une hausse effarante du chômage et de la pauvreté. Selon lui, la solution à ces dérives passe par une meilleure distribution des richesses et du travail. Il s’approche ainsi des thèses marxistes qui lui vaudront tant d’ennemis aux USA. Lors d’une interview, il déclare à un journaliste : « Le chômage, voilà la question essentielle. Les machines devraient faire le bien de l’humanité au lieu de provoquer tragédie et chômage. » De retour de voyage, il n’a qu’une envie : produire un grand projet qui servira de creuset à ses idées politiques. Après avoir écrit une version définitive de son scénario, d’abord intitulé Les Masses, Chaplin commence un tournage marathon le 11 octobre 1931 qui prendra fin le 30 août 1935 !

    On peut voir dans le changement de titre évoqué plus haut une volonté d’orienter l’œuvre vers le conte et l’éloigner ainsi du drame social pur (la brutalité du titre Les Masses évoque d’ailleurs des ouvrages marxistes tel que Le Capital). On retrouve cette volonté dans la modification de l’épilogue : la jeune fille se retrouvait nonne alors que Charlot était hospitalisé à la suite d’une dépression nerveuse ! Devant ce final dénué d’espoir, l’humaniste Chaplin remet tout en cause et s’attelle à une autre conclusion, plus joyeuse, dans laquelle le couple, bras dessus bras dessous, se dirige vers des horizons lointains.

    Alors que le film s’apprête à sortir, le cinéma parlant a déjà fait son apparition depuis presque dix ans. Peu enthousiasmé par cette nouvelle approche du septième art, Chaplin se contraint malgré lui à faire une tentative sur Modern Times. Des dialogues sont écrits et des essais de voix effectués. Peu convaincu par cette expérience, le cinéaste les abandonne et préfère consolider son film à l’aide d’une musique et d’effets de style, tel le patron de l’usine communiquant ses ordres à travers un écran. Le pari s’avérait donc risqué, mais Chaplin savait très bien que la force de son cinéma résidait dans l’utilisation du muet et préféra remplacer les dialogues par une gestuelle importante de ses personnages, jouant sur des sourires, des larmes ou autres expressions. Néanmoins, Les Temps modernes n’est pas totalement muet : lors d’une scène au cours de laquelle Charlot est engagé dans un restaurant à la fois comme serveur et chanteur, il oublie les paroles de son texte et les écrit sur ses manchettes. Lorsqu’il doit faire entendre sa voix, les manchettes s’envolent et Charlot doit improviser lui-même un texte dans un charabia "pseudo-italianisant". Mélange de français et d’italien incompréhensible, cette fusion de langues rappelle l’espéranto, ce dialecte universel imaginé pour unir les hommes.

    Si Charles Chaplin renie le parlant, il ne néglige pas pour autant ses partitions musicales et compose celle de Modern Times qu’Alfred Newman doit orchestrer. Mais Chaplin ne supporte pas le travail de ce chef d’orchestre et compositeur, qui côtoiera pourtant les plus grands tels que Hawks, Ford ou Lang. Il lui demande sans cesse de modifier ses partitions. Excédé par la somme de travail demandée par Chaplin, Newman quitte la production.

    Ce ne sera pas le seul souci que rencontrera le cinéaste au cours du tournage. La société franco-allemande Tobis portera de graves accusations de plagiat à l’encontre de Chaplin pour avoir volé des idées et des scènes à un autre film sur l’ère industriel, A nous la liberté (1931) de René Clair. La société qui détenait les droits de ce dernier alla jusqu'à réclamer la destruction du film de Chaplin. René clair, en tant qu’admirateur du cinéaste anglais, fut assez gêné par le problème et finalement Charles Chaplin acceptera de payer une modique somme pour se débarrasser à jamais de cette histoire. Chaplin avait sa petite idée sur les propos calomnieux tenus envers son film et mit ceci sur le compte d’une vengeance personnelle.

    Le tournage prit fin le 30 août 1935 et la production le 21 janvier 1936. Il était donc temps de se lancer dans le grand bain des médias et une première mondiale fut organisée au Rivoli Theater de New York le 5 février 1936. S’ensuivirent alors trois grandes projections, respectivement à Londres, Hollywood et Paris. Malheureusement, le film reçut un accueil mitigé, une partie de la presse reprochant à Chaplin une tentative de propagande des idéologies communistes ! Dès le générique le réalisateur affiche ses ambitions, non pas de construire un film consacré uniquement à Charlot mais plutôt de réaliser une satire prenant pour cible le modèle social américain. Ainsi le personnage interprété par Chaplin est un factory worker (un ouvrier d’usine), autrement dit un rouage auquel on a retiré toute forme d’humanité. Chaplin filme les hommes allant chercher un travail à l’usine comme de vulgaires moutons d’un immense troupeau. Ces premières images plantent le décor : les nouvelles aventures de Charlot seront fortement ancrées socialement avec une ambition politique résumée dans ce premier carton évoquant "Un récit sur l’industrie, l’initiative individuelle et la croisade de l’humanité à la recherche du bonheur."

