M. Night Shyamalan ! Il fallait bien que je critique un de ses films. Je voulais critiquer Incassable en premier (car c'est le film que je préfère du réal), mais les circonstances m'ont amené à critiquer celui-ci avant. Bon tout d'abord, j'aime le réalisateur. Ce n'est pas mon réalisateur préféré mais il est sans conteste en haut du panier. Cela vient surement du fait que je n'ai pas vraiment regardé les 4 derniers films qui l'ont tué au propre comme au figuré (à savoir, la Jeune Fille de L'Eau, Phénomène, le Dernier Maître de l'Air et After Earth. Bon j'exagère un peu car j'ai commencé à voir le dernier maître de l'Air mais j'ai laissé tomber au bout de 2 scènes). Ici, il revient avec The Visit qui est un film entièrement de lui. Résultat des courses ? Et bien le moins que je puisse dire est qu'il s'agit du film le plus risqué de sa carrière
Oui ce film est le plus risqué. Car d'une part, il est réalisateur et scénariste et d'autres parts, il est porté par des inconnus du grand public. Mais on y reviendra. Mais qu'en est-il de la réalisation ? Et bien, c'est du Shyamalan, mais pas totalement. La construction est typique de sa réalisation, à savoir perdre le spectateur dans les méandre du flou. Seulement, il y a quand même une chose qui diffère. Cette fois, il prend le parti d'une réalisation en found-footage une pratique plus qu'à la mode. La "vraie" caméra n'intervient que très peu dans le film, car pour le reste, on nous fait croire qu'il s'agit d'un point de vue de 2 caméras indépendantes. L'ambiance et le cadre sont campagnardes sans pour autant être reculés. Et pour ce qu'il y ait de l'horreur, j'ai frôlé la crise cardiaque 3 fois ! Il est vrai qu'on voit des jump-scares mais ils ne sont pas utilisés à outrances et que le cadre est suffisamment bien mis pour qu'on puisse nous surprendre. J'aime aussi cette ambiance "journal de bord". En effet, toute l'histoire se déroule sur une semaine passée chez les grands-parents des 2 enfants, on y vient. Cela dit, ça commence à devenir redondant de film en film cette année. Je ne sais pas combien de film il y a cette aspect "journal de bord". Il n'y a guère que les blockbusters qui ne sont pas (encore) touchés. Cela dit la force du film réside sur les personnages et la narration.
Tout d'abord, faisons un point sur le premier pari. Les acteurs sont tous inconnus du grand public. La mère (Kathryn Hahn) pour ceux qui sont physionomistes a incarné Ursula, personnage secondaire de Tomorrowland.
Il s'agit d'une mère qui veut envoyer ses enfants chez leur grands-parents pour la semaine. On a en elle l'archétype de la mère de famille dont le mari à laisser tomber ses enfants. Bref, on est en terrain connu quelque part. Elle intervient peu dans le film mais on sent qu'elle veut les laisser pour s'occuper un peu d'elle-même à ses parents. Cela dit, elle ne les laisse pas tomber ses enfants quand viendra le "problème".
Rebecca (ou Becca comme le film l'indique) et Tyler sont les 2 héros du film (Olivia DeJonge et Ed Oxenbould). Rebecca est la cinéaste en herbe qui veut filmer pour le plaisir et Tyler le Eminem en culotte courte (et aussi le comic relief du film). Ils sont sympathiques et veulent seulement passer un bon moment en famille tout en faisant leur film. Ils cachent aussi une douleur concernant leur père qui a disparu (surtout Becca). Et quand viendra le danger, ils feront de leur mieux pour se défendre et rester en vie surtout. Les acteurs s'en sortent plutôt bien je trouve (sauf Tyler durant le 3e acte).
Les grands-parents (Peter McRobbie et Deanna Dunagan) sont aussi sympathiques qu'effrayants. Ils cachent tous 2 un lourd secret et les actions se révéleront de plus en plus étranges et bizarres (surtout la grand-mère qui est atteinte de Syndrome Nocturne tous les 21 h 30). Et je suis désolé mais je vais spoiler.
On apprend en faite que les grands-parents présentés ne sont pas leurs vrais grands-parents mais des inconnus qui ont tué leur grands-parents. A partir de là, toutes nos certitudes s'effondrent et ils en demeurent que plus mystérieux et paradoxalement fascinent. Cela dit la révélation a en contre-partie casser la dynamique car le film les traitent comme s'ils étaient des antagonistes alors qu'ils étaient plus subtiles au début et effrayants.
Quant aux autres personnages du film, pas vraiment d'intérêt notable.
Shyamalan, avec ce film, renoue avec une narration dont il est familier : les films à twist ending. Au niveau de la narration, l'histoire est bien racontée. Seulement voilà, elle demeure tout de même classique dans sa forme et son fond. le film est grosso - modo une histoire de 2 chaperons - rouges des temps modernes, qui vont faire un film dans la maison de leur grands-parents, tout en perçant le mystère les concernant. Le récit est assez intrigant et ponctué d'humour enfantin mais qui a son petit effet. Et quand vient la nuit, l'ambiance horrifique se met en place et le réalisateur essaye de faire en sorte de brouiller les pistes afin qu'on ne sache pas si les frayeurs viennent des enfants ou sont réelles. Le hic, c'est qu'une fois le premier twist à l'histoire est passé, le ton change complètement et devient plus un thriller horrifique où tout devient un peu précipité et téléphoné.
Comme le cliché de la police qui arrive au moment où tout est terminé
Cela dit, le 2e Twist à l'histoire est un mécanisme de narration que je n'arrête pas de voir, mais que pour une fois est employée à bon escient.
En effet, comme c'est un film on apprend que tout le film est un flash-back, encadrer par l'interview de la mère sur ce qui s'est passé entre elle et ses grands-parents; elle et eux se sont séparés en de très mauvais termes et qu'au fond, elle n'a jamais pu réellement se réconcilier avec eux.
Il s'agit d'un twist à la fois courageux et triste. En visionnant le film, j'ai eu l'impression que tout n'était qu'une succession de paris de la part du réalisateur, qui est devenu au fur et à mesure mal aimé et qui a opéré un retour au source. Et je pense que sans me tromper, il a réussi son paris (il m'a fait 3 crises cardiaques !
Bref, ce film est un très bon thriller d'horreur. Et le réalisateur a réussi le pari, même si tout n'était que risque. Cela dit, l'histoire en elle-même est sans grandes surprises, les enjeux déjà vus et le film tombe assez rapidement dans la facilité vers la fin. Malgré tout, il donne de très bonnes sueurs froides et de bonnes frayeurs bien comme il faut. En clair, pas le retour par la grande porte pour le réal préféré de Michael J des Voxmakers, mais un retour sympathiquement risqué; même si au final, cela a payé.