Encore un film qui s’ajoute à la liste des « injustement oubliés ». À se demander même si quelques centaines de personnes connaissent l’existence de L’Oiseau, troisième long-métrage de son réalisateur Yves Caumon. Pourtant, cette œuvre est imprégnée d’un certain charme, que l’on peut bien évidemment attribuer essentiellement à Sandrine Kiberlain, l’actrice principale. Celle-ci réussit d’ailleurs là où Karin Viard avait lamentablement échoué dans Parlez-moi de vous – lui aussi sorti au mois de janvier cette année – et parvient à interpréter brillamment une femme qui ne porte pas (plus ?) les relations humaines en grande estime. Par ailleurs, seul l’oiseau qui se glisse dans l’appartement de cette dernière parviendra à éveiller en elle une certaine attache, voire même un brin de fascination. Le fait est qu’Anne traine derrière elle un tragique passé et préfère vivre avec ses fantômes plutôt que se lancer de nouveau à corps perdu dans une histoire d’amour, chose en laquelle elle ne croit plus. Cette dernière se retrouve donc à errer machinalement, vide, entre son boulot et son appartement. Peu de pathos, beaucoup de mélancolie. L’Oiseau est indéniablement une très belle œuvre, qui ne saurait quoi faire de la banalité et préfère amplement se lancer dans une histoire atypique et pourtant plutôt simple. Certes, certains mouvements de caméra sont parfois douteux mais l’essentiel est là et le réalisateur parvient tout de même à faire passer son message de liberté. Par ailleurs, on pourra retenir de L’Oiseau une multitude de plans réussis qui accentue la bonne dose de poésie déjà présente. Ainsi, la sortie on ne peut plus discrète du long-métrage aura presque failli me passer à côté, ce qui aurait été dommage en vue de toutes les choses qu’il a à partager. Cette approche noire de la vie qui ne demande qu’à s’égayer un peu chez cette protagoniste, forcée à repousser la moindre avance plus ou moins violemment, et à se perdre dans ses souvenirs, tout en conservant l’image du nouvel arrivant. Ce fameux oiseau, on ne le voit pas si souvent que ça et pourtant, s’il a une influence telle qu’il occupe le titre du film, ce n’est pas si anodin que ça. Au contraire, la morne vie de la jeune femme risque bien de se métamorphoser, à la vue de cette capacité qu’a l’étrange créature à s’adapter à n’importe quelles conditions de vie. Il est temps d’oublier le mal qui a été fait. En conclusion, L’Oiseau est une œuvre d’une grande beauté, sur le fond comme sur la forme. Bien que la monotonie du quotidien d’Anne occupe la majeure partie des images, à aucun moment elle ne déborde de l’écran et offre même un spectacle émouvant et séduisant.