Ce qu’il y’a de si étonnant et en même temps de si réjouissant dans et avec « The Visit », nouveau film de Shyamalan et un bon cru depuis des lustres, c’est cette capacité à produire un piqué droit dans la médiocrité la plus crue avant de remonter la pente et d’offrir… L’un des plus réussi film d’épouvante de l’année et le meilleur film tout court produit par la maison de production de Jason Blum, et il y’a de quoi parier son appart et son compte d’épargne qu’il est d’ores et déjà meilleur qu’un « Ouija 2 » ou qu’un énième « Amityville ». Rien de plus normal : l’homme aux commandes se retrouve tel qu’il l’était lors de la réalisation de ses premières oeuvres, c’est-à-dire avec aussi peu de moyens qu’il doit lui-même mettre la main à son portefeuille pour pouvoir filmer de premières images. Certains continueront de parler de ses piètres unions avec la Paramount et Sony, tant pis, le métier de réalisateur ce n’est pas de rester dans une case, tel un vieux croulant piégé dans un fauteuil ornementé de pierres précieuses sur chaque bras. Et c’est ce que Shyamalan a bien compris : il s’aventure dans une autre manière de créer de l’image, il prend un certain risque pour retrouver une certaine splendeur, ou tout ce que l’ostracisme et son public détestent voir être mis en oeuvre. Concernant le film : on s’aventure au même niveau que les jeunes adolescents pressés par leur volonté de rencontrer leurs grand-parents. Une réalisation avec des caméras emportées, qu’on pourrait penser trop rapide et pas assez fluide, mais c’est bien tout le contraire. Le jeu des angles offre un produit intéressant et en même temps fortement stressant, on est plongé dans l’atmosphère excitante d’une jolie maison de campagne, là ou le danger peut s’interpréter de toutes les manières possibles. Mais ce qu’il y’a d’encore plus appétissant, c’est cette dimension de folie qui se propage tel le feu avec la poudre : de nuit en nuit, d’expérience en expérience, chacun des duos se prépare à un combat final, qui se déroule juste après quelques parties de Yahtzee. Mais (bis) ce qui se représente comme étant le détail le plus fou, dans cette suite de technicités, c’est que cette dernière ne sert pas seulement à l’horreur, mais aussi à une scène à l’émotion bien chargée, une affaire d’interview entre un frère et sa soeur qui se termine dans la violence des mots, qui s’échangent avec dureté et qui ne se terminent pas sans quelques larmes de coulées. C’est un pur et grand délire d’épouvante, aux symboliques savoureuses et subtilement trouvées, comme cette caméra qui s’écrase contre le loquet d’une porte pour survivre à l’agression ou cette autre caméra qui se retrouve être détruite par de la pâte à chou. Shyamalan revient, et ce qu’il a réalisé est purement et simplement du sacré et vrai cinéma, bien loin des mauvais films aux budgets éclatés maquillés en fan-service, idiots et sans âmes. Enfin, il ose s’exprimer pour faire autre chose. Enfin, on ne regrette pas de s’être déplacé pour être aller voir un de ses films. Et, enfin, on est content et fier de défendre l’un de ses derniers films.