Bonne surprise que ce film. Il commence comme un drame familial, se poursuit en thriller psychologique, et se termine en polar déjanté. Stoker, c'est l'histoire d'une jeune fille qui, du jour au lendemain, se retrouve avec un nouveau père suite à la mort de celui-ci dans un accident de voiture: son oncle. En effet, cet oncle s'immiscera peu à peu dans la vie d'India, à tel point qu'elle commencer à se méfier du personnage. Il semble l'observer en permanence, savoir tout d'elle. Et surtout, elle n'a jamais entendu d'un quelconque oncle jusqu'à la mort de son père. Que vient-il faire là? Pourquoi maintenant? Rapidement, d'autres membres du ménage vont disparaître tour à tour, amplifiant l'atmosphère déjà extrêmement tendue. La relation qui s'installe entre ces deux personnages est alors ce qui tient le film pendant plus d'une heure, le rythme du début laissant à désirer. Le réalisateur, que je découvre avec ce film, est exceptionnel. Il manie avec une dextérité remarquable les sauts dans le temps, les ellipses, les ralentis et les gros plans. J'ai rarement vu une aussi bonne utilisation des ruptures chronologiques: Chan-Wook en fait l'essence même de sa réalisation. Une réelle partition cinématographique, qui se clôture en apothéose avec une fin tarantinesque. Si je devais donner une note à la réalisation, ce serait 5 étoiles sans hésiter. Chapeau.
En ce qui concerne le fond, on est bel et bien dans du bon thriller divertissant. Même si là encore, on voit que le scénariste a voulu pousser le côté gratuit et sadique des meurtriers à son comble, en mêlant plaisir et souffrance dans plusieurs scènes qui se révèlent finalement plus poétiques qu'autre chose. A ce titre, la scène du piano m'aura vraiment marqué par sa virtuosité. Celle de la douche est aussi remarquable. A souligner ici les excellentes performances des acteurs(Mia Wasikowska et Matthew Goode, Kidman étant un peu en retrait je trouve). Si on veut être un poil tatillon, on peut déplorer le fait que le scénario n'ait pas été plus en profondeur dans la psychologie des personnages. Mais bon, ce serait vraiment chipoter; ça reste un très bon film, une agréable surprise avec un réalisateur à suivre dans les années à venir: Park Chan-Wook.