Il serait osé de qualifier The Artist de "chef d’œuvre" du 7ème art, mais aucunement de juger que celui-ci une "réussite" cinématographique. Il faut le dire, le pari était risqué : réaliser un film en noir et blanc, muet en 2011 à l'heure où la 3D frappe à notre porte, relève légèrement de la folie. Thomas Langmann, le producteur, a eu l'audace et le courage, de financer le film et de permettre à Michel Hazanavicius de mettre sur les rails The Artist. J'avoue avec ressentis une certaine dose de curiosité quand j'ai eu vent de ce projet son passage à Cannes m'a donné encore plus envie de découvrir ce qui en découlait. EDIT : Je tiens à préciser, avant de continuer plus loin dans ma critique, que je ne commenterais pas les différents prix qu'à reçu l'équipe (que ce soit Michel Hazanavicius, Jean Dujardin, Bérénice Bejo, Ludovic Bource, Thomas Langman) durant les nombreuses cérémonies où The Artist était nominé, mais me focaliser juste sur le film. Il serait très simpliste de résumé le film à son concept étonnant car The Artist est plus riche que ça. Évidemment, au début de la projection on peut être assez déstabilisé mais à peine le premier quart d'heure passé, on apprécie ce film comme n'importe quel autre film et le fait de n'entendre aucun mot (ou presque) ne gène pas. La mise en scène de Michel Hazanavicius nous plonge directement dans l'ambiance, ajouté à cela la reconstitution minutieuse de l'Amérique (et plus particulièrement Hollywood) des années 30 à travers les décors du film. On sent que l'envie de rendre hommage à ce cinéma ne se résume pas au simple fait de réaliser le film en noir et blanc muet, une attention particulière a été apporté à chaque détails de l'édifice. Que ce soit, les décors (comme cités précédemment), la mise en scène (j'y reviendrais plus tard), la musique (superbe travail de Ludovic Bource, le compositeur), la photographie et donc le grain de l'image, l'histoire et surtout les acteurs. Pour en revenir à la mise en scène, il est indéniable que Michel Hazanavicius est un amoureux du cinéma (cela se remarque à travers ce film et ses interviews), il a donc voulu nous transmettre cette amour, on peut donc le qualifier de virtuose, de chef d'orchestre d'une sublime symphonie. Même à travers sa manière de filmer, qui semble-t-il rappelle "Citizen Kane" avec ces plans en plongée et/ou contre-plongée, il rend hommage à ce cinéma qu'il aime (je sais ça fait beaucoup d'amour, mais c'est ce que l'on ressent quand on voit le film). Et comme Michel Hazanavicius n'est pas un égoïste, il a voulu embarquer avec lui son acteur fétiche Jean Dujardin et la très belle Bérénice Bejo, duo d'acteurs qui avaient prouvé avec OSS 117 : Le Caire nid d'espions, qu'il y a une alchimie entre eux deux. Je suis galant et donc je parlerais en premier de la performance de Bérénice Bejo, sublime et parfaite dans le rôle de "Peppy Miller", n'ayant pas à rougir de sa performance. Quand à Jean Dujardin, à peine apparait-il à l'écran qu'il impose une certaine prestance, un charisme. Il joue plus sur le registre du rire, de la colère, de la nostalgie alors qu'au contraire Bérénice Bejo est plus sur le registre de la grâce, de l'élégance, de la tendresse et de la "modernité". Le personnage de George Valentin est l'avant et Peppy Miller plus l'après. Les deux, tout en étant "opposés" se complètent finalement. Ne mettons pas le reste du casting de côté : James Cromwell, John Goodman, Penelope Ann Miller, etc... et n'oublions pas non plu Uggy, le chien (je sais cela peut prêter à rire) mais il est adorable, irrésistible et très drôle, un compagnons idéal. Finalement, The Artist réussit son pari et on ne peut que saluer l'immense travail qui a été effectué par l'équipe du film. On passe par pas mal d'émotions, à travers la musique et les interprètes, la mise en scène et le déroulement de l'histoire. Beaucoup de scènes sont drôles ou émouvantes (J'éviterais de les donner pour vous laisser la surprise). Le personne de George Valentin n'est que plus touchant que lorsqu'il est en position de faiblesse. A défaut de trouver le temps long, on a tendance à le trouver court : 1h40 ; on en voudrait plus car nous sommes conquis par ce The Artist. On voudrait rester plus longtemps dans ce monde de "silence". Vous l'aurez compris, je suis ressortis de la séance de cinéma avec le sourire au lèvre et l'agréable sensation d'avoir été transporté dans une autre "monde". Indéniablement l'un des film que j'ai adoré en cette fin d'année 2011 voire de l'année entière (à côté de Warrior, Drive, Fighter et The Tree Of Life). Un film fabuleux et une réussite totale, merci à Mr. Hazanavicius et son équipe pour ce moment magique.