"Equalizer" commence sur une citation de Mark Twain, totalement vraie et qui va caractériser le personnage principal incarné par Denzel Washington. Autrement dit, la plus grande attention est requise dès le début du film, y compris lors des petites histoires que Robert raconte à Teri. La première fois que j’avais vu ce film, j’étais plus ou moins passé à côté de ce genre de détail. Et pourtant, ils sont d’une importance capitale. Voilà en quoi ce film d’action se démarque des films du même genre. Certes on peut dire que "Equalizer" se résume encore à un ancien agent de la CIA voler au secours de la population en tuant les tortionnaires. Un film de pure conception américaine somme toute. Mais je dis sans trop m’avancer qu’Antoine Fuqua a voulu quelque chose de plus abouti et de plus pointu, et il y a réussi. En regard de la bande annonce, on peut s’attendre à beaucoup d’action mais le début est plutôt calme et présente plutôt bien les personnages. On découvre un homme vivant seul, posé et méthodique, quasi-maniaque. Face à lui, une prostituée désœuvrée incarnée par une charmante Chloë Grace Moretz dont le joli petit minois dans le film rappelle celui de Natalya Rudakova dans "Le transporteur III", les tâches de rousseur en moins. Ah ben oui, "Equalizer" lorgne un peu du côté du film d’Olivier Megaton, le transport en moins. Face à cette mafia russe, Denzel Washington est très charismatique, mais on l’a vu mieux, tout du moins plus à son aise dans d’autres productions. On s’étonne même de le voir plonger dans ce genre de film, comme avant lui Tom Cruise à son époque, ou Liam Neeson. Ces acteurs vieillissants ont-ils des choses à prouver en essayant de garder une certaine jeunesse qui leur échappe ? L’avantage de ce virage est qu’ils arrivent encore à nous surprendre, tout comme Denzel Washington qui nous épate de sa vitesse d'exécution malgré ses (déjà) 60 ans. Pour autant, on le sent totalement dedans dans son face à face avec Marton Csokas, lui qui interprète ce Teddy alias Nicolaï de façon plus que convaincante. La détermination de ce dernier fait froid dans le dos. Cela dit, on note quelques longueurs ici et là, notamment lors des plans sur le regard de Robert, sensés représenter le calme avant la tempête et par la même occasion l’étude de la situation. Ces longueurs ont l’avantage d’offrir de superbes photographies. La mouture générale est pourtant convenue, on devine très vite la suite des événements jusqu’à la fin. Il n’en reste pas moins que sur une bande son soignée et une bande originale qui épouse parfaitement le scénario, le tout est efficace et nous offre quelques menues surprises ici et là
, comme le duo de flics pris à parti par Robert qui ne manque pas de le sermonner et en le menaçant de dénonciation s’il ne rendait pas le fruit du racket organisé, ou encore lors de la quête de la tête du serpent
. Une question reste en suspens, entêtante : qui est ce monsieur Robert ?