Peu importe un scénario privilégiant une certaine naïveté, empilant les quelques clichés permettant de la sauvegarde de la morale, Elysium est un film de Science-fiction qui s’assume pleinement, ne cherchant jamais à divertir autrement que par les actes et la simplicité d’accès. Après l’évènement qu’était District 9, film hautement maîtrisé qui usait de la métaphore, critique acerbe de l’exclusion, de l’inégalité, revoilà le petit protégé sud africain de Peter Jackson, Neill Blomkamp, à la tête d’une production dont le budget à cette fois-ci triplé. Faisant suite donc à une sortie fracassante, dépoussiérant la manière de filmer une hypothétique futur peu amical, voilà que le cinéaste du pays des Springboks revient asséner son coup de buttoir, certes d’une manière nettement moins attractive que sur District 9, malgré la présence au casting des stars planétaires que sont Matt Damon ou Jodie Foster. Si le propose est sensiblement proche, Elysium n’est pourtant pas évolutif, loin de là.
S’il est plaisant, le dernier né de l’écurie Blomkamp est surtout un exercice de style très accessible. Tournons donc un film de SF des années 80 avec les techniques visuelles d’aujourd’hui, avec un confortable budget propre à notre époque. En somme, voilà l’humanité mise au banc par une élite riche s’étant exilée sur une planète artificielle, référence à la célèbre franchise de jeu vidéo Halo d’un point de vue artistique. De ce merdier qu’est devenu la terre, surpeuplée et dominée par l’ethnie latine, pourquoi pas, émerge un héros pour qui l’heure semble avoir sonné. Mourant, voilà que Max, auquel l’on implante des systèmes aussi bien psychique que physique, tente de saborder le système en créant l’accès possible à un monde meilleur, l’invasion d’Elysium. Très classique, oui, même peu surprenant, mais ce qui fait la force du film n’est ici pas son concept, contrairement à District 9, mais sa manière.
Si le final démontre que la quête de chacun est absurde, peu importe. La chute des classes sociales importe peu, la manière, elle, est prédominante. Oui, Neill Blomkamp n’est certes pas, pour le coup, un narrateur de haut vol, mais démontre une réelle et jouissive faculté de technicien créateur de cinéma, rendant une copie visuellement saisissante. Matt Damon retrouve un rôle d’homme d’action qui n’a rien à envier à ce que pouvait démontrer comme qualité Stallone et quelques autres trublions des années révolues. Ici, il s’agit d’un savant mélange entre imaginaire d’un futur aussi technologique et régressif et de codes propres au film pouvant être qualifiée de bourrin. La recette fonctionne parfaitement, à quelques exceptions près, offrant quelques scènes d’anthologie. L’on pourrait accessoirement regretté que Sharlto Copley, l’acteur attitré du réalisateur, en quelques sortes, en fasse des caisses dans la peau d’un personnage au potentiel intéressant qui ne cesse de se tarir.
Indéniablement moins bons que son aîné, District 9, Elysium n’est pourtant pas une déception. Plus classique, plus simple d’accès, le deuxième film de Neill Blomkamp fait dès lors figure de Blockbuster de l’été, en ce qui me concerne. L’inventivité du cinéaste dans le domaine de petits détails en font un homme des plus distrayant, que l’on retrouverait bien pour le coup à la tête de projets tels que le reboot de Mad Max, même si la place est déjà prise. Visuellement magnifique, d’un naturel confondant, Elysium est une œuvre sans doute trop limitée mais qui fait preuve d’énorme qualité, malgré ce que peuvent en dire les détracteurs qui voient encore en Oblivion le messie de la SF actuelle. Excellent mais paradoxalement insuffisant dans bien des domaines. Ne crachons cependant pas sur ce que l’on nous offre en cette période de vache maigre. 16/20