The Visit du tristement célèbre et mal aimé : Manoj Night Shyamalan.
Bon avant tout, deux choses : la première, bien que je déteste certains de ses films, je n’ai pas suivi son parcours au cinéma avant récemment. Quelque part c’est quand même drôle de voir quelle histoire il a eu avec le cinéma. Il n’a pas commencé de suite avec Sixième Sens, il a fait deux films avant (pas encore vu), mais pourtant, c’est quand même de ces films qu’on a en tête quand on parle de chef d’œuvre et de référence pour les films à Twist ending, mais pourtant ce procédé n’était pas nouveau et avait déjà été utilisé dans des œuvres comme La Planète des Singes de Schaffner ou Le suiveur de Christopher Nolan, Shyamalan l’a popularisé et en a fait sa marque de fabrique un petit moment.
Ensuite, la deuxième, là ce n’est que mon ressenti personnel : je ne détestais pas Shyamalan pour autant vu que je n’ai pas suivi son parcours au fil des années, même si ça me fait bien chier de voir ou il en est maintenant et que je commence vraiment à en avoir ma claque maintenant. Pour ce qui est de ses autres films, j’ai beaucoup aimé Incassable, j’adore Le Village et j’ai une énorme haine envers Signes.
Phénomènes m’a paru regardable, pas spécialement bon parce que Marky Mark mais regardable. Je n’ai pas accroché à La Jeune Fille de l’eau, After Earth n’avait pas plus d’intérêt que ça et je préfère ne rien dire pour Le Dernier maître de l’air.
Donc voilà, à l’exception du Village (et peut être aussi de Phénomènes) mon avis est globalement semblable à celui du public. Je ne lui reproche pas la lenteur de sa mise en scène, mais le fait qu’il soit devenu brouillon avec sa réalisation, qu’il n’arrive plus à mélanger le sérieux de ses films avec le ridicule qui se veut assumé mais fait très souvent tâche et que ses scénarios ont perdu en qualité au fil des films à tel point qu’il a été embauché pour des films de commandes comme Le Dernier maître de l’air, et After Earth (la faute revenait plus à Will Smith qui voulait faire révéler son fils au public mais ça a loupé).
Depuis, 2 ans ont passé et en sachant qu’il comptait faire un petit film plus indépendant, j’ai voulu lui redonner une dernière chance. Et le fait que ça soit en found-footage ne m’inquiétait pas tant que ça il y a quelques mois puisque j’évite les BA en général sauf exception… mais finalement j’ai vu la bande-annonce, et ça m’a refroidi. Même en voyant que les américains l’appréciaient plutôt bien et qu’il avait un accueil plutôt bon chez nous, j’étais du genre à me fier à l’apparence du paquet cadeau au lieu de vouloir jeter un œil à ce qu’il renfermait même si le projet était indépendant et bien à lui ce coup-ci. Mais bon, je me suis dit (encore une fois, comme un crétin) qu’une bonne surprise peut toujours arriver et puis au moins, je serais fixé une bonne fois pour toute sur le cinéma de Shyamalan.
Finalement je l’ai vu en salle… bonne nouvelle, je suis bel et bien fixé sur mon avis, mais la mauvaise : Manoj Night Shyamalan ne sait plus faire du bon cinéma, c’est triste à dire d’un mec qui m’avait quand même profondément séduit à deux reprises. Seulement là, tout ce que l’on peut reprocher aux derniers films de Shyamalan est présent. Mon introduction est déjà assez longue donc passons tout de suite aux acteurs.
A l’exception de Kathryn Hahn pour un petit rôle dans Tomorrowland, je ne connais aucun des acteurs du film, et encore moins les acteurs enfants que sont Olivia DeJonge et Ed Oxenbould, et depuis Signes on peut être sur que Shyamalan et les acteurs enfants c’est tout sauf une histoire de qualité tant la plupart des acteurs enfants avaient pour principal problème d’être inexpressif, mauvais ou mal dirigé. Ici le problème est inversé et le fait de jouer deux gamins bien débile ne va pas aider. Non seulement DeJonge et Oxenbould basculent entre le surjeu pour l’une et la perte de repère pour l’autre, mais quand tu dois jouer une fillette qui attend trois jours pour comprendre que quelque chose ne va pas chez papi et mamie pendant que l’autre se contente de jouer un cliché de gosse vulgaire avec des réactions à vives, ça n'arrange pas grand chose.