    Cependant, si la critique de Chaplin est violente, elle passe toujours par le rire, l’image symbolique du film étant celle de Charlot dont le corps s’emmêle dans les rouages des machines. L’homme et la machine exécutent un numéro de danse et ne forment plus qu’un tout. La virtuosité que le cinéaste impose lors de cette scène parfaitement chorégraphiée lui permet de dominer la machine à laquelle il impose sa vision et donc ses idées : le système et ses rouages ne sont rien sans l’homme ; une manière pour Chaplin de replacer l’homme en haut de l’échelle sociale. Le spectateur va d’ailleurs beaucoup rire durant tout le film. Ainsi, la séquence où Charlot resserre tous les boulons de l’usine, allant jusqu’à confondre les boutons de la robe d’une femme avec ces mêmes boulons, demeure hilarante. Et pourtant, là encore, le rire se fait jaune car si le gag est efficace, il montre aussi combien les ouvriers sont aliénés.

    Comme souvent dans sa filmographie, Chaplin est accompagné d’une présence féminine, ici l’actrice Paulette Goddard qu’il a rencontrée lors de son voyage en Europe. Celle-ci est présentée comme l’alter ego de Charlot, abandonnée, sans aide et se débrouillant par ses propres moyens. Leur rencontre - lors d’une des plus belles scènes du film - marque le début d’une nouvelle vie : la jeune fille vole un pain, s’échappe puis est arrêtée. Charlot a alors une lueur d’humanité : il se fait passer pour le voleur et prend la jeune femme solitaire sous son aile. Cet événement sert de déclic à un retour vers une forme d’humanité pour "l’ouvrier machine".

    En plus d’être une satire sociale déguisée sous une apparence burlesque, Les Temps modernes s’impose donc comme une très belle histoire d’amour. Il est intéressant de voir comment l’amitié naissante entre les deux personnages grandit au fil du temps pour se muer en idylle. Suite à leur rencontre, ils se retrouveront par le plus grand des hasards. Ce signe du destin les aidera à réaliser cet amour. A partir de cet instant, ils uniront leurs forces et trouveront ainsi le remède à tous leurs problèmes. Charlot et la gamine ne feront alors plus qu’un : elle se nourrit de la faculté de Charlot à se débrouiller, et lui puise dans l’optimisme et la confiance de la jeune femme. Sur ce dernier point, la scène du restaurant est révélatrice : Charlot ne connaît pas les paroles de sa chanson mais devant les encouragements de la gamine, il se met à interpréter ce fameux charabia qui ravira le public. Cet amour prend pleinement forme au final lorsque la gamine, apparemment dépitée, retrouvera son courage devant l’optimisme candide affiché par Charlot, ce dernier allant jusqu’à la faire grandement sourire. « Nous nous débrouillerons », lui dit-il dans un dernier carton qui résume magnifiquement son message d’amour et de partage. »
    tout-un-cinema.blogspot.com
    Arnaud R
    Arnaud R

    91 abonnés 826 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 mars 2020
    Une superbe œuvre poétique et d'une grande modernité, qui allie une réflexion sur l'industrialisation, les effets du capitalisme et la déshumanisation.
    Charlotte28
    Charlotte28

    127 abonnés 2 031 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 septembre 2020
    Concluant à la fois le cycle Charlot et celui du (quasi) muet, ce film ressemble parfois trop à une compilation des précédents, entraînant une accumulation de péripéties qui nuisent à la qualité de l'intrigue ainsi que des gags répétitifs qui ne resteront pas tous dans les annales. Cependant le génie de Chaplin apparaît toujours aussi vivement, qu'il s'agisse de l'analogie de la scène introductive marquant clairement la critique sociétale exploitée ici, de quelques tours d'équilibriste humoristique (le patinage au bord du chantier) et surtout de cette capacité admirable à rendre des scènes apparemment anodines fort poétiques, notamment le numéro chanté. Une œuvre vieillie mais foisonnante.
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