On nous présente Vigalondo comme un fan de rock'n'roll et la genèse du projet comme parti d'un délire de festivalier. Et effectivement, le film ne dépasse jamais le stade de la simple bonne idée qui aurait pu, au mieux, faire un efficace court-métrage. Tourné avec un micro-budget, une équipe hyper réduite et en un laps de temps record -3 semaines tout compris, Extraterrestre est une sorte de huis-clos, ce qui, lorsque le sujet n'est pas très fort, peut vite faire l'effet d'un cache-misère.
Un homme et une femme, jeunes et fringants, se réveillent d'une longue soirée, gueule de bois de traviole. L'un et l'autre ignorent si ils ont couché ensemble, et mettent même un certain temps à se rendre compte que durant leur convalescence post-festive -Very Bad Trip spirit?- les extraterrestres ont débarqué et que l'état de siège est déclaré. Ce qui aurait pu se transformer en exploration d'un monde qui part en vrille dans un cadre autre que celui du para-militarisme ricain de base ne tient malheureusement aucune de ses promesses. L'idée principale du film est de l'ordre du marivaudage, car, en sus des deux intéressés déjà évoqués, les seuls autres personnages présents sont le petit copain de la belle Julia et le voisin asocial à peu près secrètement amoureux de celle-ci. On multiplie alors les gags éculés -genre nommer l'amant d'un soir Julio, et les qui proquo qui sentent le réchauffé. L'aspect science-fictionnel est totalement délaissé et ne sert que de vague fond d'écran pour des situations autrement plus banales. Ce qui est d'autant plus dommage que l'écriture n'est pas au diapason, et qu'on a l'impression d'assister, bien souvent, à une relecture fauchée de l'humour anglo-saxon de base genre A Very Bad Trip ou Paul.
Une autre piste qui eût été intéressante, à la manière de toute une littérature de science-fiction, tel Ravage de Barjavel, aurait été celle de la découverte progressive de l'invasion, au compte-goutte. Malheureusement, cette découverte se limite ici à un croquis sur un tableau blanc et à une pauvre diffusion télé en forme de running gag. Pour masquer la tromperie, Julio tente bien de jouer sur la fibre paranoïaque que peut susciter l'invasion alien: sont-ils infiltré parmi nous? Le voisin ne devrait-il pas être excommunié, ce traître? Là encore, si l'idée est louable, et si les conjonctures et autres spéculations sont foison dans le domaine de la SF, on déplore un manque de crédibilité totale, tant les arguments sont aisément démontables et peu rigoureux dans leur logique interne. Être parano, ce n'est pourtant pas, bien au contraire, faire preuve d'illogisme, mais bel et bien d'assoir logiquement un postulat hasardeux...
Film-détente après une première salve de films sociaux tous également cafardeux, Extraterrestre ne tient que peu ses promesses. Là où le mélange de SF et de comédie pouvait s'avérer payante sur le papier, de par une écriture paresseuse et un sens de la vanne un peu limité, dans la pratique, on a du mal à adhérer à cette histoire rocambolesque.