Et pour ne pas aider c’est lui que Shyamalan a décidé de prendre comme comique de service pour mélanger humour et épouvante de ce found-footage. L'idée n'était pas bonne, mais j'en reparlerais plus bas.
Mais en gros, n’attendez rien des deux acteurs enfants, dirigés comme ils l’ont été en sachant que DeJonge a été choisi juste après avoir envoyé une vidéo individuelle en une seule audition (Shyamalan lui a fait repasser une seconde audition après mais quand même), ça sentait déjà pas très bon.
Pour les grands-parents paranormaux, là aussi je peux difficilement dire du bien pour le jeu de Peter McRobbie (vu dans un petit rôle dans Lincoln) et Deanna Dunagan. Déjà parce que Dunagan cabotine terriblement,
la première scène d’interview entre elle et Rebecca le démontre très clairement dans son court pétage de câble ou on a l’impression qu’elle ne sait pas comment réagir,
sans compter qu’au final elle devient très plate et vide de personnalité, et ça aussi c’est un autre problème récurrent dans les derniers films de Shyamalan. Quant à Peter McRobbie, il est à peine convaincant lui aussi, voire même très mal à l’aise
quand on sait ce qu’il joue en fin de film,
non sincèrement j’arrive pas. Quant à Kathryn Hahn, on la voit trop peu pour que l’on puisse réellement la juger, elle fait juste le travail mais sans plus. Donc au final, difficile de sauver quoique ce soit dans ce casting quand on voit à quel point les gamins sont lourds et cliché et que niveau direction d’acteur, ça n’assure pas plus que ça.
Je ne parlerais pas de musique cette fois-ci puisque, James Newton Howard, compositeur habituelle de Shyamalan n’a tout simplement pas participé à ce film, sauf pour un morceau au piano très anecdotique. Bon… après tout pourquoi pas, ce parti pris pour un found-footage est logique si la mise en scène est bien fichue et rend l’ensemble réaliste. Sauf que ce n’est pas le cas. Mais avant tout, je dois dire que je suis loin d’être fan du found-footage, même dans les bons films comme Cloverfield ou Chronicles ce style m’accrochait pas plus que ça, c’est pas ici que ça va changer. Par moment on se demande même si Shyamalan sait vraiment ce qu’il fait,
l’exemple le plus consternant étant le zoom de la caméra amateur de Tyler sur Rebecca, au moment ou elle se fait interviewer sur la fugue de leur père, qui part complètement de travers sur la droite sur le fond du décor en extérieur. Quel est l’intérêt ? Sincèrement ? Même dans le concept du found-footage c’est incohérent, un amateur avec une caméra sait en principe faire un zoom correcte sur un objectif, alors pourquoi faire ça de travers ici ?
. Pour ce qui est du reste, ça déjà été fait plusieurs fois dans d’autres films du genre, mais en mieux avec bien plus de recherche, y compris dans les deux films que j’ai cité un peu plus haut. Shyamalan se contente ici de plan fixe ou d’alterner entre les caméras de Rebecca et de Tyler. Et le fait que Shyamalan ajoute de nombreux jumpscares dispensable et qui se sentent à des kilomètres n’aident pas à entrer dans le délire. Non parce que
filmer le salon avec une caméra amateur ou la mamie passe pour se cogner la tête, faire un tour de la pièce, disparaître du cadre et réapparaître pour faire sursauter le spectateur, ça faisait peut être peur auparavant, maintenant on est en 2015 et ça fait plus rire qu’autre chose tant c’est prévisible (tout le monde riait pendant la séance dans la salle à pratiquement chaque jumpscares).
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Ce qui m’amène finalement à devoir critiquer la dernière qui est (encore une fois) l’élément le plus mal fait d’un (mauvais) film de Shyamalan, le scénario. Et autant que je dise le fond de ma pensée de suite : ce mec ne sait plus raconter une histoire sans mélanger n’importe comment le sérieux, ainsi que le ridicule du récit. Dans ses premiers films, on avait vu que Shyamalan, en plus de faire preuve de beaucoup de sérieux avec ses scénarios (à l’époque ou il savait les écrire), avait tendance à ajouter un brin d’humour et de ridicule à petite dose. Quand ça arrivait comme il faut (du style, dans Le Village : Noah qui se cache de manière voyante quand sa sœur souffrant de cécité passe devant lui dans la maison) ça faisait sourire et ça posait aucun souci. Mais à partir de Signes, entre les chapeaux débiles du film sur les extra-terrestres et le livre sur les Aliens, ça a vite tourné au vinaigre.
