Aller voir des films sans rien en savoir (ou peu) ça a ses avantages, mais parfois ça peut aussi avoir ses gros inconvénients, comme j'ai pu le découvrir avec ce "360". La seule chose que je savais, c'est que c'était un film de Fernando Meireilles avec Ben Foster. Mais vu que le film commence sans titre, sans nom d'acteur ni de réalisateur affichés, il m'a bien fallu 10 minutes avant de me convaincre que j'étais bien dans la bonne salle (je ne comprends pas cette démarche, mais bon, je vais en faire un fromage non plus.) A dire vrai, savoir que Meireilles était aux commandes était la seule chose qui m'avait intrigué dans ce film. Pourtant, le début m'a un peu fait déchanter. Ça commence avec une fille de l'est prête à devenir une Escort Girl pour vivre. Bref, ça sentait la grosse fibre sociale... J'ai eu très peur. Style épuré, photographie réaliste, refus de la musique : nouvelle peur... Au bout d'un moment, le film commence à passer d'un personnage à un autre : film chorale. L'angoisse est désormais clairement là car je trouve que c'est vraiment un genre casse-gueule dans lequel peu s'en sont sortis. Eh bah comme quoi un bon réalisateur peut faire la différence : pas un seul instant je me suis ennuyé. Certes le film brasse du social, mais il ne se limite pas qu'à ça et ne s'en lamente jamais. Au contraire, Meireilles prend tout de suite les personnages pour les travailler et les faire évoluer. On n'est pas ici dans le film européen lambda où le personnage reste là, inerte, pour qu'on se lamente sur lui, sans aucune évolution. J'hallucine d'ailleurs que beaucoup de films pensent qu'on peut se dispenser de créer des personnages dynamiques. Ce "360" créé clairement un parcours évolutif pour chacun des personnages et rien que pour ça, c’est du bon. Surtout que l'ami Fernando s'est fait un nom depuis et il sait s'entourer pour donner vie à tout ça. Le casting est un régal. Effectivement, quand on donne à manger à des acteurs d'exception, ça à l'air d'être facile de faire un bon film. Ici, en l'occurrence, je n'ai rien à redire. Peut-être que Jamel Debbouze est un petit peu en dessous du reste, par contre Anthony Hopkins et Ben Foster sortent clairement du lot par leur charisme et la puissance de leur interprétation. D'ailleurs, le film gère plutôt bien l'emboîtement de ses histoires les unes dans les autres, ce qui est pour moi l'un des deux gros pièges du film chorale à éviter. L'autre piège pour moi c'est l'inégalité des histoires racontées. Là encore le film s'en sort bien. Je n'ai jamais vraiment senti de moments mous, même si j'avoue que certains passages ont suscité davantage d'émotions que d'autres (désolé, mais je reviens encore sur le passage avec Ben Foster, Anthony Hopkins, et la petite Maria Flor, mais j'ai trouvé l'enjeu de ces personnages vraiment captivants). Enfin, pour ce qui est de la réalisation, bien qu'épurée, elle n'en est pas pour autant dénuée d'idées ni d’intérêt. Elle est même assez gracieuse parfois et rend le film très riche de sens et agréable à regarder. Bref, bien que pas friand du tout de ce genre de film, j'avoue qu'entre les mains de Meireilles, ce "360" est passé comme du petit lait me concernant. Bien évidemment, le problème avec ce genre de film c’est qu'il est assez inégal par rapport à ce qu'il raconte et perd aussi de sa portée sur son final à cause de son intrigue trop hachée. C'est peut-être d'ailleurs le seul reproche que je pourrais lui faire, mais peut-on vraiment reprocher à un film de ne pas être parvenu à devenir un chef d'œuvre ? Certes, on préférerait tous en manger tous les jours du chef d'oeuvre, mais des films honnêtes et agréables faute d'être ambitieux et fulgurants, en ces temps, c'est déjà très bien...