Quatre ans auparavant, le réalisateur originaire d'Afrique du Sud, Neill Blomkamp, réussit à se forger sa propre réputation grâce à son seul et unique long-métrage du moment : à savoir « District 9 », une réalisation globalement apprécié par les amateurs du genre suscitant par la même occasion un succès plutôt inattendu. Sa seconde réalisation intitulé « Elysium » (produit en 2013), était alors attendu par beaucoup avec impatience, espérant voir Neill Blomkamp confirmé son potentiel affiché audacieusement quelques années plus tôt. Je vous laisse imaginer la claque qu'ils ont reçu...
Nous sommes en 2154, et le monde se divise en deux catégories de personnes. Il y a d'un côté les très riches qui vivent sur la parfaite station spatial, appelée Elysium et de l'autre les plus démunis, vivant encore sur la Terre, transformé en bidonville et devenu surpeuplés. Max (Matt Damon) un ex-voyou, est irradié dans un accident de travail, l'obligeant alors à commettre des actes de violence dans l’espoir de pouvoir rallier Elysium, seul endroit possible pour s'y faire soigner efficacement. Finalement, il va se retrouver impliquer dans un combat bien plus grand.
Soyons honnête dès le début, à mes yeux « Elysium » est un bide absolu, à classer parmi les plus grande fumisterie de Science-Fiction. En apparence tout d'abord, si la lutte des classes proposé ici partait d'un bon sentiment, elle tombe malheureusement très vite dans le cliché le plus total. Les riches sont très très méchant et égoïstes tandis que les gentils pauvres sont très très pauvre et ne demandent qu'à être soignés... un classique du genre ! Neill Blomkamp essai également de donner un semblant d'humanisme à son film avec ces quelques séquences bateau, nous plongeant dans l'enfance du héros, puis à un amour d'enfance retrouvé par hasard au début du film... là aussi du déjà vu ! En ce qui concerne le visuel, le film reste correct, quoique basique et parfois même peu agréable, notamment pendant les scènes d'action où la caméra souvent trop en mouvement nous offre un résultat flou de l'image
(l’interpellation de Max par des robots et les quelques secondes qui précèdent la scène dans les dix premières minutes du film sont tout simplement vomitive).
Pour la réalisation, les idées nouvelles se font inexistantes, Neil Blomkamp ne prend aucun risque. Il fait par exemple le choix de mettre en avant d'avantage l'humain plutôt que de développer son univers (Elysium), idée intéressante de la part du réalisateur mais très souvent maladroit, accumulant les absurdités malgré lui. Par exemple, Elysium est une station spatial censée être inaccessible pour l'humain venu d'en bas et pourtant, on y rentre comme dans un moulin, la station nous apparaît même être à porté de main
(l'arrivée sans difficulté par exemple de Spider et son équipe sur la station Elysium est affligeante).
Autre problématique majeur, les nombreuses incohérences du film qui dérangent et étrangement, le personnage de Kruger pourtant interprété par l'irréprochable Sharlto Copley, accumule ces incohérences
: des tirs de missiles sol-air impossible filant tout droit dans l'espace en quelques secondes, une résurrection du personnage complètement défiguré grâce à un système de santé ne ressuscitant pourtant pas les morts, implantation à coup de visseuse d'un exosquelette sans effusion de sang et sans anesthésie générale... … et je ne m'attarderais pas d'avantage sur le sujet pour ne pas trop en dévoiler.
Coté casting, Matt Damon ressemble plus que jamais à un poulpe, mais il faut bien reconnaître tout de même que le personnage est correctement interprété, Sharlto Copley est irréprochable malgré une production l'accablant et Jodie Foster dans la peau d'une ministre garce et hautaine ne démérite pas. A l'inverse les rôles secondaires sont plutôt décevant, William Fichtner ne fait qu'une brève apparition, Alice Braga dans le rôle de Frey (l'amour d'enfance de Max) ne suscite aucune émotion chez le spectateur et Wagner Moura (Spider) devrait envisager sérieusement de mettre un terme à sa carrière d'acteur.
Avec un budget avoisinant les 100 millions de dollars (soit 3 fois plus que sa dernière réalisation), Neil Blomkamp déçoit et réalise avec la finesse d'un buldozer une seconde science-fiction qui ne se démarque en rien des autres. Trop classique, absolument pas innovant et surtout peu convainquant, son blockbuster emprunte des chemins sinueux digne des plus grandes supercheries de Science-Fiction. A voir seulement par curiosité.