Women’s Prison Massacre est signé Mattei-Fragasso, autant dire que ça fait peur de prime abord, d’autant qu’on est dans un genre d’exploitation souvent pourvoyeur de navets ou de nanars : le film de prison de femmes ! On peut avoir d’autant plus peur que la longue scène d’ouverture promet mollesse et ridicule (il faudra la passer pour profiter du film !). En vérité, le métrage est plutôt une bonne surprise. Ok, c’est clairement nanar par plein d’aspects
(le jeu des acteurs très inégal, des situations loufoques style tenir son fusil à pompe comme un pistolet, le manque de moyens criant si bien qu’on a parfois des voix enregistrées pour simuler une foule en hors-champ faute de budget figurant, des costumes douteux, un transport de condamné à mort dans une fourgonnette d’épicier…)
, bref, le film est fait de bric et de broc et ça respire souvent la débrouille. Mais, faut être franc : le métrage remplit son cahier des charges et l’ensemble est plutôt très prenant. Parmi les bonnes surprises, certains acteurs déjà. Les méchants du film sont bien méchants, sans pitié, il y a pas de demi-mesure et le jeu parfois un peu outré des acteurs ajoute encore à leur folie et à leur imprévisibilité. En face d’eux, toutes les actrices ne sont pas mauvaises. Ursula Flores, au look quasi-albinos, livre une prestation convaincante, de même que Lorraine de Selle, tout indiquée dans son rôle avec son visage à la Charlotte Rampling (ou Eva Green suivant les préférences !). Finalement, c’est peut-être Laura Gemser qui déçoit un peu, l’actrice ayant un physique photogénique, c’est sûr, mais s’avérant assez fade et plutôt en retrait. Elle se fait voler la vedette par ses comparses sans trop de difficulté, d’autant que certaines ont droit aux séquences les plus folles du film, comme Maria Romano et une certaine lame de rasoir ! En effet, autre bon point du film, sa radicalité. Ca manque clairement de nos jours. Le film est d’une violence frontale, d’un érotisme poisseux, il dégage une ambiance assurément malsaine malgré son côté nanar qui pourra parfois faire sourire. Sur un rythme solide, Mattei enchaine les moments trash avec une efficacité redoutable, et même si le réalisateur n’est pas un génie, loin de là, faut reconnaître que les courses poursuites, fusillades et autres tortures diverses sont quand même percutantes. Il y a un côté Walter Hill en foutraque et fauché, mais en plus méchant et vicieux. A noter d’ailleurs que si le scénario signé Fragasso n’a rien de mémorable, et est même plein de facilités et de n’importe quoi, sa simplicité permet quand même de donner à l’ensemble une certaine cohérence et une certaine logique, ainsi, on évite la simple succession de scènes chocs dans un esprit racoleur comme souvent dans les films de prison de ce genre. Pour revenir sur l’aspect érotique, il y a pas mal de scènes de nue, mais ça reste soft. En effet, le film étant produit par une marque de lingerie française, la condition était en retour que les actrices portent les dessous de la marque dans le métrage, donc elles sont plus souvent en sous-vêtements que vraiment à poil (il y a quand même du full frontal féminin cela dit)
Je terminerai ma critique par un bon point à la bande son. Synthé en veux-tu, en voilà, typique des BO italiennes de cette époque. C’est hyper répétitif, mais finalement ça ajoute à l’ambiance poisseuse et folle du film, et poussé à fond lors de longues scènes sans dialogue, ça fait quand même son effet.
Pour ma part, sûrement un des meilleurs Mattei (avec Scalps). Plein d’approximations, le film est bien rythmé, violent, trash, radical, et plutôt bien campé. C’est donc efficace malgré ses lacunes, et avec un meilleur artisan aux commandes, ça aurait vraiment pu devenir une série B culte dans le genre grindhouse. 3.