Dans "Stoker", chaque plan est esthétisé, travaillé, conceptualisé. La photographie est soignée, la bande-son également, les mouvements de caméra sont limpides, il y a de lents travellings, de fluides panoramiques, des ralentis, des gros plans, voire même de très gros plans... La mise en scène de Park fourmille de milles idées visuelles à la minute. Tout cela donne une touche très particulière à l'histoire qui se déroule devant nos yeux qui en prennent alors pour leur grade, une saveur presque sensitive à cet ensemble pour le moins esthétisé. Sans oublier un montage hyper-affûté, jouant sans cesse avec la fragmentation, l'alternance, les raccords plastiques. Ce maniérisme appuyé, mais néanmoins assumé, a toutefois quelque chose de purement artificiel et donc d'agaçant par moment.
Une des grosses surprises de ce film est le fait que son scénario nébuleux soit signé de la main de Wentworth Miller, plus connu pour avoir été la star tatouée de la série TV "Prison Break". Après avoir couché les plans d'une prison sur sa peau, l'acteur entame, avec un certain style, une nouvelle carrière où il couche cette fois-ci ses plans sur du papier. Son intrigue lorgne vers du Hitchcock avec ses personnages ambigus dont on ne sait réellement qui ils sont, et son twist final troublant. Il y règne également sans cesse un parfum de séduction entre les protagonistes, une odeur de tension sexuelle mise en corrélation avec celle de la mort. Car la jouissance et le trépas ont quelque chose en commun, non ? L'autre surprise vient elle du casting. Et même si en réalité elle n'en est plus vraiment une, Mia Wasikowska, après avoir maladroitement démarré avec l'horripilant "Alice aux Pays des Merveilles" du dépassé Tim Burton, confirme parfaitement tout le bien que l'on pense d'elle depuis le très beau "Restless" de Gus Van Sant. Face à elle, Matthew Goode, parfait en oncle obscur et inquiétant, lui rend très bien la pareille. Leur petit jeu de fascination/répulsion est un des atouts majeurs de ce long-métrage au climat glacial et gothique. Entre eux se dresse une mère de famille voulant à tout prix les séduire tous les deux et jouée par Nicole "Botox" Kidman, dont le visage figé ressemble désormais davantage à une mauvaise pub pour la chirurgie esthétique.
Souvent démentiel, parfois un peu vain, mais terriblement captivant, "Stoker", dont le nom est un clin d’œil à l'auteur de "Dracula", est un exercice de style plein d'excès mais surprenant, à la fois maîtrisé et envoûtant.
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