Pour Elysium, Neill Blomkamp disposait d'un budget considérable ($100 000 000), suite à son premier succès commercial obtenu quatre ans plus tôt avec District 9. Ça se ressent nettement au niveau des effets spéciaux, impressionnants, ainsi que par le casting, prestigieux (Matt Damon et Jodie Foster). Sharlto Copley, l'acteur boer, joue à merveille le sbire de la ministre de la défense (Foster) cruel et pervers. Le nom de son personnage, Kruger, est d'ailleurs une référence directe à Paul Kruger, politique sud-africain intraitable de la fin du XIXe siècle, lui aussi Boer.
La photo aussi est très belle, avec ce contraste entre une planète Terre marron, poisseuse, aride et poussiéreuse, et un Eden spatial blanc, propre, parsemé d'une belle végétation. Avec au milieu de ces deux univers diamétralement opposés, le bleu de la voûte céleste, très bien rendu.
Elysium se veut être un film de science-fiction, mais c'est là qu'il déçoit d'après moi. Comme le Monthy Python Terry Gilliam, réal du film d'anticipation Brazil (1985) on est en droit d'attendre que la SF "corresponde à l'époque et a une signification" , qu'elle mette en avant les problématiques contemporaines et qu'elle porte une critique sur la situation présente. Elysium a quelque part cette prétention de faire dans la SF intelligente, mais échoue en pointant du doigt la surpopulation, un faux problème d'après la majorité des démographes. J'ai vraiment regretté le malthusianisme du film. Pire, la solution que laisse entrevoir le film est si artificielle (
accorder à tous le droit de vivre sur Elysium
) qu'on se demande si Blomkamp ne sert pas une happy end illusoire à ses spectateurs, dont les plus éveillés saisiront immanquablement le cynisme.
D'un point de vue formel, Elysium use (et abuse?) des effets spéciaux : on en a plein les yeux et les oreilles, quitte à entendre le bruit des missiles et des explosions dans l'espace, abbération physique soigneusement évitée par Kubrick en 1968 avec L'Odyssée de l'espace, mais qui visiblement à encore de beaux jours devant elle. Le rythme du film est soutenu, et les nombreuses scènes d'action, voire de violence, sont dynamisées par une Shaky caméra bien trop nerveuse : l'inconfort visuel prend presque le pas sur le plaisir de l'action.
Au final, la forme et le fond ne convainquent pas complètement, et on a un film moyen. Mais on ne doute pas que le réal Sud-Af fera mieux pour son prochain film, toujours de SF, prévu pour 2015.