Et ce problème est encore une fois présent ici, parce que Shyamalan fout des éléments qui non seulement ne font pas rire tant ils sont hors-propos. Mais en plus, ça sert surtout de remplissage et ça n’apporte rien à l’ensemble si ce n’est qu’une excuse pour combler une heure et demi de film :
entre la rencontre du contrôleur de ticket qui se tente au cinéma amateur et rap avec Tyler pour tuer le temps, un visiteur chez les grands-parents qui tente à son tour de faire de la comédie, si ça devait apporter de la personnalité aux gosses je ne serais pas contre mais ce n’est même pas le cas.
Les personnages n’ont aucun développement et vu que Tyler est un cliché de jeunot qui se la joue kaïra et rappeur improvisé en rime, ça ne rend pas le visionnage plus agréable, au contraire.
Et ce n’est pas les expositions qui vont aider à s’attacher aux personnages puisque, autre souci du mec, c’est qu’il n’arrive plus à donner des réels émotions à ses personnages (quoique, les enfants sont pas inexpressif comme dans Signes au moins).
Même lorsque Tyler et Rebecca sont devant leur caméra et parlent de leur père qui les a abandonné en quittant leur mère, ce n’est que de l’exposition sans jamais réellement se centrer sur leur ressenti, sauf celui de Rebecca à la scène juste après ou on la voit pleurer mais un seul passage, c’est loin de suffire.
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Et c’est pareil pour les grands-parents, on les voit agir par moment mais à part leurs réactions bizarre et un gag scatophile très malvenu de la part du grand-père, y’a rien pour s’y intéresser, ils sont plus bancals qu’autre chose.
Et au final, pourquoi est-ce qu’on devrait éprouvé de l’émotion avec mamie quand elle avoue pardonner à sa fille Loretta si on ne s’appuie pas sur les ressentis de Doris ?
Et malheureusement, l’élément le plus gâché et qui foire carrément toute la vision qu’on ait du film selon moi,
c’est son Twist. Parce que oui, il y a un Twist dans ce film, aussi con que dans Signes ? Je suis pas sur mais on est pas loin : Au début de la dernière demi-heure, Rebecca et Tyler montre leur grands-parents à leur mère via la webcam de leur ordinateur, et quelques secondes après, Loretta leur avoue que : ce ne sont pas ses parents et on apprend aussi par la suite que ce sont des handicapés sortis d’un asile psychiatrique… oui, c’est déjà difficile de croire qu’elle ait réussi à les dévisager en quelques secondes à travers une fenêtre. Mais surtout, ce Twist devient très vite complètement con! Sérieusement, Loretta n’a jamais pensé à décrire ses parents physiquement auprès de ses enfants ??? Je sais qu’elle les a plus vu depuis un moment mais elle a bien des souvenirs et ses bambins n’ont pas 3 ou 4 ans non plus, elle n’a jamais pensé à leur parler d’eux et de comment ils étaient ??? Et surtout, pourquoi il n’y a pas eu de responsable à leur recherche dans les environs nom de dieu ??? Des fuyards d’un hôpital psychiatrique, ça n’a pas pu passer inaperçu non plus, surtout à quel point ils paraissent psychopathe enfin de film nom de dieu ???
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Pour le reste, je vais relativement brève et clair : les gamins sont des abrutis finis, dés le deuxième jour ils auraient dû prendre la poudre d’escampette en voyant que leur grand père s'en prend à des gens au hasard dans la rue et qu’il déposait ses couches tâché de merde dans la grande, et que leur grand-mère se baladait à poil la nuit en état secondaire.
Mais aussi de jour !
Et pour finir, l’humour que Shyamalan veut faire passer devient très souvent insupportable et lourdingue avec cette tête à claque de Tyler
qui ne trouve rien de mieux que de remplacer par moment ses injures par des noms de stars, imiter sa grand-mère la nuit dernière dans la neige alors qu’il a flippé comme rarement la veille ou encore conclure le film avec un rap improvisé sur son vécu. Le fait que Loretta surexploite l’excuse qu’ils sont vieux n’aide pas non plus.
En gros, pour conclure : The Visit est non seulement un énorme échec, mais aussi une énième tentative désespéré de la part de Shyamalan de regagner sa fanbase. Aucune maîtrise dans les moments à tension et les moments qui se veulent drôle, personnages très mal conçu, retournement raté et incohérent sans oublier un paquet d’idioties. Je ne le conseil sincèrement pas, quoiqu’il en soit, Shyamalan, j’en ais ras les cookies personnellement.