Le saviez-vous ? La série Equalizer a duré quatre saisons (sans salade, merci) entre ’85 et ’89. Rien d’étonnant si vous ne la connaissez pas, puisque M6 ne l’importe qu’en ’91, pour une diffusion tard le mercredi soir. Outre-Atlantique, c’est en revanche un succès certain, spécialement grâce à son personnage phare Robert McCall, un justicier pas tout jeune mais dont l’interprète, Edward Woodward, aura droit non seulement à un Golden globe, mais aussi à servir de modèle à l’Englishman in New-York de Sting. On comprend mieux l’idée d’une adaptation. Deux hommes en particulier sont convoqués : Denzel Washington, rompu aux thrillers d’action et dans la fine fleur de l’âge ; et celui dont le Training day lui vaudra l’Oscar rêvé, Antoine Fuqua, cinéaste de commande pour tout dire très inégal. L’histoire est une énième variante sur le thème du héros discret, qui sauve ses comparses dans l’anonymat, quitte à user d’une certaine brutalité s’il l’estime nécessaire. Le film suit le concept en tentant de le moderniser – un ex-agent d’on ne sait trop quoi, expert en maniement d’armes et en combats de rue, dresseur de plans chronométrés, littéralement, qui pour extraire une ado de la prostitution n’hésite pas à réduire en cendres une mafia russe entière. Les années ’80 ne sont jamais loin. La police est soit corrompue, soit transparente, et les quidams ne peuvent s’en remettre qu’à ce messie infaillible, austère mais profondément bon, pour survivre au milieu des méchants médiocres irrécupérables. L’intrigue louvoie entre sérieux grotesque et second degré dû aux énormités, et on se dit que Luc Besson et ses potes d’Europa corp auraient très bien pu en hériter. On l’a peut-être échappé belle, au fond.