Après avoir visité les méandres de son cinéma, qui est d'ailleurs toujours aussi flou, Shyamalan tente de revenir sur l'un de ces sujets de base, à travers le found footage, manière de filmer intéressante mais qui a souvent donné lieu à des immondices. Même après visionnage, le cinéma de ce réalisateur reste mystérieuse.. J'ai tout simplement l'impression qu'il ne sait jamais où est-ce qu'il veut aller mais peu importe, il veut le faire bien. Et c'est exactement ce qu'on ressent après avoir vu The Visit.
Loin d'être son pire film mais tout aussi loin d'être son meilleur, The Visit enchaîne les qualités et les défauts durant tout le long du récit. Pourtant, Shyamalan a compris que le cinéma d’horreur repose sur des enjeux concrets, sur un vrai drame, comme jadis nous l’enseignait William Friedkin dans L’Exorciste. Mais à contrario du Sixième Sens, et plus semblable à Mister Babadook, The Visit échoue significativement dans la création de ses enjeux, par la superficialité de ses personnages, redevenus de vulgaires mécanismes pour cet énième tour de train fantôme. Le facteur émotionnel véhiculé par les deux jeunes acteurs plutôt convaincants, sont incomparables à l'énorme vide du couple de grands-parents assez mystérieux, enchaînant des actes qui, au final, n'auront jamais d'explication. C'est comme si le réalisateur cherchait juste à mettre en scène des actes "parce que mdr ça fait peur" mais sans en expliquer le sens. Cette mécanique rouillée du récit est portée jusqu’à reprendre le twist désormais classique de l’acte final, devenu la marque d’auteur de Shyamalan. Twist plutôt prévisible, bien qu'il accentue la tension dans le film.
Tension d'ailleurs très bien mise en scène sur certains plans malheureusement beaucoup trop courts. Je pense notamment à cette scène du jeu de société qui aurait tellement, mais tellement dû durer plus longtemps pour bien poser l'atmosphère gênante et glauque de la soirée.. Après, tout n'est pas à jeter puis Shyamalan parvient à rendre son film agréable notamment grâce à un cadrage found footaga bien géré et bien expliqué (cette fois ce ne sont pas des abrutis qui filment pour la rigolade, mais une jeune fille qui veut faire un reportage sur ses grands parents qu'elle n'a jamais vu, elle va donc ainsi s’appliquer sur son cadrage) et ça c'est du nouveau ! Mais c'est dommage que ça s'arrête là. Car le reste du film n'est pas très logique, en particulier sur le comportement des enfants vis-à-vis des actions de leurs grands parents, et tout le reste semble tourner en rond jusqu'à l'acte final, bizarrement réussi car très cliché mais qui nous prend malgré cela aux tripes. Vient s'ajouter ensuite une scène assez étrange et une mise en scène d'un générique de fin qui n'aurait pas dû voir le jour. Et là on comprend que Shyamalan ne sait pas où il va.
Film d'épouvante se mélangeant à un drame familial légèrement effleuré dans le film mais qui semble vouloir une place importante, qui s'accentue avec des scènes comiques, ou du moins des expressions étranges et maladroites, bref, on ne sait pas ce qu'on regarde. Mais le résultat est tel que The Visit n'est pas décevant étant donné la filmo de son auteur. Il y a des scènes réussies avec de bonnes idées, des acteurs à fond dans leurs rôles, et l'absence totale de musique accentue la tension dans la maison. Mais ça ne vaut pas un grand retour du réalisateur qui doit réellement se réinventer et savoir exactement ce qu'il cherche à filmer.