The Artist peut provoquer en gros deux réactions à l'annonce du projet, soit une réjouissance, de voir l'auteur de OSS117 remettre au goût du jour le muet, dans un synopsis copiant allégrement sur chantons sous la pluie ou bien la réaction plébéienne de rejet total (bouh c du muè). On peut également commencer à avoir des craintes, comment le muet tout seul peut discourir sur le passage au parlant ? Il va adapter sa mise en scène pour faire un pastiche de muet ? il va le tourner comment son film ? en numérique ? en 35mm ? Je pense que c'est des vrais questions à se poser pour juger l'intégrité du projet.
Bon l'avant première commence assez mal, l'équipe du film qui devait être présente n'est pas là car la femme du réal a accouché (tant pis, je survivrai), et la salle était plein de gens qui disent "oh mon dieu quelle idée de faire un film en noir et blanc; et muet !" "oh c'est un film qui a eu un prix à Cannes" Bon correction Dujardin a eu un prix à Cannes (et il ne le mérite pas, j'y reviendrai), mais on sait bien que le prix d'interprétation masculine à Cannes ça ne veut rien dire, Del Toro l'a bien eu pour le Che, alors que le film était une catastrophe ambulante. Je pense sincèrement qu'ils se sont dit, bon le film était quand même audacieux, alors bon il est trop mauvais pour lui donner un prix important, on lui donne un prix d'acteur, comme ça tout le monde est content.
Bon je continue, le réal a écrit une lettre à lire au public, lettre dans laquelle il nous remercie pour notre audace d'être allé voir un film en noir et blanc et muet. Pardon mais j'en vois pleins des films comme ça et je n'ai pas l'impression d'être audacieux. Bref ça m'a déjà énervé. (et puis c'est une manière de se dire "t'as vu comme je suis audacieux ?")
Mais tout ceci ne concerne pas le film en lui même. Le film commence par une sorte de pastiche de film muet, sauf que la mise en scène elle est belle et bien moderne, c'est tout le problème du film… le film se croit audacieux d'être muet, mais il ne joue pas la carte du vrai film des années 20, tout le film possède une mise en scène contemporaine. Bon alors je sais bien que Murnau est plus moderne que des tas de réalisateurs actuels qui font du plan plan débile, mais là il y a des plans que je n'ai jamais vu dans un muet, même dans l'homme à la Caméra, mais des plans basique et inintéressant de nos jours. Et le souci (outre son scénario mais j'y reviendrai) est là, le film est un film normal auquel on a retiré le son, pour attirer le cinéphile dans le piège. Parce que ça pue la grosse production hein, Warner Bros. en logo au début, Langmann à la production, les cartons sont en anglais, acteurs anglophones (Malcolm McDowell réduit à un rôle de figuration quelle honte), le film n'a pas coûté grand chose (bon quand même 12 millions et je me demande où ils sont passés hein, parce que c'est pas les décors qui ont dû coûter cher, et la photo est banale voir laide). Je sens la fausse bonne idée et le film de petit malin.
En fait j'ai l'impression de voir un truc produit par Robert Rodriguez tant ça pue. Vous savez le mec qui croit faire des films tr0 kult pour ado boutonneux en se faisant passer pour du vieux cinéma d'exploitation, juste en foutant des impuretés sur la pellicule pour faire genre.
Là c'est pareil le noir et blanc est là pour faire genre.
Bon je pourrai m'étendre des heures et des heures là dessus, le scénario quant à lui, est imbuvable. C'est profondément incohérent, ça maque cruellement d'émotion, les personnages ne sont pas attachant pour un sous, ils sont pénibles, Dujardin j'ai envie de lui foutre des claques.
Et lorsque la fille dit "oh le muet c'est le passé des gens qui font des grimaces", je pouffe, sachant que tout le film est surjoué. Pardon mais le muet c'est pas que ça hein.
Le scénario est débile, mais pire encore, le côté métafilm est raté, c'est un film outrageusement vulgaire. Je pense réellement que le muet sert uniquement de cache misère.
Le film pastiche les films de 1929 sans en respecter les codes, mais pire, il reprend que les mauvais côtés, les gags débiles avec des animaux débiles (ça fait rire Kimberlee 12 ans et Germaine 88 ans, quel plaisir). Elle est où cette passion déchirant que peut susciter la passion de jeanne d'arc, City Girl, l'aurore, à travers l'orage ?
Je trouve ça d'une vulgarité sans nom, le film populaire dans tout ce qu'il a de plus dégueulasse et grossier (c'est quoi dégueulasse ?) Ah j'ai aimé un truc : la référence au 3 singes, qu'on voit 1/2 secondes.
Vous savez les singes qui se cachent les yeux, les oreilles et la bouche, c'est filmé et monté de manière à avoir un sens.