Comme c’est le cas pour de nombreux autres long-métrages, je ne savais rien de Captive. Rien hormis son titre et Isabelle Huppert au générique, ainsi que quelques échos. C’est donc sans aucun à priori que je fus entrainé dans une prise d’otages inspirée de faits réels. Les terroristes sont issus du groupe Abou Sayyaf, musulmans qui se battent pour l’indépendance de l’île Mindanao. Les otages, eux, sont membres d’associations humanitaires ou parfois même de simples touristes. Lors de ce périple inattendu aux conditions spartiates, on peine parfois à situer l’opinion du réalisateur. Ce qui dépeignait initialement les déboires d’une vingtaine d’otages devient ainsi parfois étrange – voire même malsain –, lorsque ce dernier semble faire l’apologie des terroristes. De façon inégale, Mendoza impose paradoxalement une autre vision des choses où les islamistes deviennent alors moins humains, plus barbares. Voilà, par conséquent, ce qui peut porter à confusion chez le spectateur, déjà en proie à un sempiternel tournoiement provoqué par une caméra à l’épaule peu soignée. Puis la migraine laisse place à une soudaine envie d’expédier son déjeuner sur les terres sacrées de la salle obscure. Fort heureusement, ces conditions déplorables de visionnage du film n’empêchent pas d’apprécier un tant soit peu la superbe jungle des Philippines, qu’elles soient en proie ou non à une rafale de balles. De fait, la photographie improvisée – laissant un certain goût de ratage – s’en sort finalement un peu mieux grâce à la qualité des décors. En dehors de ses bons et mauvais aspects visuels, Captive dispose d’un fond intéressant qui, par moment, explose littéralement à la caméra, coupant court au train-train – pas si abominable que ça – des kidnappés. Quelques images fortes, un peu de banalité parfois. Même un peu d’inutilité. Mais des scènes fortes quand même, parfois. Enfin, le casting – à l’image du long-métrage – comporte lui-aussi ses différends. À commencer, Isabelle Huppert, agaçante du début à la fin dans la peau d’une profonde chrétienne antipathique et lunatique – à en voir la capacité qu’elle a à pousser un cri pour reprendre le fil d’une discussion dans la seconde qui suit. Performance involontairement tragi-comique poussée à l’extrême où l’on peut l’observer manger de manière répugnante, tout en étant prise de crises d’hystérie fort peu crédibles. C’est une prise d’otages, me direz-vous. Sauf que pour ce coup, les autres acteurs – probablement amateurs – s’en dirent infiniment mieux, ce qui n’est pas pour nous déplaire dans la mesure où ils sont plus présents à l’écran (pas sur l’affiche, voyons !). En conclusion, Captive est un long-métrage inégal mais captivant (ne vous méprenez pas sur mon compte, je n’ai vu le jeu de mots qu’après coup). Les qualités du film parviennent à faire oublier les erreurs du fond et de la forme. Ni plus, ni moins.