Neill Blomkamp est un réalisateur qui a beaucoup fait parler de lui. On le considère même comme l'homme qui a provoqué le renouveau du genre de la science-fiction en apportant une vision pour le moins assez novatrice avec ses paysages dépaysants de bidonvilles ensoleillés, crades et secs ainsi qu'en abordant des thématiques rarement utilisés dans le genre (même si la xénophobie avait déjà été abordé dans d'autres œuvres auparavant).
Mais si la moitié du public trouve son travail novateur, moi je ferai partie de l'autre moitié. Car avec District 9 et Elysium, jamais je n'ai vu autant de potentiel gâché par une telle abondance de clichés pratiquement illégaux dans des films de cette importance. Le jeune Neill a beau apporter une nouvelle vision, elle ne reste intéressante qu'en surface. Et pour l'esthétique, ça commence sérieusement à s'essouffler vu qu'il ne semble même pas y avoir un début de changement sur les trois films qu'il a réalisé.
Tout ça pour dire que Neill Blomkamp doit être le réalisateur le plus surestimé du moment, ce n'est pas le pire, loin de là, mais vu l'énorme fan-base qu'il s'est forgé je suis tenté de dire que c'est objectivement vrai. Il y a de quoi avoir peur pour Alien 5 (cela dit je part du principe que le pire est déjà arrivé à la saga, alors si Newt peut revenir dans le processus ça sera toujours ça de gagné même dans un mauvais film).
Mais pour ce qui est d'Elysium, même si il y a une nette amélioration de réalisation par rapport à District 9, Blomkamp nous en ressert exactement les mêmes tares d'écritures.
Pour commencer, les effets spéciaux font toujours autant amateur (100 millions $ de budget, je vous laisse réfléchir).
Pour la musique, on ne m'aurait pas dit Ryan Amon, j'aurais dit Hans Zimmer tant la Bande-Originale ressemble au cliché ultime de ce qu'il nous fait dans les blockbusters. Et encore, Zimmer aurait eu le bon sens de ne pas en faire des tonnes lors des moments de routine qui a tendance à faire sortir du film tant ça fait hors-sujet.
Pour ce qui est du fond du film. Même si l'idée d'une Terre abandonnée aux pauvres par des riches qui vivent dans un lieu paradisiaque dans l'espace n'est pas subtil pour un sou. Il y avait tout de même matière à donner un bon message sur la xénophobie ainsi que sur la lutte des classes. Les quelques scènes faisant références aux clandestins qui traversent la frontière étant étonnamment ce qu'il y a de plus réussit dans le film.
On pouvait même en tirer un parallèle religieux intéressant puisque Blomkamp y fait explicitement allusion lors des scènes de flash-back et avec la production design d'Elysium pas du tout dégueulasse il faut admettre.
Mais malheureusement, ce dernier ne tardera pas à vite démolir son concept pour tomber dans des travers de mauvais blockbuster dopé avec un manichéisme tellement ridicule que ça détruit toute notion de message ou de morale possible autre que "Le bien triomphe du mal".
La première chose qui fait s'effondrer le concept du film sont les antagonistes. Ils n'ont aucune profondeur et réduisent tout le concept du film à un bête combat entre le bien et le mal (ou pauvres contre riches si tu n'a pas compris les multiples "subtilités" de Blomkamp).
Jessica Delacourt incarnée par Jodie Foster, est la première visée.
Le scénario la force tellement à être inutilement méchante sans la moindre raison qu'on ne retient rien de plus d'elle qu'une simple méchante qui empêche le gentil d'atteindre son objectif. Son but de vouloir prendre la place du dirigeant d'Elysium n'étant au final qu'un banal MacGuffin qui déclenche l'intrigue en plus de n'avoir comme moteur que ce qu'elle fait déjà (juste qu'elle aimerait simplement faire péter les navettes qui approchent clandestinement d'Elysium au lieu de les arrêter, c'est de la cruauté inutile pour de la cruauté inutile en somme).
La plus grosse tâche de ce film est sans aucun doute Kruger incarné par Sharlto Copley.
Il démarre le film en simple second couteau, puis se met à être un personnage de premier plan sans prévenir pour forcer un climax en devenant l'énième méchant qui veut tout faire péter.
Quant à John Carlyle incarné par William Fichtner. Rien à en tirer à part le cliché du méchant homme d'affaire poussé à l'extrême (le facepalm lorsqu'il ordonne à un employé de couvrir sa bouche devant lui...).
Le second problème d'Elysium, c'est la technologie qui est BEAUCOUP TROP avancée pour être crédible.
Non pas que ce soit la facilité avec laquelle on peut aller à Elysium qui me dérange
(sauf les pass d'identité que les clandestins se gravent sur le bras)
, mais l'engin qui bousille absolument toute la base de l'histoire c'est simple, ce sont les Medbox.
Ils sont capables de soigner n'importe qui qui soit un citoyen d'Elysium. Que ce soit un cancéreux, un diabétique, un fracturé, même un gars qui se retrouve avec le crâne explosé (facepalm suivant...) et ce, en seulement quelques secondes.
Il y a juste un petit problème avec ta super-technologie Neill...C'est beaucoup trop facile.
Parce que ces Medbox soignent tellement rapidement et efficacement les pires séquelles que l'idée même de diviser la population entre les riches et les pauvres n'est plus crédible puisqu'il suffirait juste un instant qu'un habitant d'Elysium se dise.
"Hé mais en fait, on pourrait en donner sur Terre."
C'est carrément l'idée sur laquelle se base les buts de chaque personnages et les fondements même de l'univers du film et c'est le point le plus raté bon sang !
J'ai lu une critique du film qui disait qu'il..."repose sur l’idée démente qu’il suffirait d’appuyer sur un bouton pour que tout le monde soit riche et heureux, ce que seule la malignité des méchants empêche"
Bah voilà. C'est ça Elysium de Neill Blomkamp:
Un film avec de bonnes intentions et un bon concept de départ complètement dénaturé et éclipsé par un manichéisme ridiculement exagéré et porté par des personnages fades et caricaturaux qui n'ont aucune autre profondeur que d'êtres de gros connards qui veulent garder leur jouets pour eux et qui détruisent toute subtilités ou notion de messages pour ne donner qu'un blockbuster bébête qui se donne l'air d'être plus intelligent et prétentieux que la moyenne des films de science-fiction habituels.
ça aurait pu être un film novateur sur la lutte des classes ou sur la xénophobie. Mais au final, tout ce qu'on retient c'est... "Sois gentil, pas méchant. C'est pas gentil d'être méchant, c'est mieux d'être gentil".