Je viens de voir ce film il y a quelques heures, et comme tout être humain à peu près normal, je suis... frappé, interloqué, estomaqué. Ce film est clairement le plus fort émotionnellement parlant, le plus puissant qu'il m'ait été donné de voir.
Eraserhead constitue une expérience à part entière, un modèle d'esthétisme glauque et dérangeant. Tout contribue à mettre en scène cette ambiance particulière que je n'avais jamais ressenti auparavant : aussi bien le noir et blanc, la bande-son plus qu'oppressante, l'intrigue (si l'on peut dire) quasi absente, d'une lenteur pesante, les situations cauchemardesques (je pense surtout aux 25 dernières minutes), les très rares dialogues, le jeu minimaliste (et donc terrifiant) de la poignée d'acteurs présente ? La folie du film est presque communicative, on se remet en question, on souffre presque, on doute. Je le répète, c'est la première fois qu'un film m'a fait autant d'effet.
Cependant un problème se pose : bien évidemment, il ne faut pas essayer de comprendre, d'expliquer ce film, mais de le vivre comme un véritable cauchemar éveillé, de ressentir. C'est un fait. Mais où veut nous emmener Lynch ? Quel est son but, à part nous faire vivre une expérience cinématographique encore inédite ? Veut-il montrer une vision hyper-pessimiste d'un monde de plus en plus individualiste ? Explorer les psychoses humaines ? Sans doute un peu de tout ça, mais on ne peut en être parfaitement certains. Eraserhead reste une prestation trop rare dans le monde du 7e art. C'est une pièce d'art brute et sombre, cauchemardesque, qui nous renvoie en nous-même.
Je ne qualifierais pas ce film de chef-d'oeuvre, mais il reste une oeuvre totalement à part, à découvrir, à vivre.