I Spit on your Grave, le remake, est un film qui renoue (c’est à la mode depuis quelques temps d’ailleurs, ce qui peut surprendre) avec le genre du rape and revenge. Il le fait pas mal, même si l’ensemble ne m’a pas totalement convaincu.Le casting a été judicieusement monté. Là-dessus je n’ai rien à redire de particulier, avec une actrice principale, Sarah Butler qui se débrouille fort bien, tant dans la première partie que dans la deuxième. En fait je l’ai trouvé meilleure dans la première partie, surement car son personnage est mieux dégrossi que dans la deuxième, où le coté trop monolithique du personnage est problématique tout de même. Curieusement le grindhouse Run Bitch Run, sur une thématique très similaire et qui devait être un pur film d’exploitation offrait un travail psychologique beaucoup plus subtil et, à mon sens, renouvelait fort bien le rape and revenge. Ici c’est la recette la plus classique. Les violeurs sont pour leur part très solides, avec des personnages plus variés, peut-être plus subtils même si ça peut paraitre étonnant, et en tous les cas mieux travaillés.Le scénario est très classique. En fait j’ai été un peu embêté, car même si le film recherche clairement l’efficacité pure et dure, en allant à l’essentiel, le rape and revenge est, comme le slasher, un genre tellement rebattu qu’il vaut peut-être mieux parfois essayer de privilégier l’originalité, ou d’amener des choses nouvelles. Encore une fois je reprends ma comparaison avec Run Bitch Run, mais autant ce film essayait réellement de se mouiller, autant ici c’est l’académisme du genre à tous les étages. Par ailleurs dans sa dernière partie le film souffre quand même clairement d’un côté « liste de courses » pas très plaisant. Il manque une ou deux séquences afin de casser un minimum l’enchainement des victimes. Des incohérences aussi. Je ne veux pas être méchant mais les types s’évanouissent quand même très facilement, et surtout je ne sais pas comment une gringalette avec des bras comme des brindilles peut soulever des gars de 90 à 100 kg facile pour en faire ce qu’elle en fait. C’est là où il aurait fallu que Monroe amène davantage de subtilité. Je n’ose même pas évoquer les longues semaines que passe la fille en Robinson. Je ne sais pas si elle regardait souvent Man vs Wild, mais enfin coté crédibilité il me semble que c’est loupé, d’autant que le film n’a pas l’air de se passer à une saison très riche en mûres et champignons !La réalisation est sinon assez bonne. Le réalisateur maitrise globalement son film, même si pour le coup j’ai clairement préféré dans sa mise en scène No Morire Sola, toujours sur le même thème, avec notamment une séquence de viol beaucoup plus travaillée, et moins brouillonne. Je crois que Bogliano était plus à l’aise, si on peut parler comme cela, en filmant cette scène, alors que pourtant il avait un travail plus délicat avec plus de victimes notamment. Il était clairement plus impactant que Monroe. Mais enfin c’est propre, il n’y a rien à dire, juste un peu lisse, même si en revanche il se lâche davantage dans la seconde partie. Les décors et la photographie manque de relief. J’attendais beaucoup plus des décors et de l’atmosphère. Le rape and revenge n’est pas condamné aux bleus et aux verdâtres, du moins je l’espère. Un peu d’imagination que diable, c’est comme les filtres jaunes et verts dans les torture-porn, il y a un moment donné il va bien falloir ouvrir de nouvelles portes. Sinon film violent, pas recommandé à tout public, mais pas excessif non plus. Disons qu’il mérite bien son interdiction aux moins de 16 ans, mais ce n’est pas non plus l’horreur absolue. Enfin, pas très convaincu par la bande son, qui non seulement est peu apparente mais en plus très neutre.Honnêtement j’ai trouvé ce Spit on your Grave moyen. Pour ma part il est beaucoup trop classique, beaucoup trop académique, et se place dans les rape and revenge récents à des années lumières de l’excellent Run Bitch Run (et d’autres peut-être, je ne les ai pas tous vu). Je veux bien qu’il y ait un hommage aux seventies là, mais pourquoi refaire la même chose, dans un genre en plus où la question des moyens financiers, des effets visuels n’est pas déterminante ? Par ailleurs dans un ton plus approchant, ce film est moins maitrisé que No Morire Sola. En conséquence si ce film bénéficie de l’écho du premier film des années 70 et s’est tailler de fait une plus grande célébrité que ses comparses, si vous devez voir un rape and revenge une soirée, je vous renvoie plutôt vers les deux susnommés, réservant celui-ci plutôt aux inconditionnels du genre.