Elysium c’est donc le nouveau bébé de Neill Blomkamp, le jeune réalisateur sud-africain que nous avait fait découvrir Peter Jackson en produisant son premier long-métrage, qui a marqué les mémoires de beaucoup d’entre nous en 2009: District 9, petite pépite SF venue de nul part. Autant dire qu’après cela, son nouveau film avait de quoi se faire attendre, surtout lorsque son rôle titre est attribué à un acteur aussi confirmé que Matt Damon. Alors qu’en est-il d’Elysium, nouveau film culte de la SF ou ratage en beauté? Finalement aucun des deux, puisqu’on se trouve de toute évidence devant un film maîtrisé, avec d’énormes qualités, mais qui manque bien trop d’ambition pour rester dans les mémoires. Dès l’introduction, Neill Blomkamp montre un aperçu des qualités qui feront la réussite du film: Un univers impitoyable, brutal et glauque, une esthétique et des effets spéciaux très travaillés et soignés (et c’est un point cruellement important pour tout film de SF qui se respecte et qui souhaite acquérir un minimum de crédibilité), et un sens de la narration qui donne au film une grande force émotionnelle se mêlant parfaitement à la beauté visuelle du film. L’immersion est donc immédiate, et l’identification au personnage de Matt Damon, qui livre une prestation à la hauteur de son talent et qui déborde de charisme malgré sa coupe boule de billard, se fait sans concessions. L’histoire du film s’avère d’ailleurs assez passionnante et ne souffre d’aucune longueur, avec une première heure très agréable qui prend le temps de montrer son univers original, et les règles qui le constituent, et de faire monter, petit à petit, la tension dramatique qui nous tient en haleine. Mais passée cette première heure, et au fur et à mesure que l’on approche du climax, le film déçoit, sans pour autant perdre en qualité. En effet, Neill Blomkamp finit par donner l’impression qu’il est sûr de lui, et de ce qu’il fait. En soi c’est une très bonne chose, mais cela joue légèrement en la défaveur du film, qui, dans sa deuxième partie, sombre dans la prévisibilité, tuant légèrement l’énorme tension dramatique mise en place au début et s’enfermant dans un classicisme décevant. Une impression de déjà vue se fait sentir, sans gâcher le plaisir du spectacle, mais en l’atténuant. Et le second défaut majeur du film c’est le manque de profondeur et d’écriture des personnages. En effet, mis à part Matt Damon et Jodie Foster, le reste du casting peine à exister à l’écran, la palme étant remise à l’antagoniste qui est aussi creux et expressif qu’une huître, et dont le niveau de charisme atteint des sommets d’inexistence. Néanmoins, cela est compensé par l’intensité du "combat final", qui est à l’image de l’ambiance général du film, et par la fin, d’une ampleur émotionnelle forte ajoutée à une poésie visuelle enchanteresse. En conclusion: Elysium est donc un très bon film de SF, divertissant, qui propose un univers original brutal et plaisant, et servit par un Matt Damon avec beaucoup d’aisance. Néanmoins il manque de quelques éléments qui auraient pu lui permettre d’inscrire son nom à côté des plus grands, dont un méchant avec plus de charisme, de crédibilité, d’intelligence et de profondeur, et d’un climax plus raccord avec l’immense tension dramatique qui s’installe tout au long du film. Excepté cela, le film reste un pur plaisir visuel, rythmé et maîtrisé par son réalisateur.