Pour partir sur des lieux communs quand on parle de bon film (mais il ne faut pas les oublier) : les acteurs sont tous très bons, même les gosses, ce qui est assez rare pour être souligné. Pas une fausse note au casting, donc. Autre point positif : la réalisation est assez originale et très plaisante. Bon, c’est vrai, c’est pas la première fois qu’on nous sort un film entièrement filmé caméra à l’épaule pour accentuer l’effet de réel (l’exemple le plus connu étant probablement The Blair Witch Project, que j’ai beaucoup aimé aussi mais pour d’autres raisons). Mais avec The Visit, l’effet « caméra amateur » est bien mieux justifié : c’est parce que la fille souhaite réaliser un documentaire sur l’histoire de sa famille que l’on voit tout ce qui se passe à travers l’œil de la caméra. Même si ce choix de réalisation a sûrement en grande partie été fait pour accentuer notre flippation (oui, j’invente des mots), ça ne sent pas pour autant le « j’ai-trouvé-une-excuse-bidon-pour-filmer-caméra-à-l’épaule-et-te-donner-envie-de-gerber », ce qui est déjà un très bon point. Ensuite, je dis « plaisante » car justement, pour un film tourné caméra à l’épaule, on n’est pas tout le temps au bord de la nausée, ce qui est assez appréciable, surtout quand on voit le film sur grand écran et qu’on a le mal de mer. On a même droit, assez souvent, à des plans fixes, lors des interviews par exemple, ou lorsque les gamins ont posé la caméra par terre pour aller vérifier un truc (hors champ bien sûr, c’est plus marrant !). Pour cela, le film mérite déjà un bonus.
Ensuite, The Visit est estampillé « film d’épouvante » et c’est vrai que la bande-annonce nous lance sur cette voie également. Pourtant, même si le film fait par moments bien flipper (je n’avais pas flippé comme ça au ciné depuis un moment), il nous fait également bien rire. Dit comme ça, on s’attend au film fourre-tout, qui oscille entre deux genres, mais pas du tout. Shyamalan surfe parfaitement entre les genres et se joue des attentes du spectateur en dédramatisant les scènes les plus surprenantes. C’est probablement l’un des points les plus positifs du film : The Visit n’est pas le traditionnel film d’épouvante qui te fait sursauter une ou deux fois sur ton siège à grand renfort de jump scare et de mélodies discordantes. Ici, pas de musique extra diégétique. Du coup, la moindre scène un peu dérangeante créée la surprise. Surtout quand la musique intra-diégétique est complètement à l’opposé de ce qu’il se passe dans la scène ! (je pense ici à une scène hyper-stressante pour les enfants et pour le spectateur, sur une musique très enjouée). Du coup, on est délicieusement pris entre le stress et la peur d’un côté, et le rire et le plaisir de l’autre. Autre point positif du film, c’est qu’il parvient très bien à rallier l’ensemble de la salle de cinéma à sa cause. On frémissait et riait aux mêmes moments, chacun parfaitement calibré pour faire vivre au spectateur des montagnes russes émotionnelles. Les sensations et les émotions étant décuplées par la manière de filmer, qui nous plaçait en empathie avec les mômes, mais aussi par les personnages des mômes eux-mêmes, qui nous sont rendus particulièrement attachants.
S’il fallait être tatillon et trouver au film un défaut majeur, ce serait peut-être quelques petites incohérences, et encore, si je dis « petites », c’est qu’elles sont vraiment très petites. Il est vrai qu’une fois qu’on nous a servi le dénouement du film (que je ne dévoilerai pas parce que j’ai personnellement horreeeeeeeuuuuuuur d’être spoilée et qu’il ne faut pas faire à autrui ce qu’on n’aimerait pas qu’on nous fasse), on peut, après trois bons quarts d’heure, se dire « Hé mais au fait, si gniagniagnia, comment ça se fait que gniagniagnia ? » Et là on se dit « Okéééééé, mais peu importe ! Le film était cool et j’ai passé un super moment, que demander de plus ? ». C’est vrai, quand un film présente ne serait-ce qu’une incohérence, j’ai tendance à le jeter aux oubliettes, parce que pour moi, quand ça tient pas debout, n’est niet. Pour autant, les éventuelles incohérences qu’on pourrait trouver dans le film (je l’avoue, ce n’est pas moi qui les ai relevées) me semble assez discutables et ne m’apparaissent pas clairement comme des incohérences à proprement parler. Maaaaiiiis il faut tenter d’être un maximum objectif et pour ce faire, je ne peux pas émettre un point de vue sur un film sans souligner un ou deux points discutables. Néanmoins, The Visit reste un film agréablement surprenant.