Il y a quatre ans, avec l'aide d'un certain Peter Jackson, le réalisateur sud-africain Neil Blomkamp s'est fait un nom dans le cinéma de genre en signant un film de SF à petit budget (beaucoup trop surestimé à mon goût) : District 9. Grâce au succès inattendu du film, il est vite devenu, à l'instar de Fincher, Tarantino ou Spielberg en leur temps, un nouveau film-maker hype attendu par beaucoup. Ce n'est que quatre années plus tard qu'il revient à la charge avec son second film plus indépendant : non pas au niveau du budget colossal (130 millions de dollars, ce n'est pas rien!), mais avec un scénario écrit seul et sans l'aide d'un Peter Jackson trop occupé à boucler la trilogie du Hobbit. Blomkamp se retrouve donc aux commandes du chantier Elysium, nouveau film de SF à gros budget, à grand renforts de stars bankables (Matt Damon et Jodie Foster, dont l'utilité est de dire trois phrases en français, pas plus !) et basé sur un simple scénario de lutte des classes, thème exploité excellemment par Bong Joon-Ho dans son Snowpiercer. En gros, le film se passe dans en 2154, dans un futur où la Terre, devenu trop pollué est laissé aux pauvres s'organisant en bidonvilles tandis que les riches sont partis vivre dans une station spatiale gravitant autour de la Terre. On pouvait s'attendre au pire, mais Elysium, s'il est très loin d'être parfait, reste l'un des films les plus potables de l'été. En même à côté de Lone Ranger, After Earth ou White House Down, pas difficile de faire mieux. Mais tout de même, Elysium n'est pas un chef d’œuvre. Et pourtant, l'on voulait y croire durant cette première heure plutôt jouissive mêlant quelques beaux plans (notamment ceux sur Elysium qui ressemble à la citadelle du jeu vidéo Mass Effect), une atmosphère poussiéreuse et quelques séquences d'actions vraiment rythmées. Bon, c'est sur, le tout ressemble étrangement à District 9 dont il reprend quelques idées (en gros les mêmes couleurs grisâtres, une mise en scène caméra à l'épaule...). Mais dès que notre héros, qui après avoir subi de nombreux périls, décide de partir sur la fameuse station spatiale (ce qui intervient vingt minutes avant la fin, alors qu'on nous bassinait avec cela dès la bande-annonce), on s'attendait à un final dantesque. Que nenni ! Ce final est mou, les combats filmé comme dans une série B, et l'on ne croit plus à ces personnages-fonctions, quasi-pantins désarticulés caricaturaux (les gentils pauvres et les méchants riches) qui évoluent dans un univers qui ne les correspond pas. Tout ça pour nous amener vers un final en demi-teinte qui nous faire croire que rien n'a changé en 1h45 de film. Ni réussi, ni raté, le deuxième long de Blomkamp confirme l'amer impression que l'on avait eu sur District 9 : un sujet bateau mais fort intéressant opéré en demi-teinte.